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L'affaire DSK, entre déni de la réalité et mépris du peuple

Publié le 17 mai 2011 par Melusine

L'affaire Dominique Strauss-Kahn ne relève pas du simple fait-divers sordide. Elle est plus que cela, à la fois un détonateur et un révélateur. Un détonateur pour l'oligarchie politique tétanisée qui se croyait au-dessus de tout et des lois, et soudain sent passer le vent du boulet. Pour le Parti socialiste plus spécialement, bien parti pour être pulvérisé en vol. Un révélateur ensuite de ce que ces Messieurs pensent vraiment. De la façon dont ils nous considèrent, nous tous et toutes. Leurs mœurs, leurs manières, leurs idées réelles sous les discours de façade. Un révélateur surtout pour nous tous de ce qu'ils sont...

Que DSK tombe pour viol ne surprend que les hypocrites. Ce qui surprend en revanche c'est la réaction des Français. Pas des Français à vrai dire, mais du petit nombre auquel les médias donnent la parole. Cette réaction ouvre comme une fenêtre sur leur psychisme profond. Voyons d'abord les politiques. Contempler à la télé, comme dans un miroir, leur alter ego menotté les a tous laissés, à droite comme à gauche, si-dé-rés. C'est leur propre terme, sans cesse repris comme un mantra. Pire : alors qu'en France, l'affaire aurait très certainement été étouffée, comme l'ont été ces dernières années plusieurs affaires de pédophilie impliquant des politiques, l'affaire DSK se passe aux USA, et ça change tout. Là, ce petit milieu n'a pas prise. La chute est brutale pour DSK, certes, mais curieusement, les autres semblent s'être vus chutant avec lui. Un rêve très désagréable !

Mais pourquoi ? Pourquoi l'accompagnent-ils dans sa chute, quand la plus élémentaire prudence commanderait de se tenir en retrait ? Cette prudence que bizarrement tous invoquent à mauvais escient, ils sont incapables de l'appliquer eux-mêmes.

Deux explications me viennent. Soit cet effet miroir qui montre que les politiques, de quelque bord qu'ils soient, se sentent une solidarité de caste au-dessus du bas peuple pour qui seul ces choses qui ont nom police, justice, prison, s'appliquent. Ils se sont mentalement abstraits du peuple. Les lois, les bonnes mœurs, le respect des autres... c'est pour les autres. Eux relèveraient d'une loi supérieure qui se résume grosso modo à l'impunité, ou du moins un traitement de faveur dans les cas - qu'ils espèrent rares - où leurs écarts de conduite (mœurs ou corruption) seraient rattrapés par la justice.

Alors voir DSK rabaissé au rang d'un prévenu comme un autre, ça leur fait un de ces chocs !

Soit ces Messieurs pensent à l'inverse de ce qu'ils prétendent : les socialistes sont anti-sociaux et n'ont que mépris pour la "femme de ménage", les féministes sont hostiles à la femme, cette "pute", les anti-racistes crachent sur la Ghanéenne, "pute" aussi comme par définition, selon les injures et insinuations que l'on entend depuis dimanche. Voilà qu'ils tombent le masque. Surprenant ? Pas tant que ça quand on connaît un peu le milieu, ses mensonges, ses veuleries et ses propos off.

Florilège :

Pour Jean-François Kahn le "troussage de domestique" n'est pas un viol, juste "une imprudence" (France-Culture, 16 mai 2011).

Pour Jack Lang, "il n'y a pas mort d'homme" (France 2). En effet, juste le viol d'une femme.

Pour Pierre Moscovici (BFM-TV) ce qui est "immonde et dégueulasse" ce sont les propos de B. Debré, cf. Strauss-Kahn, le candidat détraqué. Et DSK, ce n'est pas un gros dégueulasse ?

Pour Bernard-Henri Lévy, "très en colère", qui trouve "répugnant" qu'on parle de crime sexuel, il est "dégueulasse" qu'on puisse traiter tout le monde pareil, parce que "tout le monde n'est pas pareil" (France Inter). BHL poursuit : "le président du FMI ... menotté !... n'est pas un quidam" quelconque.

Où donc a-t-on rangé la guillotine ?

Une dernière explication... est pire ! Elle n'est pas de moi mais on me souffle que beaucoup traînent peut-être des casseroles du même ordre. Cela vaut pour certains assurément, dont les délits sexuels sont à la fois notoires et tus, et peut expliquer certaines réactions outrancières et faussement outragées.

Et puis il y a des raisons psychologiques plus particulières, comme celles qui poussent Madame Boutin à casser son image de petite catholique par un discours de poissarde... 

On notera les quelques politiques, d'horizons variés, qui sauvent l'honneur (Marine Le Pen, Bernard Debré, Nathalie Kosciusko-Morizet, Clémentine Autain). On voit d'ailleurs que cette affaire bouleverse les clivages habituels.

Curieuses aussi sont certaines réactions du "peuple de gauche". Les électeurs qui s'étaient laissés convaincre de voter DSK sont pris dans la tourmente comme si inconsciemment la condamnation du détraqué les rendait complices. La nouvelle est d'autant plus difficile à admettre pour eux que précisément ils s'apprêtaient à porter ce type au pouvoir. Alors ils essaient désespérément de se rattacher aux branches. De ne pas voir. Cachez-nous ces menottes ! Ils prétendent voir des incohérences dans l'affaire alors que tout converge. Cherchent des zones d'ombres où se réfugier eux-mêmes. Juste en passant : quiconque est déjà descendu à l'hôtel, de luxe ou pas, sait bien que les femmes de chambre viennent y faire le ménage en fin de matinée, que vous y soyez ou pas. Ces malheureux s'inventent d'invraisemblables complots alors qu'hier encore ils étaient les premiers à vilipender la "théorie du complot", à dénoncer le fascisme de ceux qui doutent de la version officielle du 11 septembre. Pour ceux-là on ne prenait pas de précautions oratoires. Ah, ils avaient beau jeu d'attaquer une Marion Cotillard ! Les voilà fins, maintenant !

Amusant aussi de constater chez les adeptes du "changement" la peur panique que provoque un simple changement de repères !

Le "meilleur des socialistes" était donc un délinquant sexuel. Il va pourtant vous falloir admettre ça, ou périr avec lui !


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