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La gueule de bois de l'effet de levier

Par Frednetick

Je viens de basculer du côté obscur de la force…J’ai reçu le livre de John Hull, “Options futures et autres actifs dérivés” qui est aux traders ce que la bible est aux bigots, leur livre de chevet.

780 pages de mathématiques financiers (plus ou moins compliqués) et de techniques fianncières. Autant vous dire, le début est fascinant, bien que la conceptualisation de certains outils me laisse pour le moment dans un océan de perplexité.

Au bout de 15 pages vous avez déjà une idée assez bien formée de pourquoi la finance est devenue barjot, c’est tout à la fois rassurant et super flippant, tant les possibilités sont immenses.

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)

Pour vous mettre en appétit (je ne vous conseille pas forcément de dépenser les 56€ nécessaires, profitez-en pour me suivre sur le chemin de ma découverte) , morceaux choisis de choses basiques.

Parmi les traders ont trouve trois catégories de personnes, toutes ont un pistolet chargé tandis que les autres creusent.

Les Hedgers tout d’abord qui utilisent les outils financiers pour couvrir le risque, se prémunir contre les variations monétaires notamment. En général, à ce que j’en ai compris jusqu’ici, ils utilisent des contrats Forward.

Ce sont des contrats, appuyé à un actif ou un dérivé, dont le prix et l’échéance sont scellés à un jour X, plus ou moins lointain de la date d’échéance. Le prix forward K ,fixé par les parties, aujourd’hui, restera le même tandis que le prix spot ST, le prix du jour, va continuer de varier. Si K > ST, autrement dit si le prix fixé à l’avance est supérieur au prix spot du jour d’échéance, vous vous êtes fait grillé.

Dans le cas inverse, le prix du jour est supérieur au prix forward et vous avez couvert convenablement votre actif. Si vous dites aujourd’hui je vends 100Kg de cuivre au prix de 10€ le kilo à échéance du 1er juin et que le 1er juin celui-ci vaut 12, vous avez perdu. S’il côte 8, vous êtes gagnant… Bref vous couvrez le risque de voir votre actif dévalué.

Les arbitragistes, trop éphémères pour que l’on en parle beaucoup, mais qui jouent avec les différences de cours entre les bourses (Nick Leeson était de ceux là).

Enfin les spéculateurs, ceux dont tout le monde parle. Dans leur main - et au bout de 15 pages seulement n’oublions pas - des options.

Une option peut être d’achat, et se nomme alors call, ou de vente,nommée put. Comme toute option, vous êtes en capacité de la lever ou non, à la différence du forward où vous devez acquitter la créance (sauf à l’avoir revendue…).

Prenons un cas concret. Vous anticipez une hausse de l’action Yahoo!, car vous savez pertinemment que Bill Gates commence en avoir plein les lunettes de Page et consorts, les petits gars de chez Google. Vous avez devant vous 1.000.000 de dollars (soyons fous).

Deux choix s’offrent à vous.

  1. Vous achetez 1.000.000 de dollars d’actions Yahoo!, soit 31.250 au cours de 32$ , en attendant que M$ déclenche la guerre qui valorisera l’action le plus haut possible.
  2. Vous achetez 1.000.000 de dollars d’option de call (d’achat) en fixant à 37$ le prix d’exercice, chaque option vous coûtant 2$, soit 500.000 options. (37$ parceque l’action varie peu, un prix futur anticipé de 5$ est donc risqué donc moyennement cher).

Dans le premier cas, lorsque l’action Yahoo! atteint 48$, vous vendez. Vous obtenez alors (48 - 32 ) X 31.250 = 500.000$. C’est bien.

Dans le second cas vous levez votre option call qui vous permet d’acheter vos actions au prix d’exercie de 40$ pièce. Rappelez vous, vous avez 400.000 options. L’action côtant 48$ vous pouvez désormais empocher (48 - 37) X 500.000 - 2 X 500.000 = 4.5 millions, 9 fois plus.

Vous venez de comprendre pour quoi les produits financiers actuels incitent à la démeusure. Tout est virtuel jusqu’au dénouement de la position. D’ailleurs en vous fixant 500.000$ de gain vous auriez pu n’engager que 112.000$ soit 56.000 options (48-37) X 56.000 - 2 X 56.000 = 504.000$.

Une mise 10 fois moindre pour un même résultat, c’est la magie de l’effet de levier, ce maniement mystique de l’argent virtuel.

Un dernier chiffre pour vous donner le tournis. En 2004, la valeur des contrats “virtuels” s’élevait à (attention aux enfants) 224.000 milliards de $ alors que le PIB mondial était de 50.000 milliards $. Quand à leur valeur réelle, elle n’était que de 6.400 miiliards… La différence? Le prix de la confiance.

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