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Alain Badiou et le nom "rat"

Publié le 06 février 2008 par Philippe Di Folco
L'année du rat commence. Je sors de l'essai  du philosophe Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom (Nouvelles éditions Lignes, oct. 2007). Pas envie de m'éterniser.  On trouve : - page 36, 3e parag. : A peine a-t-il été élu, l'agité de Neuilly, que nous voyons des rats  "de gauche", ou présumés tels, qui courent partout. Les navires du vieux monde sont abandonnés de tous côtés, des  consultations très étranges se déroulent dans la coulisse. Nombre de caciques de l'opinion trouvent désormais de grandes vertus à Sarko. Voilà de quoi nous désorienter plus encore. Mais ce n'est que le signe avant-coureur de mouvements plus profonds. Les rats signalent les prémisses d'un tremblement de terre. - page 40, fin du 2e parag. : Mais supposez que, dans un autre contexte, dans une autre époque (je prends cette comparaison parce qu'elle est bouffonne et usée), une énorme quantité de gens ait voté, mettons, pour Hitler - c'est d'ailleurs arrivé - ; que les électeurs se soient déplacés en masse pour aller faire ça ; aurait-il fallu parler d'une écrasante victoire de la démocratie ? Pour mémoire (toutes ces données sont inscrites dans nos livres d'Histoire) : - Octobre 1932 : le NSDAP totalise 33,1 % des voix au parlement ; - 30 janvier 1933 : H. est nommé chancelier par le président Hindenbourg - 5 mars 1933 : élections au parlement, NSDAP : 43,9% - 23 mars 1933 : pleins pouvoirs accordés à H. par le parlement Il me semble qu'il n'est nullement besoin de s'intituler philosophe pour éviter de puiser dans les expériences démocratiques passées, aussi bien lourdes de conséquences, pour étayer sa démonstration. Le "c'est d'ailleurs arrivé" mérite bien des commentaires (combien de livres écrits sur ces derniers jours de Weimar...). Le mot "rat" cité plus haut aussi. Franchement, je n'ai rien contre le rat, c'est un animal qui a traversé les siècles, avec l'humain pour symbiote. Nous sommes les invités des rats, comme nous sommes aussi les invités de la vie. Les rats sont discrets, ne claquent pas les portes, et disent même merci. Quant à la Ve République et ce qu'elle devient, je préfère encore vivre en sarkosysme pour 4 ans, ne pas tout gober, rester vigilant, qu'être Italien et subir le possible retour d'un Berlusconi, véritable épée de Damoclès, de l'autre côté des Alpes (ou le système de nomination, lui, s'apparente à celui de Weimar 32). Comment Badiou repenserait-il nos institutions ? Voilà une question a lui poser, à condition qu'il veuille bien se prêter au jeu d'une réponse claire, constructive, efficace. Sans doute, l'esquisse-t-il en d'autres essais ? Voir d'ailleurs ici son interview par F. Taddeï.

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