Soir de grand vent doux. À plus de minuit, la haie de frêne et d’érable devant ma fenêtre ouverte se balance dans l’air chargé de senteurs d’orage réveillées par quelques gouttes. Cette brève averse n’a même pas interrompu les stridulations des grillons. Les feuilles ragaillardies par cette fraîcheur nocturne luisent et dansent dans ce souffle musical. Ma première perception du monde est musicale. Tout ce que j’entends des bruits de la nature me parvient comme une musique. Lorsque que me viennent un poème, une nouvelle ou un fragment de roman, cela se présente toujours d’abord sous la forme d’une musique que je suis le seul à entendre mais que je suis évidemment incapable de transcrire sur une partition. Chanceux Gustav Mahler d’avoir pu écrire les deux épisodes nocturnes de sa septième symphonie intitulée Chant de la nuit ! Moi, j’ai quelques mots. On fera avec...