Voici un autre poème de Narahari, tiré de son Essence de l’Éveil (Bodhasâra) :
Dans le Sommeil
Les trois états de veille, de rêve et d’inconscience
N’existent pas,
Car ce Sommeil échappe à tous les couples de contraires. 1
Il n’y a pas en lui la moindre trace de torpeur
Car il transcende les trois modalités[1].
De fait, on y voit rien de caché non plus,
Car il est auto-lumineux. 2
Pour l’atteindre, les ascètes les plus vertueux
Entreprennent leur ascèse,
Et les lettrés méditent
Les paroles du Vedānta. 3
Son fruit n’est pas une expérience (passagère) de bien-être,
Puisque son essence même est félicité.
Et, comme il est (aussi) l’essence des buts de l’homme,
Il n’est pas une perte de temps ! 4
Facile à atteindre pour ceux dont la compréhension est pure,
Il reste hors de portée pour ceux qui se dévouent aux plaisirs des sens.
Pour les fils de Kṛṣṇa et autres (dévots) il est inné,
Mais (dans tous les cas), ce Sommeil est le Souverain Bien. 5
[1] La légèreté (sattva), l’agitation (rajas) et la torpeur (tamas).