Pourquoi la parole d’une femme de chambre sans histoire (en attendant que le rouleau compresseur de la défense n’en déniche ou n’en confectionne quelques-unes) vaudrait-elle moins que celle d’un ponte politique ? L’incohérence des complotistes tutoie l’indigence intellectuelle : les mêmes qui dénoncent les pires travers des dirigeants du globe sont les premiers à discréditer les affirmations d’une modeste employée, soutenant ainsi de fait les dénégations de celui qui était considéré comme l’un des hommes les plus influents de la planète.
N’est-ce pas de l’indignation à géométrie variable, au gré de ce qu’on veut stigmatiser comme Grand Ordonnateur de cette sordide affaire ? Cela débouche sur la négation de ce qu’a vécu cette femme qui a tout autant droit au statut de supposée victime que DSK à celui de présumé innocent. Imaginons simplement ce que serait une Justice qui limiterait son intime conviction à ce type de démarche : ça ne peut être qu’une machination contre l’accusé puisque sa fonction l’exposait à cela. On en frémit d’horreur.
DSK par Plantu
A quel titre un individu, quelles que soient son importance, sa notoriété et ses responsabilités peut-il être hors de portée d’une dérive criminelle ? L’affirmer reviendrait à accréditer l’approche différenciée de l’humanité : ceux qui ne peuvent s’abaisser à abuser d’une obscure domestique et le reste de la masse. Une partie de cette même masse défend aujourd’hui le puissant avec quelques arguments-tonneaux qui tournent de plus en plus vite mais ne font rien avancer.
Par Di Maccio
Que peut donc avoir à faire une anonyme de New York du destin présidentiel de tel ou tel Français, de la déstabilisation d’une personnalité par telle officine, du piège tendu par l’infâme ennemi de l’absous DSK ? Chacun y va de son petit délire mental, entretenant ainsi sa certitude que le monde transmis par les médias est un vaste mensonge. L’apparence est forcément trompeuse et le fantasme s’impose comme la vérité originelle… Ainsi, on peut tout remettre en cause…Cette affaire révèle une opinion publique française majoritairement désabusée, prête à embrasser le plus fantasque des conteurs si la narration nourrit ses défiances. Les faits n’ont aucun poids puisqu’ils transitent par la parole d’un être sans visage, sans épaisseur humaine, une victime dématérialisée en somme, érigée uniquement pour faire choir le potentiel chef d’Etat.

