Quand j'ai vu le film Donnie Darko, autour de 2003, j'en avais jamais compris la scène finale.
Si vous voulez voir le film et ne voulez pas gâcher votre plaisir ne regarder pas ceci.
Je m'étais conféssé de mon incompréhension sur un forum de discussion sur le film. J'avais précisément demandé "Quelqu'un peu m'expliquer la fin, je ne suis pas certain de la comprendre?".
Au travers des multiples explications presque toutes contradictoires, deux commentaires avaient attirés mon attention. Deux personnes m'avaient répondu tout aussi précisément: "Si tu ne comprends pas c'est parce que tu n'est pas emo".
C'était alors la première fois que j'entendais ce mot pour parler de quelqu'un.
Être "Emo"? C'était un style de musique plutôt underground issu du punk quand j'étais plus jeune. J'avais aussi un personnage des Muppets en tête en pensant à ce mot. (lui c'était Elmo)
Avec le temps j'ai compris qu'une partie de la définition de ce que voudrais représenter "emo" est un style, marqué par la scène punk de l'époque, où les gens vivent très près (ou au crochet) de leurs émotions. Chez les garçons, être emo veut dire s'intéresser aux tenues vestimentaires, s'intéresser aux arts moins grands publics, s'intéresser (ou être sujet) à l'expression de ses émotions. Le look Indochine. Pas tout en virilité. Enfin pas comme la plupart la percoive. Chez les filles c'est être démesurément près de ses émotions, surutiliser le eyeliner autour des yeux, être en marge des revues de mode (hmmm..) avec des looks plus personnels, inspirés quelques fois du punk justement. Le look Evanescence. Très près du style gothique. Piercings bienvenues chez elle comme chez lui.
Trève d'étiquette, gars comme fille, être emo est aussi le maquillage des mots "vivre de manière très intense".
J'ai dû accepter avec le temps qu'il y avait une large part d'emo en moi. C'est devenu d'autant plus frappant que mon fils de 11 ans, a tous les signes d'intensité que son pauvre papa avait au même âge et a encore de nos jours.
Lorsque Monkee pleure c'est pratiquement toujours des larmes de rage contenue. Des larmes de colère révoltées. Une pluie fuyant un corps tremblant d'intensité. Rarement de la peine. La peine, lui comme moi, fait partie d'une seconde nature qui nous côtoient assez ponctuellement pratiquement tous les jours. On la tait en soi mais je réussi toujours à la lire chez le petit bonhomme. Et on s'en jase. Et ça lui fait du bien de savoir que la même météo peut parfois me passer au travers.
Ce ne sont pas des grosses peines, des fois oui, des profondes, mais plus souvent des petites peines nées de cette intensité qui nous habite. Une intensité qui fait en sorte que l'on espère, exige, s'attend à rien de moins que l'expérience totale en tout temps. La compétence absolue d'un professeur, l'organisation sans faille d'un évènement, la pub parfaite qui ne nous prends pas pour des idiots (rare). Ça fait de nous des gens inconsciemment exigeants. Facile à vivre mais qui attendent beaucoup des autres et de la vie. Assurément naivement.
Pour moi c'est trop tard, mais pour mon fils je suis plutôt attentif à cette chose qui fait peut-être de nous, deux "emo". Tout les professeurs sont enchantés par la personalité de Monkee et il a d'excellentes notes scolaires. Les instructeurs au hockey compent beaucoup sur lui pour toutes sortes de responsabilités. Il est très en demande parmi ses amis. Je suis aussi du même moule mais en vieillissant je me rends compte que je me dois me retirer davantage de certains cercles avant que je n'explose parce que l'intensité m'envahit parfois trop.
Fiston, maintenant en 6ème année, son groupe scolaire, chez les garçons, se sépare en trois factions assez distinctes même pour les yeux non initiés.
Il y a les souffres-douleurs, puis il y a les singes, c'est-à-dire les garçons qui font absolument n'importe quoi, réagissant à la testostérone qui les agite, qui semblent n'être que pulsions et réactions. Ceux-là attirent forcément l'attention des filles, qui en 6ème ont beaucoup poussées, certaines commençant même à avoir "des formes", et qui "sortent" avec des gars. Bien entendu ce sont toujours les plus cons qui frappent l'oeil en premier.
Sortir avec des gars, selon la définition que j'ai soutiré de ses enfants que je connais et qui me connaissent depuis la garderie semble se limiter à "aimer" l'autre.
"Faites vous des activités ensemble en dehors de l'école comme aller au cinéma ou faire du go kart ou aller à la récréathèque?"
"Non mais on s'aime"
"Jouez vous ensemble à la récré?"
"Non mais des fois on niaise"
"Vous donnez vous des petits becs?"
"Wach non!!!!" les filles m'ont dit comme si je leur avait demandé de passer la langue dans de la bouette.
"Mais comment on sait que vous vous aimez? vos parents vous aime et vous donnent des becs pour vous le prouver des fois, c'est comme ça qu'on le sait"
"Ben on se le dit"
Au moins ils communiquent.
La troisième catégorie est celle où se retrouve Monkee: les garçons qui s'en sacrent des filles et qui jouent. À la récré ils partent dans un monde imaginaire et sont des superhéros aux pouvoirs extraordinaires. Les filles? 'sont plates, elles jouent jamais longtemps.
Attention buddy, même plus vieux faudra que tu rames longtemps des fois pour te rendre là où tu veux pour "jouer" avec elles...
Je ne suis pas préssé que mon plus vieux se fasse une amoureuse. Parce que du même coup arrivera la gestion du petit garçon qui sera peut-être bléssé par une séparation. Trop emo. Mais ça aussi fera partie d'un échange à venir avec papa (ou maman).
Toutefois je n'ai pu qu'esquisser un sourire quand mon fils a laissé sa session de Facebook ouverte sur mon ordi avec sa conversation de deux phrases qui me sautaient au visage.
Lui: Tu m'aimes tu encore?
Elle: Oui, je t'en reparles demain ma mère s'en vient.
(Toujours jamais réèllement compris la fin de Donnie Darko)