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Étant donné le retard que j'ai pris en matière de reviews et mon emploi du temps assez chargé ces temps-ci, j'avais prévu de te faire le coup de l'ellipse narrative au moment de publier un compte-rendu incohérent mais plein d'amour du concert de Pulp.
Mais c'était sans compter sur Wire, qui étaient hier soir au Rockstore. Un concert que je ne pensais pas apprécier autant, et à vrai dire un concert auquel je n'étais vraiment pas certain d'assister puisqu'à 15h le jour même, je n'avais pas encore de billet. Vu mon état de fatigue sur le moment, j'ai un peu regretté l'achat mais au vu du concert, je me dit que c'est si je n'y étais pas allé que j'aurais eu des regrets (enfin non, parce qu'une lecture de review, aussi bien écrite soit-elle ne te fait jamais vraiment regretter d'avoir manqué un concert).
Sieste oblige, je suis arrivé pile pour Wire et n'ai donc pas vu la première partie.
Ce qui frappe tout de suite c'est non seulement que le public est relativement nombreux, mais aussi qu'il n'est pas composé uniquement de quinquagénaires comme on pourrait s'y attendre. En fait, ce concert a un côté réunion de famille, puisqu'on y retrouve tous les descendants qu'a pu engendrer Wire depuis 1977 : tu retrouves donc ton oncle qui était déjà là à l'époque, mais qui depuis a connu une inversion capillaire : son mohawk étant en négatif, son petit frère, qui était trop jeune pour les voir en même temps que lui, mais qui l'a tellement regretté depuis qu'à 40 ans passés, il danse sur chaque chanson comme si sa vie en dépendait (c'est d'ailleurs à lui que l'on doit le titre de cet article), leurs cousins en t-shirts CBGB, leurs neveux art-rockers qui arborent barbes et lunettes et qui sont aussi tes grands cousins, enfin, tes cousins éloignés métalleux et tes cousines amatrices de poppers sont aussi de la partie.
À première vue une fosse très disparate, mais on sent bien qu'au fond on a tous quelque-chose en commun qui fait le beauté d'une famille.
Du point de vue du concert en lui même, on est face à un groupe inexpressif au possible qui se contentera de brefs 'merci' en fin de concert, et début et fin des rappels. Mais en même temps, on sait qui on est venu voir et la qualité du concert n'en pâtit absolument pas.
On décèle une intelligence impressionnante dans les choix d'un groupe qui s'est justement toujours démarqué par celle-ci. Les chansons ont beau être toutes annoncées de la même façon par 4 coups de baguettes, elles parviennent à chaque fois à mêler parfaitement complexité et simplicité, et ce, qu'elles durent moins de 2 minutes ou plus de 5 (bon, j'aurais préféré en voir un peu plus de moins de 2 quand même), et surtout, elles s'agencent à merveille dans une setlist surement mûrement réfléchie aussi, qui trouve l'équilibre parfait entre chansons courtes et longues, dernier album et chansons plus vieilles, les montées et descentes du concert sont maitrisées à merveille.
Et même si il ne le laisse pas transparaitre, le groupe doit quand même être heureux d'être là puisqu'il nous gratifie de 2 rappels pour un concert d'environ 1h30 au total.
Sur le 'Pink Flag' final, Colin Newman nous fait presque croire qu'il veut nous prendre en photo avec son téléphone (le rituel de la photo de famille, très pratiqué dans certains festivals) mais nous rassure assez vite en nous montrant que le groupe est loin d'avoir cessé l’expérimentation, puisque le portable servira juste de source d'ondes électromagnétiques pour torturer ses micros de guitare.
Wire fait donc partie de ces groupes que les années atteint uniquement physiquement , mais dont la qualité de la musique ne faiblit pas.
Alors écoutes donc mon oncle d'un soir "Vous les reverrez jamais ! Bah oui, après ils vont mourir" et ne les manques pas si l'occasion se présente.