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Quand je te regarde

Par Alaindependant

Quand je te regarde
Ta fragilité
M’enjoint
De m’agenouiller
Elle tempête
De m’écrabouiller.
Je souris de tant
De légèreté.

Tu dois le savoir
Ton si large pouvoir
Je te l’ai concédé
Sur  un lâche comptoir
Quand je n’ai pas cédé
Par un bon vouloir.

Pour moins de coups boutoirs
Soucis et nerfs en foire
J’ai déserté le champ
Toi tu t’es aguerri
De l’homme libre d’antan
Il ne reste que du vent.

La terreur de perdre
A la roulette de l’ordre
Du moi, ses atouts
Totalité ou peu
Susurre à tout goût :
« qui ne gagne va perdre ».

Pour fermer les yeux
Tu t’es répété :
La lutte pour la vie
Etant sans merci,
Passons à l’action
Sans trop de questions. 

Et voilà pourquoi
Ta fragilité
M’enjoint
De m’agenouiller
Tu tempêtes
De m’écrabouiller

Et pourtant,
Sais-tu que je me réjouis
De te voir  revêtu
Des fameuses robes noires
De feux mes pouvoirs
A présent perclus
D’agapes en fanfares ? 

Et nous voilà
Déjà amputés
Emmurés par la peur
Dressés contre hier
Oublieux l’un l’autre
Que l’avenir requiert
L’ épaule   d’un vrai frère.

A vouloir à tout prix
Saisir ce qui fuit
Le cœur devient pierre
Jeune tu peux te faire
Ton âge de toi  rit
Son ombre te poursuit

Quand je te regarde
Fine fleur en agonie
Qui s’en va en guerre
Cueillir des fruits amers
Et réchauffe sa galère
Par une tête en tournis

Je souris
Tu m’enjoins
De m’agenouiller
Tu tempêtes
De m’écrabouiller

Moi, ton rétif  ami
Je me transforme  en ver
N’es –tu pas Dieu sur terre ?

Alors l’arbre feuillu
Sorti droit d’une pierre
Seul spectateur  en vue
M’assènele mot Salut
Douterais- tu d’Allah
Le Maitre de l’univers ?

Et Le Salam en Maître
De me réveiller…
Oui, tu peux mon frère
M’écrabouiller
Tu ne peux mon frère
M’agenouiller!

Et depuis  je  souris
De nos fragilités
Depuis lors  j’ai chanté…
A quoi nous sert   l’aisance
Quand les plaies  alentours
Nous dénient la jouissance ?
A quoi sert la puissance
Quand elle ne peut venir
A bout de la souffrance

Face aux  misères éternelles
L’avenir comme l’argent
Seront impotents
L’égalité étant
En ces tristes domaines
D’une justice sans appel

Djohar Khater
Mai 2009, Alger


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