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Elle est loin l’époque glorieuse de Suspira ou Inferno. Aujourd’hui décrié par l’ensemble de la critique, Dario Argento – pourtant encore source d’inspiration pour la plupart des cinéastes de la nouvelle vague horrifique – ne fait plus couler autant d’encre que de sang. Au contraire, ses films sont snobés, ignorés, voir- en ce qui concerne ce Giallo, directement relégué en sortie DVD. Pourtant, contrairement à ce que l’on peut lire un peu partout, sa dernière œuvre n’a rien de la catastrophe annoncée : non, ce n’est pas le giallo d’antan qui a construit la réputation du maître de l’horreur et fait frémir les fans de l’époque; non, Argento n’offre guère de nouveauté à se mettre sous la dent à l’heure où le genre connaît des heures fastes ; pourtant l’essentiel est là : la nonchalance provocante, le regard ironique sur soi, l’humilité. Argento fait de l’Argento, conscient de n’être plus qu’un souvenir, quelque part condamné à n’offrir que de l’horreur vintage, estampillée nostalgie et amour du gore vieillot.
Direct (une belle fille disparaît, un tueur sadique la torture, un inspecteur torturé et une sœur inquiète enquêtent), mais aussi froid et lent, Giallo est plus courageux qu’un Diary of the dead de Romero (autre grande figure de l’horreur). Parce qu’il ose apparaître comme has been dans une société friande de nouveauté. Il n’est pas donc pas question de se moderniser, d’adapter l’intrigue aux modes du moment (le procédé caméra à l’épaule par exemple), mais de s’installer confortablement dans une imagerie un peu dégueu, et des schémas (psychologie, intrigue, mise en scène) vraiment basiques. A l’instar des jeux amorphes, fatigués et abattus d’Adrien Brody et Emmanuelle Seigner. Résigné, Argento ? Incontestablement, son Giallo le crie sur les toits.