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Formation (1/2) : Réflexion et débat à propos de l’éthique et de la déontologie de l’écrivain public bénévole »

Publié le 13 mai 2011 par Plumesolidaire

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Programme / 4ème session

Samedi 7 mai de 10h00 à 12h00

« Réflexion et débat à propos de l’éthique et de la déontologie
de l’écrivain public bénévole »

Xavier Péron – AIDEMA 19

  • Introduction : la problématique de l’écrivain public bénévo
  • Définitions de l’éthique et de la déontologie
  • Présentation et analyse de situations réelles (études de cas)
  • Synthèse et approche méthodologique
  • Eléments pour un code de déontologie pour AIDEMA 19
  • Conclusion

I-   Introduction : la problématique de l’écrivain public bénévole

Nous avons tous connu des écrivains publics qui se découragent, se lassent et s’en vont. Sans que nous sachions qu’elle est la part que représente l’activité d’écrivain public dans les motifs de leur départ.

Car en dehors des raisons liées à des contraintes objectives : changement d’horaires de travail, déménagement, santé…l’absence de réponse à la question des raisons associées à l’activité d’écrivain public ou à son environnement, nous laisse un peu sur notre faim et créée un forme de désarroi et peut-être un peu de culpabilité ou de tristesse.

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Personnellement, je suis convaincu que, pour durer dans une activité il faut l’aimer de plus en plus en l’enrichissant de plusieurs manières.

Cet enrichissement peut revêtir plusieurs formes :

Ø l’apprentissage des savoirs (la connaissance des démarches), qui est le but de nos stages,

Ø la rencontre qu’apporte l’amitié entre confrères, et avec certains usagers,

Ø Au-delà de ces deux dimensions essentielles, j’en ajoute pour ma part une autre : l’approfondissement du sens de notre action.

Je suis intimement convaincu que cette forme d’approfondissement, qui est le fruit d’un cheminement individuel, peut se partager au sein d’un travail collectif (ce qui est le cas aujourd’hui).

Et je crois que en étant tous ici réunis autour de cette table, nous exprimons plusieurs attentes essentielles :

Ø le besoin de parler des situations difficiles que nous connaissons individuellement et que nous désirons résoudre,

Ø de connaître les situations difficiles que les autres connaissent, et savoir à l’avance comment nous comporter pour les surmonter.

Ce faisant, nous sommes venus ici parce que nous

Ø Souhaitons sortir de notre solitude d’écrivain public

Ø Bénéficier de l’expérience de nos confrères

En somme, cela exprime un besoin profond que nous ressentons tous plus ou moins : celui d’aller plus loin dans notre vie ; un besoin qui est naturellement en rapport avec la quête du bonheur (qui fait d’ailleurs partie de l’une des définitions philosophiques de l’éthique).

Nous exprimons en fait une valeur implicite qui nous est commune : celle du dépassement de soi (une certaine façon des concevoir le progrès individuel); et sans doute une autre : la volonté de partager une forme du vivre ensemble.

En disant cela, je suis déjà entré dans le domaine de la réflexion éthique qui concerne précisément : le domaine de l’humain, des valeurs qui nous sont personnelles et partagées, et la manière de les mettre en applications dans notre activité d’écrivain public.

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Le choix de cette thématique de stage part des constats suivants :

1)   Actuellement chacun est confiné dans un certain isolement qui le renvoie à sa propre expérience individuelle, à sa manière personnelle d’aborder tel type de difficulté.

2)   en dehors de l’instance dirigeante de nos associations garantes du respect de leurs statuts :

  • De l’absence d’instance de réflexion offrant une possibilité de résolution des problèmes
  • De définition du rôle que pourrait jouer cette instance : simple conseil, décision collégiale arbitrale, constitution d’un code auquel chacun devrait se soumettre… ?
  • Et des formes qu’elle pourrait prendre : parrainage, réunions régulières, comité d’éthique…

En résumé : ce qui nous manquerait ce serait

  • un lieu de parole pour exprimer et partager une problématique méthodologique sans solution, un conflit avec une autre personne, ou un cas de conscience vécu par l’un d’entre nous au cours d’une démarche.
  • Une méthode pour réfléchir sur la manière la plus pertinente de résoudre une situation qui pourrait se reproduire à l’identique dans l’avenir.

Sachant que rien n’est plus dévastateur que la répétition de situations d’échec, cette matinée est peut-être une première tentative de réponse à ce besoin qui répond à une attente d’acquisition de nouvelles compétences nécessaires pour poursuivre notre activité d’écrivain public (la pérenniser) afin de rester en harmonie avec nous-mêmes et avec les autres.

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II – Définition de l’éthique et de la déontologie

1 La déontologie

La déontologie (du grec deon, -ontos, ce qu'il faut faire, et logos, discours) est la science morale qui traite des devoirs à remplir.

Un code de déontologie régit un mode d'exercice d'une profession (déontologie professionnelle) ou d'une activité en vue du respect d'une éthique. C'est un ensemble de droits et devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients ou le public.

La notion de déontologie découle par conséquent de la notion d’éthique.

La déontologie revêt un aspect formel (code, charte), de principes et de règles qui ont un caractère impératif. Elle permet de définir les conditions d’appartenance à un métier ou à une pratique non professionnelle comme la nôtre.

Le respect du code constitue le cadre auquel chaque membre doit se conformer, et les conditions de la légitimité au sein du groupe. Enfreindre ce cadre expose le praticien au jugement de ses confrères, et à la sanction, qui peut aller jusqu’à l’exclusion, voir pour les médecins à l’interdiction de pratiquer sa profession (exemple du Docteur K).

La question qui se pose pour nous écrivain public est donc de savoir s’il est nécessaire de passer par la case code de déontologie pour pratiquer notre activité bénévole ?

C’est l’une des questions auxquelles nous devrions essayer de répondre aujourd’hui.

2- L’éthique

Celles et ceux qui ont reçu une formation en philosophie savent que le concept d’éthique fait l’objet de réflexions et d’approches variées depuis l’Antiquité grecque et les philosophes romains.

Origine

- L’éthique provient d’un mot grec qui signifie « la science morale », et d’un autre mot grec : l"éthos", qui veut dire « lieu de vie ; habitude, mœurs ; caractère »

Il vient aussi d’un mot latin ethicus, la morale.

- Il existe différentes formes d’éthique : l’éthique générale et les éthiques appliquées comme la bioéthique ou l’éthique de l'environnement.

Le concept d’éthique concerne aussi la culture dans les domaines de l’habitat, la religion, ou un système idéologique. Elle est le point de départ de la réflexion des éthiques appliquées, de l’éthique individuelle et de l’éthique sociale.

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D’emblée je retiendrai une première définition qui nous concerne plus particulièrement, celle de l’éthique générale :

L’éthique générale établit les critères pour agir librement dans une situation pratique et faire le choix d'un comportement dans le respect de soi même et d'autrui.

La finalité de l’éthique est d’être une activité pratique qui consiste à agir avec la conscience d’une action sociétale responsable (sociale pour ce qui nous concerne).

Ethique et morale

Dans un sens « ordinaire», le terme éthique est synonyme de morale.

Toutefois, si la morale consiste en un ensemble de règles théoriquement érigées en Bien et Mal absolus, l'éthique c’est précisément la morale débarrassée de ses croyances superstitieuses (absolutisant le relatif) et de ses condamnations moralisatrices utilisées comme une arme contre les Autres.

(dixit Constantin Brunner, philosophe juif allemand (1862-1937), héritier spirituel de Spinoza.)

L’éthique consiste donc à appliquer d’une certaine façon des règles morales en les relativisant ou en les pondérant en fonction d’un contexte et d’une pratique : celui de notre association et celui de notre activité.

J’observe aussi au passage que cette acception de l’éthique est cohérente avec la loi de 1901 sur les associations qui fait obligations à leurs membres de faire abstraction de leurs convictions confessionnelles/religieuses et partisanes/politiques.

Ø l’éthique serait la recherche du bien par un raisonnement conscient (s’opposant ainsi à l’obscurantisme qui conjugue l’influence des modèles de pensée innés, les croyances, les dogmes et les idéologies).

Ø La morale et l’éthique ont donc en commun de traiter de nos mœurs, et de la conduite humaine.

Ø Et les trois mots de morale d’éthique, et de déontologie renvoient au comportement, à l'action humaine, à la prise de décision. Ils concernent ce qu'il faut faire, ce qu'on doit faire (le devoir, les valeurs), par opposition à ce qui se fait (les mœurs).

De manière générale, je crois que nous pouvons appliquer dans notre pratique l’utilisation courante aujourd’hui de l’éthique, à savoir :

Qu’il s’agit de

- qualifier des réflexions théoriques portant sur la valeur des pratiques et sur les conditions de ces pratiques ;

- l’éthique est aussi un raisonnement critique sur la moralité des actions ;

L’éthique aurait donc ses fondements dans une décision rationnelle prise à partir d’un libre dialogue entre des individus conscients des savoirs et de cultures (parfois riches de traditions et de codes idéologiques assimilés.)

Ethique et droits de l’homme

Je voudrais aussi mettre en valeur une autre dimension qui nous touche qui est celle de l’éthique des droits qui provient des droits de l'homme.

La notion de droit de l’homme fait partie de ce que l’on appelle les éthiques universelles qui sont différentes des éthiques propres à une culture.Droz (Droz et al., 2006)

Cette notion est attribuée à l’origine à Rousseau et établit pour la première fois pour l’homme un ordre moral indépendant du cosmos, de la nature. Dorénavant, l’homme ne se distingue plus comme étant un animal doté de la raison comme chez Aristote, mais comme être ayant la liberté de s’arracher à la nature et d’instaurer une autre légalité que celle naturelle, c’est-à-dire celle de l’homme.


Permette-moi ici de poser une question en forme de boutade : à voir ce que Thérèse Delpech a appelé l’ensauvagement du monde, ne serions-nous pas dans une époque de retour à la nature, c’est-à-dire à notre nature animale ?

Autrement dit : vivons-nous toujours dans une société toujours plus humaine, ou de moins en moins humaine ?

Éthique et valeurs

Parler d’éthique, c’est aussi parler de valeurs - qui sont de l'ordre de l'Être et du Bien (tandis que, rappelons-le la morale définit le Bien et le Mal).

Les valeurs indiquent :

-   des idéaux à poursuivre(Autonomie, vie et santé, égalité, justice),

-   des principes qui donnent les grandes orientations à notre action, qui fixent nos attitudes (Autodétermination, respect de la vie, rendre à chacun son dû, équité),

-   des normes et des règles qui déterminent notre action et encadrent nos décisions : consentement libre et éclairé, prendre les « moyens proportionnés », respect des contrats, respect d’autrui...

Ø Le mot valeur est le plus général a d'abord une évocation philosophique avant d'avoir une retombée éthique.

Ø Le mot principe désigne une orientation fondamentale, qui inspire l'action (on parle des « grands principes »).

Ø Le mot règle évoque quelque chose de plus concret, plus proche de l'action. Le principe est souvent indéterminé, (et admet des applications diverses). Alors que la règle a un contenu précis.


Prenons l’exemple d’une personne qui a pris une décision de violer la règle de l’arrêt au feu rouge.

Sa décision met en lumière le fait que sa volonté individuelle, quelle que soit sa motivation (urgence due à un retard, absence de vigilance ou désinvolture, refus des interdits, plaisir de se déplacer plus vite que les autres…), devient est plus importante que la règle commune. En transgressant le Code de la Route, elle met en cause le principe de sécurité routière. L’une des valeurs qui peut sous-tendre une telle conduite pourrait être celle de la liberté individuelle.

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Soulignons la difficulté de présenter l’éthique (ou la morale)

  1. elle une dimension permanente de tout comportement. Nous exprimons nos valeurs plus ou moins explicitement dans tous les comportements et toutes les décisions.

C’est le cas dans la pratique de la médecine, du travail social, du droit, par exemple, implique inévitablement des choix éthiques, des choix de valeurs morales ;

  1. Les mots comportent, selon les milieux sociaux, des sens divers.

L’éthique est la manière de dire comment on se doit de vivre et à partir de quoi l’on doit juger et décider. Il s’agit en conséquence, d’un système explicite et argumenté de valeurs qui induisent des comportements ou des pratiques sociales.

Ø L’éthique implique de chercher des principes pour guider le comportement moral et les évaluer.

Ø Il faut tout d’abord identifier les valeurs, qui peuvent être contestées, existant au sein d’une communauté Bob Jickling (1996) (les valeurs de telle personne peuvent être différentes ou opposées à celles de telle autre)

L'organisation des valeurs entre elles, sous forme de système, correspond à une éthique; celle-ci donne sens et cohérence aux valeurs qui s'y rattachent (Sauvé, Villemagne, 2006)

Dans notre association, il bien probable que les liens qui font consensus entre reposent sur les valeurs de solidarité, de don de soi, de partage, d’amitié, de démocratie, de respect d’autrui, de liberté individuelle. Et peut-être que certains agissent au sein d’AIDEMA 19 au nom de valeurs religieuses ou politiques ; à l’évidence dans le respect des normes définies par les statuts.

Une valeur (comme la démocratie ou le développement durable) ne prend son sens qu’en fonction du champ éthique dans lequel elle s’inscrit (la vie politique, et l’environnement.

Ø Parmi les valeurs nous retrouvons des valeurs d'ordre fondamental, correspondant à des buts à atteindre (par exemple, l'équilibre écologique),

Ø des valeurs d'ordre instrumental destinées à l'atteinte de ces buts (comme la responsabilité)

Ø Il y a également les valeurs abstraites (la solidarité, la fraternité)

Ø et les valeurs correspondant à des objets,

Ø et également des valeurs qui sont intrinsèques (la nature ou le patrimoine architectural).

Une valeur est

Ø une croyance durable (Rokeach, 1979),

Ø un mode particulier (spécifique) de conduite ou d’état final d'existence,

Ø qui est personnellement ou socialement préférable à un autre mode de comportement ou but de l’existence opposé ou convergent.

Ainsi en conclusion de cette première partie, je le reconnais un peu abstraite et théorique, que je vais concrétiser maintenant ; je dirais que dès qu’il nous faut prendre une décision, nous sommes aux prises avec des valeurs en contradiction les unes avec les autres. Mais elles définissent comme un point de vue à partir duquel nous évaluons, au sens fort du terme évaluer, les actions sociales, les comportements, voire les opinions.

Suite lundi 16 mai 2011

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