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Les heures silencieuses

Publié le 22 mai 2011 par Sebulon
Les heures silencieusesLes heures silencieuses - Gaëlle Josse
Editions Autrement (2011)
C'est un tableau d'Emmanuel de Witte, peintre hollandais du 17ème siècle, qui représente l'intérieur d'une maison. Dans la pièce la plus proche, une chambre, une femme est assise, de dos, à son épinette. Dans les pièces en enfilade, on aperçoit au fond une servante qui balaye. Le tout est baigné de cette lumière si caractéristique des tableaux de l'école hollandaise, si paisible et si douce.
Dans ce livre, Gaëlle Josse donne vie à la femme du tableau. Il s'agit de Magdalena, fille ainée de Cornelis Van Leeuwenbroek, ancien armateur et administrateur de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Faute d'héritier mâle, c'est Pieter Van Beyeren, la mari de Magdalena, qui lui a succédé. 
Dans son journal intime, du 12 novembre au 16 décembre 1667, Magdalena se souvient de son enfance, marquée par une tragédie qu'elle ne peut se pardonner. Elle raconte sa jeunesse quand elle accompagnait son père à Rotterdam, à l'arrivée des bateaux qui revenaient d'Asie. Elle dit ses regrets de n'avoir pu continuer à travailler avec lui, ce n'était pas la place des femmes.  Elle évoque les bonheurs de sa vie de femme et de mère, la douleur de la perte des enfants et le danger des grossesses rapprochées. Son mari a pris la décision de ne plus l'approcher, afin de ne plus lui faire courir les risques d'un accouchement difficile. Magdalena se retrouve désemparée, à trente-six ans, face à la perspective d'innombrables nuits de solitude. La journée, elle cherche le réconfort dans la musique, assise devant son épinette et c'est ainsi qu'elle a voulu être peinte.
Ce livre est un petit bijou. Je l'ai découvert grâce à la recommandation de mon libraire et j'ai été enchantée par ce texte, après avoir été attirée par le tableau en couverture. J'y ai trouvé une écriture délicate, retenue, et pourtant la femme qui parle pourrait se laisser aller au désespoir. Mais elle préfère évoquer avec beaucoup de pudeur les multiples bonheurs de son existence et y puiser du courage pour les jours à venir, que l'on soupçonne sans joie.
Une lecture trop courte, hélas, tant on voudrait rester encore dans cette chambre et écouter ces mots d'une autre époque.
A consulter : Les billets de Chaplum, Fiolof et de Joël du Biblioblog et l'interview de Gaëlle Josse sur le site de Bibliosurf.
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