Magazine Cinéma

Un programme alléchant !

Par Cannes En Live !

Nous vous en parlons depuis des mois. Nous y voilà. C'est donc ce soir, à 19h, que va -enfin- s'ouvrir le 64e Festival de Cannes. Sur le papier, la sélection concoctée par Thierry Frémaux, d'une grande diversité (géographique, générationnelle, stylistique), fait vraiment envie.

La compétition

La compétition 2011, dont la tonalité est moins sombre qu'à l'habitude, sera un équilibre entre deux groupes d'artistes : d'un côté les "habitués/abonnés", de l'autre les jeunes cinéastes qui, pour la plupart, viennent à Cannes pour la première fois.

Le terme d' "habitué" agace clairement Thierry Frémaux : "Nous savons que vous l'employez parfois de façon rapide, voire péjorative", a-t-il lancé aux journalistes le 14 avril lors de la conférence de presse. "On va finir par déposer le nom". Il s'agit pourtant d'une tradition du Festival (souvenez-vous de Bergman, Fellini, Kurosawa...). Thierry Frémaux assume cet héritage : "Les grands auteurs font les grands films, et doivent être au Festival de Cannes. Le Festival les accueille à bras ouvert".

Commençons par le groupe des "habitués" (avec des guillements) :

The Tree Of Life
La peau que j'habite

S'il y a bien un film que j'attends, c'est The Tree Of Life de Terrence Malick. C'était la mort dans l'âme que Thierry Frémaux avait dû renoncer à sa sélection l'an passé. La question n'était donc pas de savoir si le film ferait partie de la sélection 2011 (j'en étais persuadé depuis des mois), mais de savoir si le film serait ou non en compétition. Terrence Malick a un rapport particulier avec le Festival de Cannes depuis Les moissons du ciel (Days Of Heaven) en 1979. A l'époque le Festival (et Gilles Jacob) avait mis en valeur le film alors que le studio ne s'en occupait pas beaucoup. C’est par fidelité que Terrence Malick a retardé de plusieurs mois la sortie de son film pour qu'il puisse être présenté à Cannes. Thierry Frémaux n'a pas caché sa fierté devant un tel geste, et on le comprend. Maintenant, il y a tellement de désir et d'attente pour ce film, que le risque c'est d'être déçu à l'arrivée. Verdict lundi. J'espère aussi pouvoir participer à la conférence de presse d'un metteur en scène qui s'exprime rarement. Thierry Frémaux plaisante à ce sujet : "nous sommes toujours en train de lui expliquer le principe [de la conférence de presse] : il est assis derrière une table, des gens lui posent des questions et il est censé répondre. c'est pas gagné !". 

Autre film extrêmement attendu : La peau que j’habite (La piel que habito) de Pedro Almodovar, adaptation très libre du roman de Thierry Jonquet, Mygale, paru en 1995. Le film ne devait pas être fini à temps, mais par chance Thierry Frémaux reçu un coup de fil d'Almodovar : "Je crois que je vais être prêt finalement, veux-tu venir à Madrid voir le film ?". On connaît la fin de l'histoire. Surnommé « le Poulidor de la croisette » n’ayant jamais décroché la Palme d’Or, Almodovar sera donc de retour à Cannes, pour notre plus grand plaisir, deux ans après Etreintes brisées. Le Jury de Robert de Niro va-t-il (enfin) récompenser le metteur en scène espagnol ?

Habemus Papam
Melancholia

Je suis aussi intrigué par Habemus Papam, de Nanni Moretti (Prix de la mise en scène 1994 pour Journal intime, Palme d'Or 2001 pour La Chambre du fils) : Michel Piccoli y jouera le rôle d'un cardinal dépressif, tout juste élu pape, qui entreprend une psychanalyse avec Brezzi (Nanni Moretti).

Habituellement, je ne suis pas fan de Lars Von Trier (je ne suis pas allé à la projection d’Antichrist en 2009), mais je dois bien reconnaitre que je suis curieux de voir son Melancholia. Lars Von Trier (Palme d'Or 1999 pour Dancer in the Dark) dans un film de genre - catastrophe en l’occurrence -, ça ne laisse pas indifférent. Ajoutez-y un casting prestigieux composé de John Hurt, Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg et Kiefer Sutherland (Quoi ? LE Kiefer Sutherland ? LE Jack Bauer de 24 ?), pour me convaincre de ne pas sécher cette année. L'histoire ? Une planète nommée Melancholia se dirige droit vers la Terre et menace d'entrer en collision avec elle...

Le gamin au vélo
This Must Be The Place

Avec leur nouveau film Le gamin au vélo, avec Cécile de France et Jérémie Renier, les frères Dardenne vont concourir pour une troisième palme d’or (ce qui serait une première dans l’histoire du Festival) après Rosetta en 1999 et L'enfant en 2005.

This Must Be The Place de Paolo Sorrentino (Prix du Jury 2008 pour Il Divo) avec Sean Penn sera aussi l'un des moments forts de cette édition 2011. Sean Penn, aussi en compétition  avec The Tree Of Life, a envoyé un mail à Thierry Frémaux, il y a quelques jours, lui disant qu'il n'avait qu'une hâte : être à Cannes !

Autre "habitué", Aki Kaurismaki (grand prix du jury 2002 avec L’homme sans passé) présentera un film tourné en France, au Havre, et sobrement intitulé... Le Havre !

Dans le groupe des jeunes metteurs en scène :

Même s’il y a un palmarès, une forte médiatisation, le marché du film et les professionnels, Cannes reste un voyage, une proposition artistique, un festival culturel regroupant des gens aimant le cinéma. Pour Thierry Frémaux, il est donc important que de jeunes réalisateurs viennent côtoyer des metteurs en scène confirmés. 

Sleeping Beauty
The Artist

Sur le papier, quelques films ont de quoi séduire, dans tous les sens du terme, à commencer par Sleeping Beauty, le thriller érotique (féminin !) de Julia Leigh. Il s'agit du premier film de cette romancière australienne, auteur de The Hunter, soutenue par Jane Campion (Palme d'or 1993 avec La leçon de piano). Ce film ouvrira la compétition jeudi. Pour l'anecdote, c'est Mia Wasikowska (l'Alice aux pays des merevilles de Tim Burton) qui était préssentie pour le rôle de cette belle au bois dormant "spéciale", rôle finalement attibué à Emily Browning (Sucker Punch).

The Artist de Michel Hazanavicius est film muet, en noir et blanc, format 1:33, avec Jean Dujardin. Voici en 2011 un concept osé, risqué, casse gueule même. J'aime ça. Souvenez-vous des 45 premières minutes de WALL-E, quasiment muettes, absolument magnifiques. Le duo Hazanavicius/Dujardin est capable du meilleur (le 1er OSS 117, déjà avec un faux look retro) comme du pire (le 2e OSS 117). Je pense que l'on devrait retomber cette fois sur le meilleur : annoncé hors compétition le 14 avril, le film est depuis quelques jours officiellement le 20e film de la compétition.

Les 4 français en compétition : 

L'apollonide - Souvenirs de la maison close
Pollise

The Artist de Michel Hazanavicius, je viens juste d'en parler.

L'apollonide - Souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello.

Polisse, le 3e long métrage de Maïwenn après Le bal des actrices.

Pater de Alain Cavalier (Thérèse), avec Alain Cavalier et Vincent Lindon : "Film extrêmement singulier, extrêmement inventif. L'un des films les plus bizarres que vous verrez à Cannes cette année", avait prévenu Thierry Frémeaux lors la conférence de presse. 

Citons aussi Hara-kiri : Death Of A Samuraï, un film de samouraïs en 3D s'il vous plait. La source des femmes, de Radu Mihaileanu, un plaidoyer féministe par le réalisateur du Concert (avec Mélanie Laurent, la maîtresse de Cérémonies 2011). Hanezu No Tsuki de Naomi Kawase (Caméra d’or 1997 avec Suzaku, Grand prix du jury 2007 avec La forêt de Mogari)

Les films hors compétition

Minuit à Paris
Pirates des caraibes 4

Dès juin 2010, je misais sur Pirates des Caraïbes 4 en Ouverture du Festival 2011 pour toutes les raisons que j'évoquais dans l'article. Si entre temps on avait appris que le film d'ouverture hors compétition serait Minuit à Paris de Woody Allen (le Festival n'arrive pas à le décider à venir en compétition), toutes les bonnes raisons de sélectionner le 4e volet des aventures de Jack Sparrow restaient valables.

Le 3e épisode de la saga, sorti le 23 mai 2007 en plein Festival de Cannes, mais non selectionné, avait été l'événement médiatique du mois de mai dans les médias, eclipsant un temps le Festival. Thierry Frémaux n'a pas refait la même erreur cette année :  Pirates des Caraïbes : la fontaine de jouvence sera projeté à Cannes. YES !!!!!!! C'est bon, nous avons notre séance bon-gros-film-américain-de-divertissement-pur-à-regarder-avec-un-plaisir-à-peine-coupable. Cerise sur le gateau, la présence de Johnny Depp et Peneloppe Cruz est confirmée, ce qui donnera lieu à un tapis glamour à souhait. 

Bonne surprise - je ne l'avais pas vu venir -, Le complexe du Castor (The Beaver en VO), de Jodie Foster avec Mel Gibson et Jennifer Lawrence sera de la partie. Je parlais de ce film sur Deauville en Live au mois de mars, à l'occasion de la sortie en salle de Winter's Bone avec Jennifer Lawrence comme tête d’affiche.  

Le complexe du castor
La conquete

Mais le film hors compétition qui fait couler beaucoup d'encre, c'est bien evidemment La conquête de Xavier Durringer, film sur la campagne présidentielle de 2007. Pour la première fois en France, un film va évoquer un président de la République en exercice. Thierry Frémaux a précisé lors de la conférence de presse qu'il n'a subi aucune pression pour prendre ou ne pas prendre le film : les organismes de tutelle (CNC, Ministère de la culture) ont laissé au Festival toute sa souveraineté. Pour ma part, je suis plutôt agacé par l'attitude des médias, présentant ce film comme "l'événement" cannois. Non mais sans déconner rire, si la conquête est un "événement", comment qualifier The Tree Of Life de Terrence Malick ? Tellement de bruit autour d'un film que personne n'a vu, ça me rappelle Hors la loi l'année dernière. J'espère vraiment que La conquête ne sera pas qu'un coup médiatique. En tout cas, gros scoop, Cannes en Live est d'ors et déjà en mesure de vous révéler en exclusivité la fin du film : Sarkozy gagne.

Un Certain Regard

Le « Certain Regard » est une section de la sélection officielle, créée en 1998 par Gilles Jacob, présentant chaque année une vingtaine de films caractérisés par l'originalité de leur propos comme de leur esthétique. Il ne s'agit pas d'une compétition "au rabais", une sorte de "seconde division". Cette compétition d’un cinéma plus atypique, présidée cette année par Emir Kusturica, se veut une contre-programmation vis-à-vis de la compétition officielle (présidée elle par Robert de Niro). Ayant le privilège d’être accrédité pour le blog, je pourrai voir les films de cette section réservée aux badgés.

Parmi les 20 films du Certain Regard 2011, quelques-uns ont attiré mon attention :

 

Restless
 

Restless, le nouveau film de de Gus Van Sant (Prix de la mise en scène et Palme d'or 2003 avec Elephant, prix du 60e anniversaire en 2007 pour Paranoïd Park) qui fera l’ouverture du Certain Regard. Gus Van Sant a été nommé à l'Oscar du meilleur réalisateur en 1998 pour Will Hunting. Restless évoquera le parcours initiatique de deux adolescents fascinés par la mort, avec en tête d’affiche la fameuse Mia Wasikowska déjà évoquée plus haut.

Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian. Retour à Marseille (contrairement à ce que peut laisser penser le titre) et un retour au Certain Regard pour Robert Guédiguian après Marius et Jannette. Robert Guédiguian y dirige ses acteurs fétiches Ariane Ascaride (qui est aussi sa compagne), Jean-Pierre Darroussin, et Gérard Meylan.

L’exercice de l’Etat de Pierre Schoeller. Un autre film politique (après La conquête) cette année, avec Olivier Gourmet, Michel Blanc et Zabou Breitman.

Hors Satan de Bruno Dumont (Mention Spéciale Caméra d'or en 1997 pour La Vie de Jésus,  deux Prix d'interprétation et Grand Prix du jury en 1999 avec L'Humanité

Tatsumi de Eric Khoo, adaptation de l'oeuvre de l'auteur de mangas Yoshihiro Tatsumi. C’est le film d’animation de l’Edition 2011. Après 25 ans d’absence,  l’animation est revenue à Cannes sous l’impulsion de Thierry Frémaux en 2001 avec Shrek. Depuis sont venus fouler le tapis rouge : Les triplettes de Belleville, Shrek 2, Nos voisins les hommes, Kung-Fu Panda, Persepolis, Valse avec Bashir et en 2009 Là-haut, premier film d’animation projeté en Ouverture du Festival. En tant que grand fan de Pixar (mais qui ne l'est pas ?), j’esperais que Cars 2 fasse partie de la sélection. Tant pis, j'attenderai le 27 juillet.

The Murderer (Yellow Sea en VO), le thriller de Na Hong-jin (The Chaser) : Criblé de dettes, proche de la misère, un homme accepte un contrat pour assassiner quelqu'un. C’est son dernier recours pour subvenir aux besoins de sa famille. Il sait peu de choses sur sa cible. Mais il n’avait jamais imaginé l’engrenage dans lequel il allait être pris…

The Day He Arrives de Hong Sangsoo, gagnant du Certain Regard 2010 avec Ha Ha Ha, que Thierry Frémaux "ne se résout pas à ne pas l'inviter"

A noter aussi la présence d'un film aborigène : Toomelah de Ivan Sen. L'histoire de Daniel, un jeune arborigène vivant dans une tribu reculée, rêvant de devenir un gangster. Quel pitch ! 

Petit lapsus sympatique de Thierry Frémaux lors de la conférence de presse : l'annonce du film "Travailler moins", à la place de Travailler Fatigue. 

Les séances de minuit

Il règne toujours une ambiance particulière lors des séances de minuit. J'attendais cette année l'annonce de Super 8, réalisé par JJ Abrams (Alias, Lost) et produit par Steven Spielberg, mais il n'en fût rien. Nous aurons cependant le droit à Wu Xia de Chan Peter Ho-Sun, et un film d'action méxicain  Jour de grâce (Dias de Gracia en VO) de Everardo Gout.

Hommage

Un hommage sera rendu à Jean-Paul Belmondo le 17 mai en présence de tous ses amis (Marielle, Rochefort, ...). Même si suite à un accident de santé Bebel' n'est plus en aussi grande forme qu'il l'a été, il n'a pas perdu son sens de l'humour légendaire. Lors d'un coup de fil entre Thierry Frémaux et lui, l'acteur a demandé : "A quelle heure sera la montée des marches ? A 19h ? Moi faut que je commence à 15h !" 

Jean-Paul Belmondo

Conclusion

En guise de conclusion, je vais vous rapporter un passage de la conférence de presse qui m'a beaucoup amusé, un échange entre Thierry Frémaux, le Délégué Général, et Gilles Jacob, Président du Festival qui a fait rire toute la salle :

T. Frémaux : "Ça sera un Cannes où l'on va peut-être s'amuser, en tout cas nous l'espérons."
G. Jacob : "N'exagérons rien".

Olivier


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