La yourte interdite et autres histoires idiotes
Parfois, il ne sert à rien d’analyser longuement une situation pour en saisir toute l’essentielle absurdité. Comme j’ai un bouquet de trucs idiots glanés un peu partout, je vous le livre, tel quel.
Le droit de propriété, tout comme le droit d’expression, est un droit fondamental dans tout pays dit libre. Nous sommes en France : ce droit est donc généreusement bafoué.
Eh oui : tous les citoyens ont, de fil en aiguille, d’élections en compromis politiciens, toujours voulu se mêler des affaires des autres et être absolument sûrs que ce qu’on faisait chez soi rentrait dans le cadre strict de ce que les autres, autour, pouvaient juger autorisé, quand bien même (et surtout si) ils ne sont en rien concernés.
Et lorsque la République, tendre et câline qui n’hésite pas à se mettre en quatre pour aider tous et chacun en les noyant dans d’onctueuses subventions, remarque que vous faites l’original, que, sur votre propriété, vous décidez de vous la jouer cow-boy, que vous tentez la différence … la République, aimante et pragmatique, vous broie les petons au pilon pneumatique.
Cas pratique : vous installez, sur votre terrain, une yourte traditionnelle en peau de yaks ou de buffle ou de gerboise si ça vous amuse — il faudra compter 12.000 gerboises, c’est tout — et vous déclarez dûment le camping à la mairie, qui vous donne son aval. Bref : vous faites tout bien comme on vous dit de faire, là où on vous dit de le faire, au moment où on vous dit de le faire.
La République (en l’espèce, l’administration de l’équipement), découvrant que vous pouvez donc vous passer d’un permis de construire, va donc absolument tout mettre en oeuvre pour vous fermer le clapet : rîndez vous compte, m’ame Ginette, si jamais on laisse faire, les gens vont pouvoir se loger dans des tentes à peu de frais ! Ça commence comme ça et c’est le bazar, m’ame Ginette.
Eh oui, la République sait très bien être citoyenne & festive, mais faut pas pousser, sinon, elle tarte sévère.
Cette histoire est particulièrement agaçante et empiète très manifestement sur la liberté de disposer raisonnablement de sa propriété comme on l’entend, mais heureusement, au jeu du « Qui s’enfonce dans la bêtise le plus vite », la sociale-démocrassie gagne toujours.
Par exemple, vous avez économisé de l’argent des taxes que vous n’avez pas payées en narguant l’État depuis votre yourte. Jusque là, rien d’anormal si ce n’est qu’on va vous redresser tout ça à coup de pelleteuse. En attendant l’aplatissement citoyen réglementaire de votre foyer, vous décidez d’acheter des livres numériques parce que le papier, c’est bien joli, mais ça prend de la place et dans une yourte, ça manque un peu, l’espace.
Et là, stupeur, vous vous rendez compte que si vous achetez les exemplaires numériques depuis la Fraônce, ils sont plus chers que si vous le faites depuis ailleurs. Eh oui : enfin, youpi, soulagement, le livre numérique va subir la même pression débile que le livre papier et faire bénéficier à votre pouardachat la même sodomie que celle qu’on pratique joyeusement depuis la Loi Lang sur le prix unique du livre. Les débris miteux de l’Assemblée Nationale, dans leur immense clairvoyance, ont en effet voté l’application du prix unique du livre aussi pour le numérique.
Amusant rappel : le prix du livre bénéficie d’abord aux grosses boutiques et grands centres multimédias, et favorise donc l’extinction des petites librairies, ce que la mesure était censée combattre au départ.
Remarque intéressante : pendant que nos fossiles de la représentation nationale mettent donc des bâtons dans les roues à nos productions nationales, les livres numériques se vendent, eux, comme des petits pains outre-atlantique. Après ça, les mêmes viendront pleurnicher qu’on se laisse doubler par les méchants ‘ricains.
Anecdote croustillante : pour ce genre de fanfrelucheries où il s’agit essentiellement de plaire à de gros lobbys joufflus, les députains et les politocards n’ont aucun problème pour se mettre en porte-à-faux avec Bruxelles. Comme quoi, la taille des gonades que ces frétillants anus louent en time-sharing varie grandement d’un sujet à l’autre.
Parce qu’a contrario, pour ce qui est de pratiquer une politique toujours plus consternante, là, on trouvera toujours un abruti courageux pour porter haut les couleurs de la Régulation Frivole.
Nous parlions de Bruxelles, restons dans le plat pays et intéressons-nous rapidement à Laurent Louis, intéressant spécimen de parasite thermophile à la mine réjouie de l’abruti qui s’ignore : il propose, sans rire, d’instaurer un permis pour avoir des enfants.
C’est évidemment parfaitement, implacablement, hermétiquement idiot mais pas du tout étonnant : plus on donne de pouvoir à des gens qui n’ont jamais été choisis sur le volet pour leur intelligence, plus on s’expose à ce genre de production douteuse.
Ce qui est relativement inquiétant est que ce genre d’occurrence tend à se multiplier. Si, en Belgique, ce genre de saillies est fréquent, en France, cela passe maintenant totalement inaperçu.
Ben si. Regardez Jack Lang (oui oui, l’autre andouille qui instaura jadis le prix unique) : il nous explique que, pour l’affaire DSK, on doit pouvoir laisser le prévenu en liberté puisqu’« il n’y a pas mort d’homme ». Regardez Jean-François Kahn déclarer que son ami Strauss-Kahn aurait simplement ripé dans une domestique. Un « simple troussage », rien de plus. Regardez Elizabeth Guigou regretter que (oh mais enfin quoi bon à la fin) « la présumée victime est davantage protégée que le présumé innocent ! » Regardez BHL, regardez les autres. Et quand ce n’est pas à gauche qu’on dégoise des énormités, ce sera à droite (rappelez-vous des meilleures aphorismes de Lefebvre ou d’Hortefeux, par exemple…)
Pas la peine, finalement, de se moquer des Belges.
Tout le monde sait, maintenant, à quoi s’en tenir : le monde politico-médiatique est vicié. Il l’a toujours été, notez bien. Simplement, maintenant, avec la puissance d’internet, et la facilité qu’a le peuple de s’enquérir par lui-même de ce qu’il veut savoir … plus moyen de se cacher, de faire oublier les affaires et les petites phrases idiotes.
Une demi-bonne nouvelle, dans ce bouillonnement de bêtises ?
Oui : ceux qui, finalement, sont les premiers à subir la déferlante de régulations idiotes et doivent les lire minutieusement pour les faire appliquer sont de plus en plus souvent … absents. La fonction publique territoriale découvre que la grande tendance de la mode automne-hiver 2011/2012 chez ses agents sera portée pâle.
C’est une demi-bonne nouvelle, puisqu’on peut se dire que même eux commencent à se lasser de l’absolue stupidité du système dans lequel ils nagent, au point d’en tomber malade. Ce n’est qu’une demi-bonne nouvelle parce qu’accessoirement, cela veut aussi dire que ceux qui ne sont pas absents sont de plus en plus chargés de travail, qu’on risque encore d’avoir des suicides sur les bras — dont les journaux ne parleront pas, c’est mieux lorsque c’est dans une ex-entreprise d’État devenue privée — et que finalement, pour le contribuable, la facture s’alourdit de toute façon.
En conclusion, je vous encourage donc à vivre dans une yourte, y acheter des livres numériques via proxy étrangers pour les obtenir moins cher, y faire des mômes sans permis et attendre sagement que l’État s’écroule doucement sous sa propre obésité.
Le spectacle promet d’être amusant.
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