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Amon Tobin ‘ ISAM

Publié le 30 mai 2011 par Heepro Music @heepro
Pour célébrer ses quinze ans d’activité, Amon Tobin sort son sixième album studio. Sept si l’on compte Monthly Joints Series distribué gratuitement en ligne, huit avec la bande originale Chaos Theory, ou même neuf avec son officiel premier album sous le pseudo de Cujo, voire dix pour les pointilleux qui voit en Two Fingers, sa collaboration avec DoubleClick, une sorte d’album du Brésilien. Bref, quoi qu’il en soit du chiffre que vous retiendrez, le résultat sera le même : depuis 1996, l’artiste de chez Ninja Tune aura été très prolifique (combien de live, ep et autres productions a-t-il offert sur son site ou publié en CD ?). L’attente aura été plus ou moins longue depuis Foley Room qui avait ouvert un nouveau concept, dont ISAM semble être une nouvelle page. Plus ou moins longue selon que vous avez ou non suivi Amon Tobin via son site (ou les réseaux sociaux, bien sûr). Si c’est le cas, le processus de création d’ISAM ne sera pas une découverte, encore moins une surprise. D’autant plus qu’il s’inscrit, je trouve, directement dans la lignée de Foley Room, donc, mais aussi de la B.O de Splinter Cell 3 (précédemment citée). Aujourd’hui, nous le savons tous, le rapport à la musique a presque totalement changé depuis l’arrivée de l’Internet. Il n’y a qu’à voir comment Tobin lui-même a changé sa façon de livrer sa musique, de la promouvoir (son site ne cesse d’être en constante évolution, ou révolution même puisqu’il en change à chaque nouvel album). Ce 23 mai, date de sortie officielle d’ISAM, l’album est donc arrivé chez les disquaires et sur Internet sous tous les formats actuellement en vogue : toujours le CD, évidemment en version digitale (mp3), ainsi qu’en vynil puisque ce dernier ne cesse de regagner chaque année plus de jalons (il s’adresse essentiellement aux collectionneurs, amateurs de beaux objets ou simples fétichistes). À cela, sachez qu’il existe une version dite « coffret », qui inclut l’album dans un beau livre (25×17) qui collecte vingt photos de la photographe Tessa Farmer, le tout intitulé Control Over Nature et introduit par un court essai de John Doran (publié en mars 2011). À noter que les photos d’illustration en couverture du CD, du livre ainsi que celle accompagnant la version digitale diffèrent. Pour ce qui est de la musique, qui en devient presque une bande originale, cette fois-ci non plus d’un jeu vidéo mais d’un livre-photo, le disque comporte douze titres, le livret y ajoute un titre bonus, alors que quatorze sont disponibles en téléchargement légal.« Journeyman » rappelle tout de suite Foley Room, tout en s’en éloignant de par le concept qui l’en détache légèrement : il semblerait que l’utilisation de samples créés et cherchés par Tobin lui-même (comme on peut le voir dans le DVD Foley Room : Found Footage) soit à nouveau l’une des clés d’ISAM, mais seulement l’une des clés, alors que le précédent album s’appuyait essentiellement dessus. Des éléments propres à l’univers de ses premiers albums, par exemple de Out From Out Where ou Supermodified sont presque perceptibles. Il ne s’agit probablement pas d’un retour aux sources, mais plutôt d’une envie de retrouver ce qui lui a permis de se forger une identité sonore tellement personnelle et que certains avaient cru voir disparaître totalement. Oui, Amon Tobin n’oublie ni d’où il vient, et encore moins le chemin parcouru. Cependant, il n’est pas question pour lui de reproduire un même album plusieurs fois. « Piece of paper » continue donc entre sonorités passées et nouvelle ambiance. Beaucoup d’échos, encore une fois, mais ISAM semble résolument tourné vers l’avenir. Pour la suite, « Goto 10 », « Surge », « Lost & found », « Wooden toy », « Mass & spring », « Calculate », « Kitty cat », « Bedtime stories », « Night swim » et « Dropped from the sky » sont autant de moments sonores différents d’un même univers filmique tobinien toujours aussi inspiré. Amon Tobin parle d’ailleurs à propos de cet album qu’il est en fait une « sculpture sonore ». « Morning Ms Candis » et « One last look » sont deux morceaux supplémentaires tirés des mêmes sessions d’enregistrements que les douze premiers. Il s’agit donc ainsi de cadeaux destinés aux fans. Au final, cette nouvelle œuvre (et le mot prend totalement son sens ici) aura bénéficié de beaucoup de préparation ou introduction pour nous, si l’on considère à quel point l’artiste a comblé le lapse entre Foley Room et ISAM avec tous ses différents projets. La collaboration avec la jeune artiste londonienne Tessa Farmer aussi bien dans le produit fini que lors d’exposition en présence de Tobin vient parfaire le projet de la meilleure des façons. N’oubliez surtout pas de lire l’essai de John Doran sur le projet photographique Control Over Nature. De mon côté, je vais me replonger de ce pas dans tout ce qu’a sorti Amon Tobin ces dernières années.(in heepro.wordpress.com, le 30/05/2011)_______Voir aussi : Bricolage – Foley Room Recorded Live In Brussels – Monthly Joints Series -Who The Hell is Amon Tobin ? – Adventures In Foam – Instrumentals 

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