C’est une chose que d’avoir vu, parfois, ici et là, un miroir peint (ou plutôt un Tableau-Miroir) de Michelangelo Pistoletto d’un œil curieux et amusé. C’est une autre chose que de me trouver entouré de ces Tableaux-Miroirs, d’avoir ma propre image répercutée à l’infini, engagée dans des dizaines de scènes comme personnage aux côtés des autres personnages, comme participant moi aussi à la représentation et y incluant avec moi les autres visiteurs de l’exposition (au MAXXI à Rome jusqu’au 15 août).
Si vous réusissez à prendre la salle dans le bon sens (!?!), vous commencez par des toiles, portraits sévères où la figure humaine solitaire, frontale semble flotter sur un fond quasi monochrome. Soudain (en 1961) le vernis du fond du tableau devient si dense, si noir qu’il réfléchit le visage du peintre regardant sa toile, son

Cette grande salle courbe, où on doit négocier son chemin entre des panneaux en chicane ornés recto verso de tableaux-miroirs donne la sensation enivrante de naviguer au sein de cet univers d’un miroir à l’autre, d’un compagnon à l’autre. Il est seulement dommage que le musée n’autorise pas les photos (ce serait bien mieux pour restituer cette impression d’inclusion, d’appartenance, de témoignage, voire de victimisation : j’aurais voulu vous montrer ma tête au sein du Cappio) et ne fournisse pas non plus de photos de l’exposition, pour montrer comment les différents tableaux-miroirs se répondent, s’articulent, s’insèrent les uns dans les autres (le Cane con la coda giù regardant la Donna che fa la cacca, par exemple). Les photos fournies (et donc montrées ici) sont froides, sans vie, sans spectateurs, sans échos.
Après, ce sont des dizaines de rencontres dans cette continuité de l’espace, où alternent calme méditatif et mouvement furtif, durée et instantané, confrontation et interaction. En voici donc quelques expériences bien partielles, chacune avec son histoire, chacune comme un tableau vivant dans lequel nous pouvons entrer et jouer. L’œuvre tout en haut, Graziella (1971) représente la mécène et collectionneuse Graziella Lonardi Buontempo (décédée il y a quelques mois) nue, de dos. L’histoire vaut d’être contée : Graziella est la compagne du Prince Aldobrandini ; celui-ci, discutant avec Pistoletto, laisse tomber par inadvertance de son portefeuille cette photo de sa maîtresse. Pistoletto s’en empare et réalise





Photos 4 & 7 courtoisie de MAXXI.
Cage, 1973, sérigraphie sur acier inox poli, 230×580cm, collection de l’artiste. Ph. : Paolo Pellion di Persano.
Visitatrice con catalogo, vélin peint sur acier inox poli, 230×120cm, collection Pietro Valsecchi. Courtesy Sotheby’s.
Autres photos glanées ici et là. Toutes oeuvres © Michelangelo Pistoletto
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 02 juin à 20:17
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