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MA PART DU GATEAU de Cédric Klapisch

Publié le 19 mai 2011 par Celine_diane
MA PART DU GATEAU de Cédric Klapisch
Si Paris avait un petit côté bobo insupportable, surtout venant de Klapisch (Le Péril Jeune, L’Auberge espagnole), Ma part du gâteau répare le faux pas du cinéaste et offre une belle comédie, plus fine que manichéenne, ancrée dans son époque, animée d’un esprit de révolte louable, gonflée par un anticapitalisme réjouissant. La rencontre de France ( !) et de Stéphane (américanisé en Steve au boulot) puise dans ses apparentes caricatures (le trader versus la femme de ménage) beaucoup de vérités sur la France d’aujourd’hui, détournant ses clichés en portraits bien sentis. Lorsque France (Karin Viard, géniale) quitte son Dunkerque familial pour un Paris plein de promesses et se retrouve à bosser pour le mec (Gilles Lellouche, définitivement très doué) responsable de la fermeture de son usine, riches et pauvres se font face à face, France d’en haut contre France d’en bas, ouvriers contre patronat. Proche du cinéma de Jolivet, Klapisch veut bousculer les codes et les attentes. C’est tant mieux. Et réussi. Ainsi, le film est très drôle, grâce à des dialogues et situations piquantes, qui ne ferment jamais les yeux sur ce qu’ils dénoncent : le cynisme incroyable de l’un, la générosité de l’autre, appuyant là où ça fait mal (inégalités sociales, perte des valeurs, course à l’argent).
Le cinéaste passe du coq à l’âne : d’abord, engagé, son film est politique ; puis, bascule très rapidement du côté de la comédie romantique, Lellouche en Richard Gere, Viard en Julia Roberts, vivant une romance franchouillarde aux allures hollywoodienne où le riche s’entiche de la pauvre pour (peut-être ?) la sauver. L’occasion pour Klapisch de s’amuser de la naïveté des spectateurs, et de signer des séquences amusantes- à l’image d’une scène au Lidl du coin sur un air de Roy Orbisson. Car la Pretty Woman de la France contemporaine ne souhaite plus dévaliser les magasins huppés de Los Angeles, mais- simplement- remplir son caddie. Le final, d’une puissance authentique- où la rébellion populaire et le rappel fort à la solidarité comme seule issue n’apparaissent aucunement comme grossiers- explose le conte de fées attendu et expose crument la réalité sur la table : le con reste con, l’argent corrompt toujours tout, l’essentiel et le sens de la vie étant à trouver ailleurs. Dans la lutte. Dans l’intégrité. Dans la force des idéaux. Dans l’amour que l’on donne, et donc- que l’on reçoit.
MA PART DU GATEAU de Cédric Klapisch

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