Animal Kingdom de David Michôd
Par Catherine93
J. est apathique presque tout au long du film, du moins est-il insaisissable. Sa mère vient de mourir d'une overdose d'héroïne: long plan-séquence inaugural qui nous introduit dans la violence ordinaire d'une famille de gangsters dans les années 80. Famille qui aspire à la normalité, c'est-à-dire à l'investissement en bourse, plus rentable que les braquages à la réussite bien trop aléatoire. La douceur de la matriarche est trompeuse, vénéneuse. Elle oscille entre l'amour limite incestueux avec ses baisers un peu trop appuyés auxquels se soumettent contraints ses grands truands et la menace qu'elle brandit contre des policiers de l'Antigang dont on constate qu'ils sont plus dangereux que les malfaiteurs eux-mêmes.
La tragédie est en marche car le pion central est J. Que va faire l'orphelin? Basculer du côté de la police ou bien prendre la relève de ses oncles? Animal Kingdom est un polar très noir, très dense et particulièrement tendu à la violence maîtrisée.