113. Chronique d'une vie montagnarde, épisode 1

Jour 1 (ne me demandez pas la date ni le jour, j'ai perdu la notion du temps)
Après 3 jours à Mae Sai, il était temps de plier les gaules pour l’étape suivante : Mae Salong, petit village chinois perché sur la montagne, toujours dans la province de Chiang Rai.
La description du Lonely Planet m'a plu, j'ai donc décidé d'y aller. C'est aussi simple.
Le village a été fondé dans les années 50 par des soldats chinois du Kuomintang(pas communistes, quoi) (je précise pour ceux dont le niveau d'ignorance approche le mien) après la révolution communiste. Ils se sont d'abord réfugiés en Birmanie, puis dans la plus hospitalière Thaïlande quand les Birmans n'ont plus voulu d'eux. Au début, ils ont fait fortune avec la culture du pavot, mais le gouvernement thaï a fini par dire stop, allant même, pour marquer le tournant, jusqu'à changer symboliquement le nom du village, qui s'appelle maintenant "Santikhiri" (comme la vache, sauf que ça veut dire "colline sacrée". La culture du thé, du maïs et des petits fruits remplace dorénavant celle des gentils coquelicots. Du coup, cette tranquille petite bourgade pullule de manufactures et magasins de thé
qui proposent également un large assortiment de fruits secs.
marché aux thés
Heureusement que je ne raffole pas du thé : je n'ai pas été tentée de bourrer encore plus mon sac à dos déjà bien assez plein de robes comme ça...
Dans le pick up (ou « sorng taa ou », si vous préférez) qui nous menait à destination (après une première étape en bus) sur une route sinueuse, outre deux Hollandais en état d’ébriété (seulement 15h, et ils n'ont pas pu tenir l'heure de trajet sans une pause bière), j'ai fait connaissance avec un Thaï et un Malaisien en voyage d'affaires. Ils sont dans l'exportation de café thaï, lao et vietnamien en Malaisie, si j'ai bien compris. Nous nous sommes pris la saucée du siècle...
… et nous sommes réjouis d'avoir un pick-up doté d'un toit, contrairement à celui-ci, que nous avons narquoisement dépassé.. Entre 2 gouttes de l’épaisse pluie, dans le flou artistique, vous pouvez deviner les autochtones encapuchonnés et dégoulinants.
Ce n’était qu'un avant-goût de ce qui nous attendait là-haut pour les jours suivants.
J'ai passe une soirée atypique, mais intéressante. J'ai partagé la pitance de George et Abu, les hommes d'affaire sus-cités. J'ai bu pour la première fois du vin depuis le début de mon voyage (plus d'un mois!). Une piquette d'Afrique du Sud. Ça change de la Chang, de la Singha et de la Leo, les 3 bières locales aux noms d'animaux (éléphant, lion et léopard. Trop mimi).
On a fini la soirée au... karaoké. Pas le style de «karaoke-massage » que l'on trouve dans les grandes villes, je vous rassure....
Non... là, c’était ambiance familiale. Quelques ados désœuvrés, des enfants de la famille pas encore au lit, un chien, quelques chats, et c'est tout.
hier steppt der Baer (ne comprendront que les germanophones). Ambiance de folie, si vous préférez.
J'ai poussé la chansonnette une fois parce que tout le monde insistait et qu'on m'a fourré le micro dans les mains. Eh bien je n'ai même pas été plus ridicule qu'autre chose alors que je ne connaissais même pas la mélodie et ne comprenais strictement rien aux paroles (à part le mot « djai » -cœur- a la fin de chaque phrase), la moitié des chansons étant en thaï, l'autre en chinois, avec la transcription en lettres latines en dessous quand on avait de la chance.
Ici, tout le monde chante comme une casserole et assume pleinement.
S'il n'y avait que la voix... Soyez heureux que la musique thaï ne s'exporte pas. C'est sirupeux a souhait, et toutes les chansons se ressemblent. Ça a son charme... mais sur place uniquement, et encore. Si vous voulez savoir ce dont on nous matraque les oreilles (je l'entends sans exagérer une dizaine de fois par jour), écoutez-moi ça :
http://www.youtube.com/watch?v=0q1UBc32RwE
C'est le hit du gagnant de la « superstar » thaï, si j'ai bien compris... Plus vif et moins larmoyant que les chansons thaïs typiques, mais de là à dire que c'est mieux...
J’espère que c'est la bonne chanson car je n'ai toujours pas le son sur ce p*** d'ordi.
A propos, si quelqu'un s'y connaît un peu et peut me donner le lien pour télécharger le son pour Aspire one ZG5 avec Windows XP (et non pas Vista... c'est bien là le problème)
Ne me dites pas de chercher sur Google, j'y ai déjà passé des heures et téléchargé des trucs pour rien
Jour 2
Bilan de la journée: pathétique.
Moi qui cherchais le calme... ben je l'ai. Il n'y a pas un chat dans ce patelin (enfin si justement... il n'y a que ça) à part les autochtones qui me regardent comme si j’étais une extra-terrestre, un sympathique mais distant petit couple australautrichien, et les Hollandais titubants, qui me feraient rire si le plus atteint d'entre eux n'avait pas une petite fille d'un an déjà peroxydée et au regard si triste. Il y a aussi un car de Taïwanais mais ils sont partis en excursion.
Il a plu la moitié du temps.
quand il n'y a pas de brouillard, la vue est magnifique, c'est indéniable.
J'ai profité d'une accalmie pour monter les 781 marches qui mènent à un temple. Arrivée en haut, je me suis fait saucer (évidemment) à peine une minute après avoir ouvert mon bouquin

et une heure après la descente, j'avais encore les jambes qui tremblaient.
J'ai monté et descendu 4 fois la rue principale bordée de magasins de thé,
un parmi d'autres
je suis déjà connue comme le loup blanc.
J'ai déjà fait tous les restaurants ouverts du patelin (cad deux fois le même, et j'étais la seule cliente) et écumé LE café (qui ferme à 20h), et pour la raison que j'ai citée ci-dessus je ne peux même pas regarder de films sur mon ordi dans ma petite chambre bruyante de 6h à 20h (passage intempestif de mobylettes), toute calme après. Il ne me reste plus que la terrasse de la Guesthouse, où le proprio qui converse avec des Asiatiques dont je n'arrive même pas à identifier l'idiome me tient une vague compagnie sonore.

Une véritable institution, la « Shinsane Guesthouse ». Elle existe depuis 1970 et ne désemplit pas. A 50 baths la chambre, on peut comprendre.

Enfin bon.. il y a internet donc je suis sauvée.
Mon contact social le plus prolongé a été avec... un chat (c'est vraiment pour vous dire à quoi j'en suis réduite, si vous connaissez mon amour légendaire pour la gent féline) qui a ronronné sur mon giron pendant tout le temps que je savourais ma salade de feuilles de thé au thon.

délicieuse alternative à la som tam

Autant je ne suis pas fan de thé à l’état liquide, autant à l’état solide... miam miam !! Découverte culinaire de la journée.