Les éditions Gallimard publient dans la collection Poésie / Gallimard un second livre consacré à Marina Tsvetaïeva (présentation de ce livre)
9
Qui dort chaque nuit ? Personne ne dort !
L’enfant crie dans son berceau,
le vieillard est face à sa mort,
le jeune homme parle avec son amie,
le souffle, à ses lèvres, les yeux dans ses yeux.
On s’endort – s’éveillera-t-on ici encore ?
On a le temps, le temps, on a le temps de dormir !
Un gardien vigilant, de maison en maison
passe, un fanal rose à la main,
et, grondements saccadés par-dessus l’oreiller,
sa crécelle violente va gronder :
– ne dors pas ! Résiste ! Je dis vrai !
sinon, c’est le sommeil éternel !
sinon, c’est la maison éternelle !
12 décembre 1916
10
Voici encore une fenêtre
où encore on ne dort.
peut-être – on boit du vin
peut-être – on est assis.
Ou simplement ils sont deux
qui ne défont pas leurs mains.
Dans chaque maison, ami,
il y a une fenêtre ainsi.
Cri des ruptures et des rencontres,
c’est toi, fenêtre dans la nuit !
Peut-être – centaines de chandelles,
peut-être – trois chandelles.
Non, point de repos
pour mon esprit.
Dans ma maison toujours
il en fut ainsi.
Prie, ami, pour la maison sans sommeil,
pour la fenêtre éclairée
23 décembre 1916
Marina Tsvetaïeva, Insomnie et autres poèmes, Édition de Zéno Bianu, Poésie/Gallimard n° 458, 256 p. 8,90 € (en librairie le 27 mai), pp. 76 et 77 (ces poèmes d’Insomnie ont été traduits par Christian Riguet, pour Alidades, n° 1, 1982.)
Marina Tsvétaïeva dans Poezibao :
bio-biliographie, concert-lecture (05), extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, extrait 7, extrait 8, notes sur la poésie, 1, Ariana Efron, Marina Tsvétaeva, ma mère (parution), Les Carnets (parution), dossier spécial Carnets, 1, 2, 3
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