Emilie du Châtelet fut durant plus de dix ans la compagne de Voltaire. "Femme savante" au solide bagage culturel, littéraire et scientifique, mais aussi philosophe, elle est la traductrice du célèbre "Principia" d'Isaac Newton. Elle a par ailleurs composé ce "Discours sur le Bonheur" qui nous est proposé ici, interprété par Edith Vernes, accompagnée de Sylvain Begert, dans une mise en scène de Beata Nilska.
Conçu comme un essai, une réflexion philosophique, ce mode d'emploi du bonheur destiné à un lectorat ou un auditoire susceptible de se préoccuper de "l'accessoire" (aussi bien au XVIIIème qu'en 2011), c'est à dire évoluant dans un milieu social favorisé (CSP+ dirait-on aujourd'hui...), nous délivre par le menu les conditions à remplir afin d'atteindre cet idéal. Etre en bonne santé, avoir des passions, faire fi des préjugés, être vertueux, mais aussi et surtout connaître l'Amour... S'il s'avère intelligent, plein d'esprit et fort intéressant, le texte de Madame du Châtelet ne possède malheureusement pas une grande force littéraire. Nous pourrons le regretter.
La mise en scène à la fois classique, sobre et élégante nous permet d'entendre parfaitement un propos énoncé avec justesse mais sans doute de manière un peu trop moderne dans le phrasé et la diction. Bon nombre de mots voient en effet disparaître certaines de leurs syllabes dans un débit parfois précipité, pas très XVIIIème siècle. Gageons qu'Edith Vernes saura corriger le tire, prendre son temps et adopter le bon rythme au fil des représentations.
L'ensemble reste plaisant, de belle tenue, et en ces temps de multiplication dans les salles parisiennes de "Clan des Divorcées" et autres "Président, sa femme et moi", il fait bon se rendre au Lucernaire... Vraiment !
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Photo : Claire Schwartz
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