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Claire la nuit, de Serge Ritman (par Alain Helissen)

Par Florence Trocmé

Ritman Cela fait quelques décennies que Serge Ritman (Martin) poursuit un activisme poétique répercuté sur de multiples fronts : celui des revues − il co-anime la revue Résonance Générale, participe à la revue pédagogique Le français aujourd’hui −, celui des essais, celui de la critique, celui de l’organisation de colloques, celui de la lecture publique…S’il est particulièrement attentif − et réactif − à la poésie contemporaine (on lui doit une remarquable anthologie critique présentant trente poètes d’aujourd’hui, paru en 2010 aux éditions Armand Colin) son œuvre poétique propre constitue l’une des plus attachantes qui soient. De livre en livre elle s’attache à étayer, sous des formes diverses, l’idée maîtresse d’une poésie relationnelle trouvant sa raison d’exister dans et par le langage, une poésie placée sous le signe de la rencontre, associant je et tu dans une intimité totale. Pour Serge Ritman, écrire le poème obéit à un désir de relation amoureuse faisant de l’impersonnel de la langue le personnel de qui l’écoute. Où le dire et l’être fusionnent en vie. Claire la nuit résonne précisément d’un verbe insufflant la vie. Sous-titré « mélanges », l’ouvrage, ainsi que s’en explique l’auteur en fin de volume, ne s’inscrit pas dans une mode actuelle célébrant les mélanges éclectiques de la pensée contemporaine, brasseuse d’une « idéologie de la convergence. » Ni « poéthique », ni « philosophène » : rendre compte du réel ne saurait faire l’impasse de l’expérience du poème, de « l’irradiation de la voie lactée du poème », « un poème-relation à hauteur de chaque homme dans la nuit. » Et Claire nuit réussit pleinement son irradiation poétique − nullement nocive, celle-là − au travers d’heureux mélanges déclinés en cinq mouvements. Y sont conviés, comme autant de lumières complémentaires, des écrivains et des cinéastes dont les films ont inspiré à Serge Ritman des « notes dans le noir ». Autre invitée, et c’est là pratique quasi courante dans ses publications poétiques d’y mêler des travaux plastiques, Laurence Maurel qui livre ici quelques lavis. Soulignons, pour terminer, l’excellent travail d’impression et de façonnage réalisé dans « la tradition artisanale de l’imprimerie » par l’Atelier du Grand Têtras, par ailleurs éditeur de l’ouvrage. 
 
[Alain Helissen] 
 
Serge Ritman, Claire la nuit, éd. L’Atelier du Grand Têtras ; 128 pages ; 15 €  
 
Poezibao publie aujourd’hui une autre note de lecture de ce livre (par Yann Miralles)  


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