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film: "Habemus Papam" de Nanni Moretti ( vu à Salerno)

Par Dina_gar

   Le Pape est mort, il faut en élire un nouveau  .On réunit le conclave , très beau début du film où les cardinaux défilent en répondant "ora pro nobis" à chaque saint cité , ils demandent déjà leur protection ...J'avoue ne pas avoir repéré Michel Piccoli dans les premières images , il est perdu dans la foule des cardinaux... Puis ils s'installent et le vote commence .Il faudra plusieurs tours pour arriver à l'élection de Melville (Michel Piccoli , peut-être celui qui avait le moins envie d'être Pape) . Pendant ces tours  on sent l'angoisse qui monte parmi les cardinaux, elle finit par s'entendre avec un murmure qui va crescendo jusqu'à la crise du nouveau Pape : alors qu'au balcon il s'apprète à bénir la foule , il tombe , il hurle ,il ne veut pas être pape , il n'en a pas la force; ce pouvoir l'effraie , il n'en veut pas  (j'ai pensé à tous ceux qui se battent pour  l'avoir , les politiques en particulier...)   On fait venir un psychanalyste (Nanni Moretti) qui se révèle impuissant  devant ce cas , d'ailleurs tous ont à faire avec l'impuissance dans ce film .... A l'occasion d'une sortie en ville, Melville  arrive à tromper la vigilance de ses gardes et après une vie privée de liberté , commence pourlui un bain dans un monde qu'il ne connaît pas  . A sa psychanalyste , la femme de premier, il confie qu'il est acteur. Il se retrouve dans le monde du théâtre  avec une troupe qui  répète "la mouette" de Tchékhov. Son visage s'illumine , il aurait presque envie de jouer lui aussi , avoir un rôle à jouer dans ce nouveau monde.  Film où tous jouent un rôle, que ce soit dans le monde fermé du Vatican où même le psychanalyste semble s'accommoder de ne pouvoir sortir et où il s'improvise entraîneur de volley ball pour occuper les cardinaux infantilisés ,que dans le monde dit libre où on joue à être quelqu'un d'autre..   Jeu remarquable aussi du porte-parole du Vatican qui ment à propos du nouveau pape qu'il dit cloitré dans son appartement alors qu'il a disparu ...   On retrouve la trace du pape et il est "cueilli "  au théâtre -belle scène- alors qu'il s'apprète à savourer la pièce de Tchékhov..... Lui seul a  le courage d'être "vrai" en annonçant du haut du balcon qu'il ne préfère pas être pape (comme un nouveau Bartleby) à la consternation de tous.

   J'ai beaucoup aimé ce film , et même si j'ai ri  aux répliques de Nanni Moretti , le rire est ambigu et j'en suis sortie mal à l'aise.. Et  il m'a habitée longtemps , repensant à des paroles de Melville dites à la psychanalyste  : il sent les gens disparaître , se fondre dans le néant  ; même la ville de Rome est quelconque ,on ne la reconnaît pas. Sa vie loin de tout a rendu Melvllle comme amorphe  ; les psychanalystes aussi n'arrivent à rien ; les cardinaux sont déboussolés quand ils ne peuvent plus s'adonner aux rites habituels.... comme si chacun avait besoin d'un ange gardien qui lui dicte son chemin.... Plus on pense à ce film plus il ouvre des tas de pistes possibles ....


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