Un couple ayant décidé de tout plaquer pour partir sur les routes à bord de son combi-volkswagen prend en charge Jorn, un autostoppeur au regard un brin halluciné. L’homme est armé et persuadé d’être pourchassé par des tueurs car il a en sa possession des éléments mettant gravement en cause les multinationales cigarettières. Prenant en otage ceux qui l’ont recueilli, Jorn veut se rendre dans le bunker où est caché son dossier compromettant. Un voyage sous haute tension qui mettra les nerfs des protagonistes à rude épreuve.
Un nouveau Chabouté, comme tous les ans me direz-vous. C’est un fait, l’auteur de Fables amères publie un album chaque année et il semble élargir son cercle de fans à chaque nouvel opus. Alors, que donne le cru 2011 ? Pour tout dire, Chabouté fait du Chabouté. Une histoire comme d’habitude nourrit de petits faits d’actualités avec des personnages tout ce qu’il y a de plus banal. Pour le coup, il met quand même en scène cette fois-ci un preneur d’otage sacrément barré. La question qui traverse l’intrigue reste en suspend jusqu’à la dernière page : Jorn est-il complètement parano ou a-t-il vraiment aux trousses des tueurs au service d’un complot mondial ? Difficile de deviner où l’auteur veut nous emmener. La narration est complètement déconstruite et se permet de surprenantes mises en abimes. Pour le coup, certains lecteurs risquent de se sentir un peu perdus. Mais pas de panique pour autant, l’histoire a bien un début et une fin, c’est juste qu’entre les deux, Chabouté s’est amusé à tout mélanger, gardant quand même une certaine rigueur pour que sa partition ne souffre pas de fausses notes et reste compréhensible.
Comme d’habitude aussi, beaucoup de silences, des « héros » taciturnes aux physiques passe-partout. Comme d’habitude toujours, ce noir et blanc d’une incroyable puissance, ce trait nerveux que l’on reconnait au premier coup d’œil, ce découpage limpide où la caméra multiplie les très gros plans et les cases panoramiques, incitant le lecteur à prendre son temps pour profiter de chaque détail.
Bref, quitte à me répéter, Chabouté fait du Chabouté. Et pourtant sur le fond je n’ai pas vraiment été embarqué par l’intrigue. C’est marrant mais je me suis douté dès le départ que cette histoire finirait comme ça. Et puis les trois personnages principaux m’ont laissé de marbre. En fin de compte, j’ai survolé cet album sans vraiment y entrer. Disons que ce Chabouté version 2011 mérite sans doute une relecture plus attentive. De toute façon, je ne doute pas que je pourrais lire d’ici peu d’autres avis qui me permettront d’affiner mon ressenti sur ce one shot assez particulier.
Les princesses aussi vont au petit coin de Christophe Chabouté, Vents d’Ouest, 2011. 106 pages. 17.99 euros.