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Jérôme Ruillier – Les Mohamed

Par Yvantilleuil

Liberté, égalité & fraternité ?

Jérôme Ruillier - Les MohamedCe roman graphique, publié avec le soutien d’Amnesty International, adapte l’œuvre de Yamina Benguigui : Mémoires d’immigrés ! À travers les témoignages recueillis par Yamina Benguigui, Jérôme Ruillier apporte un éclairage bienvenu sur l’histoire de l’immigration maghrébine. Divisés en trois parties (les pères, les mères, les enfants), ces témoignages se complètent au fil des pages et offrent une vue d’ensemble sur le ressenti et le vécu de ces gens mal accueillis dans un pays auquel ils se sont finalement attachés.

Les pères, ce sont Khémaïs, Abdel, Ahmed et les autres. Une main-d’œuvre bon marché, appelée en renfort par une France qui accepte volontiers ces bras supplémentaires qui viennent faire tourner ses usines, mais qui n’acceptera leurs différences qu’en de trop rares occasions, tel que la Coupe du Monde 1998. Des gens qui choisissent l’exil dans l’espoir d’une vie meilleure et qui se retrouvent souvent condamnés à exécuter des basses besognes dans des conditions de vie déplorables. Liberté, égalité, fraternité ???

Les mères, ce sont Zorah, Fatma, Yamina, Djamila…et les autres. Des femmes qui « profitent » du regroupement familial autorisé par Valéry Giscard d’Estaing pour rejoindre leurs hommes … dans la misère et l’isolement. Des femmes qui traversent la méditerranée en quelques heures, mais qui ont besoin de beaucoup plus de temps pour franchir le fossé culturel qui sépare les deux pays.

Les enfants, ce sont Farid, Myriem, Naïma… et les autres. Des gosses qui ont vu leurs parents courber l’échine pendant des années, qui veulent relever la tête et affirmer leur identité. Certains ont été élevés dans l’espoir d’un retour au pays, alors que d’autres ont été encouragés à s’intégrer, mais quasi tous se retrouvent le cul entre deux chaises, balancés entre leurs origines et ce pays qui a imposé un parcours du combattant à leurs parents et où « intégration » est un joli mot, mais rarement un fait.

Au niveau du graphisme, Jérôme Ruillier (« Le cœur-enclume »)utilise des formes universelles pour donner corps à ces immigrés, soulignant ainsi que ces récits ne sont pas ceux d’une personne, mais de tout une communauté, celle des Mohamed. Ce dessin d’une grande sobriété, voire même un peu enfantin, permet de ne pas faire d’ombre à ce texte écrit à la main. L’auteur profite également de moments de respiration entre les différentes histoires pour se mettre en scène et partager ses propres pensées. Ces propos tombent malheureusement comme un cheveu dans la soupe et n’apportent absolument rien au récit.


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