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Le village de l'Allemand de Boualem Sansal

Par Catherine93

Peut-on survivre à l'Horreur? à ce trou noir dans l'histoire du XXème siècle que constitue la Shoah? Trou noir pour l'histoire de l'humanité tout entière.

Rachel est né de Aïcha et Hans Schiller. Mère algérienne et père allemand. "Avec ses prénoms Rachid et Helmut, on a fait Rachel, c'est resté." [...] "Avec mes prénoms Malek et Ulrich, on a fait Malrich, c'est resté aussi." Voilà les deux diaristes pulvérisés par l'histoire familiale, une histoire atroce et vraie. Comment accepter d'être le fils du Mal et comment lutter contre le Mal quand il se répand en ce début de XXIème siècle dans les cités difficiles des grandes villes?"[...] le pavillon, comme notre maison à Aïn Deb, renferme un terrible secret sur le plus grand crime de tous les temps, à la longue il y a quelque chose qui sourd des murs, qui prend aux tripes, pourrit la tête, rend fou, consume à petit feu." Journal de Malrich, janvier 1997.

Tout au long de cette oeuvre bouleversante qui se présente sous la forme de deux journaux intimes, l'auteur ne cesse de superposer l'horreur du fanatisme islamiste à l'horreur nazie. " Depuis l'assassinat de Nadia par l'émir de la cité sur ordre de son imam, et l'arrivée de la nouvelle équipe, le Borgne, Flicha et leurs kapos, la cité n'est plus la même. C'est déjà un camp de concentration, ça en prend le chemin, on meurt à petit feu, on se barricade, on est fiché, surveillé, constamment rappelé au règlement du Lager, la tenue, la longueur des poils, les gestes à faire, les trucs à ne pas faire, les rassemblements quotidiens, la mobiliation générale du vendredi, la défonce aux sermons, les procès et les châtiments publics, et pour finir on est enrôlé dans les Kommandos de la mort en partance pour les camps afghans. Il ne manque que les chambres à gaz et les fours pour passer à l'extermination de masse. Et pas l'ombre d'un Juste à l'horizon."  Journal de Malrich, Février 1997. Des décennies séparent les deux fléaux mais ils sont identiques dans leur volonté d'éradiquer l'Autre. Le journal de Malrich est un commentaire du journal de Rachel; un lieu où s'épanchent son incompréhension du geste fou de son frère, sa solitude, sa terreur devant la folie islamiste. Quant au prénom juif, Rachel, il symbolise l'incompréhension, voire le cynisme dans la mesure où Hans Schiller fut un fidèle des SS, un admirateur fervent du Führer avant de se réfugier en Algérie après 1945 et d'y devenir un homme respectable et respecté. Et comble de l'horreur le fils aîné incarne physiquement l'idéal aryen.

Ce roman raconte une histoire s'inspirant de faits réels.L'une des grandes questions qu'il pose est comment survivre sous un tel fardeau.


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