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Cerebus – High Society (Sim)

Par Mo
Cerebus - High Society

Sim © Vertige Graphic - 2010

Lorsque Cerebus l’oryctérope arrive à Iest, c’est dans un état de fatigue certain. Il se met à la recherche d’une chambre d’hôtel. Après plusieurs tentatives infructueuses, il se rend au Régence, le plus somptueux des hôtels de la ville. Et l’accueil qui lui est réservé est en tout point surprenant. Accueilli comme une sommité, il est rapidement installé dans une suite prestigieuse de l’établissement. La stupéfaction de Cerebus se poursuit chaque minute, comme lorsqu’il descend au restaurant de l’hôtel et que les personnalités de la ville (commerçants, avocats…) font la queue pour obtenir une entrevue avec lui.

Car si Cerebus pensait passer inaperçu, s’était sans tenir compte de son parcours. Il a notamment secondé Lord Julius, le plus haut dignitaire du pays. Ses faits d’armes et positionnements politiques ont fait de Cerebus un personnage incontournable dans le paysage gouvernemental de sa Nation. Mais le Pays bat de l’aile, il est endetté. Les enjeux financiers sont énormes pour les acteurs de l’économie nationale, d’autant que l’élection du Premier Ministre se profile. Cerebus va se retrouver embarqué dans une campagne électorale musclée et va défendre sa candidature alors qu’il n’avait pas même imaginé s’investir dans ce projet.

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Cet album de plus  de 500 pages est une intégrale des chapitres publiés de 1977 à 1982. Ce récit est l’œuvre d’une vie, celle de Dave Sim, puisqu’il s’inscrit dans un univers qui se développe sur non moins de… 300 épisodes soit 6000 pages écrites entre 1977 et 2004. La folie !! Et même si cette intégrale ne contient pas les premiers chapitres de cette saga, il est précisé en préface qu’elle permet de se sensibiliser parfaitement à l’univers. Les chapitres antérieurs sont plus expérimentaux, seul le personnage principal sert de fil rouge et se développe dans des histoires qui sont plus hétéroclites. De même, Cerebus – High Society offre l’avantage d’accéder à un personnage abouti graphiquement, expressif et doté d’une personnalité intéressante.

Passé ce long préambule, je n’irai pas par quatre chemins pour vous parler de l’accueil que j’ai réservé à cet album : je n’ai pas aimé. J’ai longtemps espéré rentrer dans cette histoire, voire apprécier son personnage phare et quelques-uns des nombreux personnages secondaires mais cela ne s’est pas produit. J’ai accroché sur un seul chapitre, le troisième, mettant Cerebus en scène dans un non-monde où il semble faire la conversation avec un personnage imaginaire que j’ai longtemps pris pour l’auteur lui-même. Une confrontation intéressante. Quoiqu’il en soit, ma lecture s’est étalée avec peine sur plus de deux semaines. Ce n’est qu’à la page 444 que j’ai accepté l’idée de finir l’album sur le principe qu’on ne va pas aussi loin dans une lecture pour l’abandonner avant la fin. J’ai plusieurs fois relu les avis de mes compères de kbd (Zorg, Yvan et Lunch) afin de comprendre ce que j’avais pu rater, rien n’y a fait. J’ai passé mon temps à compter les pages qui me séparaient de la fin de l’album !

Rarement lecture a été aussi pénible, aussi couteuse. Certes, le scénario est d’une richesse certaine et nous envoie explorer les méandres des stratégies politico-économiques d’un pays. Cerebus est une chronique politique qui mêle différents degrés de narration, différents degrés d’humours dans lequel le sarcasme et l’ironie se payent une belle part du gâteau.

- Un poste dans un cabinet ?
-    Ouais.
-    T’veux dire une radio dans une commode…
-    Nan, nan. Un portefeuille…
-    Pour de vrai. Un poste dans un cabinet. Dis donc. Ce s’rait sensass. Lequel ?
-    C’lui qu’tu veux.
-    Ch’sais pas. Quequ’chose de gai, t’vois ? Ch’suis plutôt du genre gai comme gard.
-    J’avais r’marqué.
-    Pourquoi pas Ministr’ de l’optimisme.
-    Ouaouh ! Ce serait sensass !

Mais le rythme du récit est saccadé et mélange plusieurs phrasés : Cerebus est un porc terreux ambigu (tantôt placide, tantôt colérique) qui parle de lui à la troisième personne, des pseudos mercenaires qui s’expriment dans un argot mélangeant québéquois et mauvais français, un technocrate qui utilise la métaphore… Cette lecture demande trop de concentration, trop de style se côtoient n’offrant pas à l’album un réel liant (je précise qu’il s’agit de mon ressenti de lectures, cette richesse narrative est présentée comme un atout majeur de la série par d’autres lecteurs ; je vous renvoie aux liens des lecteurs de kbd insérés ci-dessus). Çà et là, des références à des personnages d’autres séries sont présents, comme le Cafard de LuneMoon Night » pour l’original). Autant dire que je ne maitrise aucune de ces références, que plusieurs m’ont évidemment filé entre les doigts, mais leur réutilisation semble tellement évidente que cela rajoute une frustration supplémentaire à la lecture de Cerebus : celle d’être ballotée d’un un univers qu’il m’est impossible d’apprécier, de saisir.

Le dessin quant à lui est plutôt sommaire, froid. Pourtant, lui aussi a plusieurs cordes à son arc : détaillé, expressif, réaliste. Une découpe des planches recherchée et certains visuels innovants. Mais je n’ai pas aimé.

Cerebus – High Society (Sim)Cerebus – High Society (Sim)Quelle lecture pénible ! Malgré la pertinence des dialogues et ce regard acerbes sur les enjeux politiques… ma découverte de Cerebus s’arrêtera à cette intégrale. J’accepte sans aucun état d’ame l’idée de ne jamais lire les trop nombreuses pages de cette saga !

La preview de BDGest (44 pages).
Un avis très éclairé sur la série.

Extraits :

«  Désolé, nous ne pouvons nous porter responsables des objets volés. La prochaine fois, laissez vos enfants dans votre chambre d’hôtel » (Cerebus – High Society).

« Les élections. Ahh… je sais pas. Les Élections. Tous les 4 ans, t’as l’occasion de faire une erreur moins grave que la précédente. T’vois ce que j’veux dire ? » (Cerebus – High Society).

« – On m’a demandé de vous remettre un message de la part de sa Sainteté. Ce message ne peut être lu qu’en la présence du très estimé Premier Ministre… ou, si ce n’est pas le cas, seulement en compagnie de ceux dont la simplicité d’esprit empêche tout compréhension.
-    Hein ?
-    Voilà qui est tout à fait rassurant… » (Cerebus – High Society).

Cerebus – High Society (Sim)

The Reading Comics Challenge

Cerebus – High Society

Intégrale 1 (25 chapitres)

Série terminée

Éditeur: Vertige Graphic

Dessinateur / Scénariste : Dave SIM

Dépôt légal : août 2010

Bulles bulles bulles…

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Cerebus – High Society – Sim – Vertige Graphic – 2010


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