Si j'ai vu plus loin que les autres, c'est par ce que je me suis placé sur les épaules de géants. (Isaac Newton)Une entreprise qui développe un nouveau produit peut butter sur une difficulté technique encore jamais rencontrée dans son secteur d'activité. Pour la surmonter, il faut innover.
Qui dit "innover" dit "faire quelque chose de nouveau". Le raccourci est tout trouvé : l'innovation est, pour beaucoup, nécessairement à la pointe de la technologie. Or la veille technologique est un outil consistant précisément à obtenir de l'information sur les nouveautés technologiques.
Est-ce donc un outil indispensable pour innover ?
Que peut apporter la veille technologique ?
Selon Wikipédia, "la veille technologique consiste à s'informer de façon systématique sur les techniques les plus récentes et surtout sur leur mise à disposition commerciale".
Parmi les sources d'information pour la veille technologique, on peut citer des sources d'usage général :
- la presse, généraliste ou spécialisée,
- les congrès scientifiques et techniques,
- les salons professionnels,
- les bases de brevets,
- et, évidemment, internet.
Par ailleurs, il y a également des sources plus ciblées sur l'environnement économique spécifique d'une entreprise :
- les publications et sites des concurrents,
- les informations rapportées par les fournisseurs, les clients, les réseaux professionnels,
- les visites chez les concurrents,
- ou encore, l'achat de produits ou d'échantillons auprès des concurrents.
La veille technologique est donc utile dans deux situations typiques :
- soit pour innover en s'appuyant sur des technologies émergentes,
- soit pour suivre l'évolution technique de ses concurrents.
La veille technologique est-elle utile au médiateur technique ?
Du point de vue de l'entreprise qui cherche une solution à un problème technique nouveau, issu d'une démarche d'innovation ou d'une demande spéciale d'un client, il est peu probable que les concurrents aient trouvé la solution à un problème qu'ils n'ont pas rencontré a priori. Seules les informations issues des sources généralistes ont une chance sérieuse d'apporter une solution.
Les outils de veille technologique explorant ces sources généralistes sont, à ma connaissance, essentiellement de deux sortes : l'analyse de bases de données, et la diffusion de bulletins de veille. Dans les deux cas, on part d'une ou plusieurs sources d'informations technologiques (publications scientifiques, brevets...), et on utilise des outils de recherche textuelle plus ou moins élaborés. La société KnwoMade, par exemple, fournit de tels services.
Les bulletins de veille sont des informations d'actualité, et n'ont de sens que dans le cadre d'une veille permanente, pas comme outil pour trouver la solution à un problème qui intervient à un instant donné : il est peu probable qu'une entreprise lance sur le marché la solution à votre problème au moment même où vous en avez besoin. Reste donc l'analyse de bases de données.
L'utilisation de méthodes numériques d'explorations de données textuelles (ou text mining) permet d'aller au-delà de la simple recherche sur mots-clés, à la Google. Elle peut permettre de définir l'état de l'art d'une technologie ou d'un secteur d'activité, aussi bien que les acteurs économiques concernés. C'est une approche utile lorsque la solution technique à un problème est facile à imaginer, mais que les entreprises qui maîtrisent cette solution ne sont pas faciles à identifier. Dans cette situation précise, la veille technologique est effectivement utile au médiateur technique.
Toutefois, il y a d'autres situations que le médiateur technique peut rencontrer, par exemple :
- quand la solution technique n'est pas évidente à trouver : les bases de veille sont rarement orientées vers les problèmes à résoudre, et sont alors inadaptées ;
- quand la solution technique identifiée n'est pas à la mode car elle est utilisée depuis longtemps dans un autre secteur d'activité, voire abandonnée dans ce secteur ;
- ou encore quand il existe plusieurs solutions techniques, dont certaines auxquelles l'entreprise n'a pas pensé : la NASA a développé un stylo capable d'écrire dans l'espace en utilisant beaucoup de technologie, là ou la solution soviétique consistait à utiliser... un crayon de papier !