de Kem Nunn
Éditions GALLIMARD
Le Sabot du Diable mêle avec bonheur l'intrigue, la mystique du surf, les paysages grandioses et pratiquement vierges du Pacific Northwest et les conflits qui peuvent naître du voisinage entre communautés blanches et réserves indiennes. Mais, comme pour Surf City , Le Sabot du Diable vaut par les relations étroites qui unissent le thème du raté contraint de se dépasser pour ne pas couler et celui du surf en tant que symbole de l'existence humaine.
Dans ce roman, le mystère est presque accessoire : les vagues sont démesurées, il faut marcher des journées entières dans une nature hostile et pratiquement vierge pour y accéder, le brouillard et le froid sont omniprésents, et les forces spirituelles et magiques, dont Kendra est à la fois la victime et le vecteur, renvoient à la quête d'absolu dont le surf est également une manifestation. Et l'absolu est bien là, à tous les instants, car Fletcher dit quelque part que photographier un surfeur dans le tunnel d'une vague, c'est saisir une image unique, une configuration de l'univers qui ne s'est jamais produite et ne se reproduira jamais.