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De Renoir à Szafran à la Fondation Gianadda

Publié le 15 mai 2011 par Elisabeth1

berthe-morizot-jeune-fille-au-chat.1305422382.jpg La Fondation Gianadda a choisi d’ offrir un plaisir rare : celui de découvrir une large sélection d’œuvres appartenant à un collectionneur privé. Par souci de discrétion, celui-ci tient à garder l’anonymat. Mais, soucieux de pédagogie et conscient de la mission éducative des musées et des expositions, il a toujours généreusement accepté de soutenir les manifestations organisées par Léonard Gianadda et il a souvent participé aux expositions organisées à Martigny. Exceptionnellement, et pour la première fois, il a accepté de partager plus largement encore ses trésors et de présenter sa collection au public, le temps d’une présentation qui durera six mois. Une sélection de cent vingt œuvres environ, peintures et dessins, a été faite, de façon à raconter l’évolution de la peinture depuis Jean-Baptiste Corot et Eugène Boudin, jusqu’à nos jours. Au cours de cette période, les avancées esthétiques se sont bousculées à un rythme tel qu’on ne peut la comparer qu’à la renaissance des arts dans la Florence du XVe siècle. Cette effervescence créative correspond parfaitement au goût de notre collectionneur. pissarro-les-moutons.1305422437.jpgIl est très sensible aux charmes de la couleur en général, qu’elle soit le fruit d’une observation attentive de la nature ou d’une spéculation artistique purement abstraite. Le visiteur verra ainsi la peinture se libérer progressivement de la représentation du réel et privilégier l’expression d’une vision individuelle, de plus en plus éloignée du motif qui l’a inspirée. L’impressionnisme et le post-impressionnisme ont joué un rôle fondamental dans cette évolution. Ils sont donc particulièrement présents dans ce panorama qui retrace une brève histoire de la peinture du pré-impressionnnisme à nos jours. Les chefs d’œuvre ne manquent pas dans cette collection : Julie au violon peint en 1893 par Berthe Morisot, ainsi que Julie au chat vert, ou encore un fusain d’Edgar Degas, Les Blanchisseuses (vers 1902). Pratiquement jamais vus, il y a, parmi tant d’autres, un remarquable Maurice Denis, Avril, les anémones (1891), à la provenance particulièrement prestigieuse ou l’éblouissant pastel de Sam Szafran, Imprimerie Bellini (1972). L’intérêt d’une collection particulière se définit par sa cohérence et son exhaustivité, mais aussi par les choix qu’elle reflète et qui relèvent des préférences d’un individu. Les axes qui ont été privilégiés ici sont clairs.img_5275.1305423783.jpg Si l’impressionnisme est évoqué par une sélection d’œuvres magistrales signées Monet, Renoir, Sisley ou Morisot, le néo-impressionnisme est quant à lui plus largement représenté encore. Parmi les tableaux, un ensemble remarquable d’œuvres peintes par Signac illustre la passion de notre collectionneur pour cet artiste épris de lumière et de couleur. Depuis les tout premiers tableaux « divisés » comme Les balises, Saint-Briac (1890) ou Saint-Tropez. Après l’orage (1895), jusqu’aux œuvres pré-fauves comme L’Arc-en-ciel. Venise (1905), c’est l’ensemble de l’œuvre de Signac qui est évoqué ici. Dans celle de Camille Pissarro, ce sont deux rares exemples de la période néo-impressionniste qui ont été choisis. Mon coup de cœur va immédiatement au « Troupeau de moutons » de Pissarro, avec un bel effet de poussière dans le soleil et “devant la Briqueterie à Eragny”, où l’effet de soleil est filtré par les nuages. Quant à Maximilien Luce, il est lui aussi très présent avec une sélection particulièrement pertinente de toiles, comme Le Café (1892) ou l‘éblouissant Port de Saint-Tropez (1893) qui contraste avec la poésie abstraite de Londres, Canon Street (1893), un des nocturnes chers à l’artiste. Parmi les Nabis, remarquons les audaces chromatiques de la somptueuse Marine à Cannes peinte par Bonnard en 1931. Mais c’est Maurice Denis qui est privilégié. Il est en effet très présent, avec une série de tableaux de premier plan.signac-larc-en-ciel-a-venise.1305423173.jpg Citons les trois dernières versions du Mystère catholique (1889 et 1890) qui se trouvent encore en mains privées ou Ils virent des fées débarquer sur la plage (vers 1893). Il y a encore un très beau choix de paysages peints par Emile Othon Friesz au cours des années fauves comme Port d’Anvers (1906) ou Bord de mer, Cassis (1907). Car cette période artistique où la couleur est, plus que jamais, privilégiée se devait d’être bien représentée elle aussi. Citons notamment un séduisant Van Dongen, Thé au casino (Deauville) de 1920 , et une vigoureuse marine de Valtat, Les Rochers rouges (1906). La couleur a souvent déterminé le choix du collectionneur : c’est vrai aussi parmi les dessins où elle est loin d’être absente. Le noir et blanc est évidemment à l’honneur avec, notamment, une remarquable feuille au crayon Conté par Charles Angrand, Maternité. Un éblouissant ensemble d’aquarelles peintes par Signac, ou la série des gouaches de Raoul Dufy. Kees Van Dongen n’est pas oublié, avec une rare aquarelle fauve et un ensemble inédit de gouaches peintes en 1947 pour illustrer une édition d’A la recherche du temps perdu. Emil Nolde est là aussi, avec ses paysages quasi abstraits peints à l’aquarelle… Mais, toujours dans le domaine du dessin, la séduction des pastels retient tout particulièrement. Souvent de grands formats, ils sont signés Morisot, Odilon Redon, Denis ou Szafran qui est représenté ici par une impressionnante sélection.sam-szafran-limprimerie.1305422594.jpg Ces feuilles, souvent de très grand format, montrent que la magie colorée du pastel continue d’opérer de nos jours et de retenir les talents les plus affirmés et, plus particulièrment, celui de cet artiste original, cher à la Fondation Pierre Gianadda. Ils montrent aussi que l’art actuel n’est pas oublié dans cette collection. Car les grands noms de la peinture du XXe siècle sont nombreux dans cette présentation qui compte Amedeo Modigliani, Jules Pascin, Marc Chagall, André Masson, Man Ray ou encore Pablo Picasso. Sans oublier Josef Albers dont l’Hommage au carré apparaît ici comme un clin d’œil au point néo-impresionniste. Enfin, si la peinture française ou celle appartenant plus largement à l’Ecole de Paris sont à l’honneur dans cette présentation, l’Europe du Nord, évoquée jusqu’ici par Nolde uniquement, est loin d’être absente.odilon-redon.1305422678.jpg Car la collection compte encore un important ensemble d’œuvres – peintes, dessinées ou gravées - de Lyonel Feininger, représenté ici par un choix d’œuvres peintes et d’aquarelles.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Mme Marina Ferretti-Bocquillon.
L’exposition est visible jusqu’au 13 juin.

Les photos - courtoisie de la Fondation Gianadda


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