L'affaire DSK : comment garder raison ? Et s'il est innocent, les implications ?

L'auteur de ces lignes n'est pas DSKidolâtre. A la tête du FMI, le socialiste français a perdu le socialisme en cours et a soutenu, de sa voix et de ses convictions, des principes économiques ultra-libéraux redoutables, pour et contre la Grèce, le Portugal, l'Irlande. De nombreuses notes sur ce blog ont énoncé ces principes et leurs effets, dramatiques. Aujourd'hui, des ennemis, de droite et de gauche, de DSK, se réjouissent et disent "bon débarras". Mais si nous réclamons l'égalité de traitement et de droits pour un citoyen modeste, puisque les puissants sont si souvent favorisés (cf la Justice française), il va de soi qu'un citoyen riche et aisé a les mêmes droits qu'un autre, et que la présomption d'innocence, si souvent bafouée pour des suspects ou des inculpés modestes, est tout aussi valable pour un citoyen aussi fortuné que M. Strauss-Kahn. Un homme comme lui a t-il pu commettre les actes dont il est accusé ? Comme n'importe qui. Mais un homme comme lui a t-il pu perdre la raison pour une femme de chambre séduisante ? Parce qu'il était patron du FMI ? Justement, on peut se demander comment un homme à ce niveau de responsabilité a pu les oublier pour ce qu'il pouvait et peut obtenir auprès de sa femme, voire de ses supposées maîtresses. Alors certains mélangent tout : ses supposées fréquentations constantes de clubs libertins, Polanski, etc. Mais si l'on veut même admettre que M. Strauss-Kahn fréquente de tels clubs, ceux-ci reposent sur la volonté libre, le consentement librement donné, et s'il s'est habitué à de tels jeux de séduction, pourquoi subitement aurait-il eu besoin et désir de devenir agresseur ? Tout est possible, mais un complot l'est aussi. Le lieu interroge (un hotel qui appartient à une chaîne française). Les premiers informés interrogent - des partisans et membres de l'UMP. Et s'il s'agit d'un complot, la manipulation des pièces à conviction (l'usage de l'ADN) est également en jeu, possible, et à ne pas prendre pour argent comptant. Les temps déclarés et considérés des faits, agression, déplacements, etc..., interrogent aussi. Des élus de droite tentent de faire des amalgames : ce dont M. Strauss-Kahn est accusé et pour l'heure sans que des certitudes soient judiciairement établies, la gauche devrait en répondre. Etrange accusation : M. Chirac est poursuivi pour des faits financiers importants. La droite doit-elle en répondre ? Le parrain de Mme Le Pen est en prison pour des faits extrêmement graves : le FN doit-il en répondre ? Pourtant, Mme Le Pen tente d'instrumentaliser des faits INDIVIDUELS pour des conclusions générales. Elle autorise ainsi celles et ceux qui ne veulent pas laisser salir la gauche et la France par des amalgames à rappeler l'affaire de son parrain.

Concernant ces "affaires de moeurs", il est vertigineux de recevoir des leçons de la part des pouritains, celles et ceux qui, toutes les études sociologiques et éthologiques l'ont démontré, fabriquent le plus grand nombre d'obsédés sexuels et de criminels sexuels. Et en l'espèce, si DSK n'a pas esquissé le moindre geste à l'égard de cette femme, le fait qu'il soit visé par une telle mise en cause sur son goût pour les relations de séduction est en outre encore plus injustifié, scandaleux au pays du X roi.

Et si la vérité était médiane ? : cet homme et cette femme auraient eu des relations, ce qui aurait ainsi permis à cette femme de le griffer et d'avoir sur lui des dépôts ADN. Et sans que personne ne lui ait rien demandé, elle aurait pu décider de se retourner contre cet homme, par dégoût, haine, ou recherche de l'intérêt.

Tout est possible. Et une telle affaire ne peut et ne doit pas nous empêcher d'avoir le DESIR DE CE POSSIBLE, que ce soit dans les vies individuelles où tout n'est pas encore régi par la contractualisation financière (quelle ironie pour le patron du FMI), comme dans les projets politiques pour nous, la France, pour 2012.

Je souhaite, comme à toute personne mise en cause, accusée, à M. Strauss-Kahn, que les enquêteurs de cette affaire soient remarquables. Et s'il est coupable, je le souhaite pour cette femme.

Mais dans ces circonstances, au coeur de la Justice, je ne connais qu'un principe absolue et sublime : la "vérité".