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Retour sur ... : Docteur Folamour - Stanley Kubrick (1964)

Par Meuwine

Retour sur le septième long-métrage du réalisateur Stanley Kubrick ; moins connu qu'Orange Mécanique, 2001 l'Odysée de l'EspaceLolita ou encore Shining, Docteur Folamour ou : comment j'ai appris à ne m'en plus m'en faire et à aimer la bombe apparait comme l'unique comédie du réalisateur américain.

Si l'humour et la satire de Kubrick est d'abord intrigante pour en devenir épatante, ce film tourné en Angleterre en noir et blanc et inspiré du roman Red Alert de Peter George offre, en outre, à l'acteur Peter Sellers un magnifique triple rôle après son rôle dans Lolita (1955). 

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Cette comédie portant sur la guerre froide et la menace nucléaire s'ancre dans l'actualité brulante de l'époque que vit Stanley Kubrick, tout comme de millions d'autres citoyens. C'est ainsi qu'après Lolita sorti en 1954, le réalisateur tint absolument à aborder ce sujet dans son prochain film. 

Dans un premier temps Kubrick qui s'intéressait au dilemme thermonucléaire avait développé un premier scénario intitulé "Edge of Doom". En effet, au départ le réalisateur avait l'intention de faire une adaptation du thriller Red Alert dans une optique dramatique et réaliste avant de décider finalement de se tourner vers le genre comique et satirique. Avant d'arriver au scénario final de Dr Folamour il tenta une approche autre approche plutôt surprenante : celle d'extraterrestres observant la terre après un holocauste nucléaire, projet nommé "The Delicate Balance of Terror".

(cf. DVD Edition 40' anniversaire 2 DVD,  bonus  : Dans les coulisses de "Docteur Folamour ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe")

Profondément marqué par la situation mondiale et, en particulier, par la crise des missiles de Cuba en 1962, le scénario final de Dr Folamour permet une fois de plus au réalisateur de montrer l'absurdité et le chaos inhérent à l'espèce humaine mais aussi de dénoncer l'incompétence des politiciens à résoudre les conflits et la folie militaire dans toute sa splendeur. 

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Synopsis : Le général Jack Ripper, convaincu que les Russes ont décidé d'empoisonner l'eau potable des États-Unis, lance sur l'URSS une offensive de bombardiers B-52 en ayant pris soin d'isoler la base aérienne de Burpelson du reste du monde. Pendant ce temps, Muffley, le Président des Etats-Unis, convoque l'état-major militaire dans la salle d'opérations du Pentagone et tente de rétablir la situation.

Attention spoiler !

Alors que la situation est déjà critique concernant les relations américano-soviétiques le Président Merkin Muffley (Peter Sellers) n'a qu'une solution : rappeler un maximum d'avions et révéler aux soviétiques la position des autres afin qu'ils les détruisent. Les débats vont bon train entre le général Buck Turgidson (George C. Scott), figure militaire, et le Président, figure politique et diplomatique qui décide que tous les moyens sont bons pour éviter une crise nucléaire, quitte à sacrifier leurs propres hommes. 

Malgré la bonne volonté du Président la situation se corse rapidement car un avion leur échappe du fait de son système de communication hors d'usage. Le colonel et ses hommes présents à bord, alors que l'avion est touché, ont bien l'intention d'aller jusqu'au bout pour larguer la fameuse bombe nucléaire sur le sol soviétique, faisant preuve d'un patriotisme sans égal... 

Parallèlement grâce à l'ambassadeur de l'URSS convoqué dans la salle de guerre le Président américain apprend l'existence d'un système appelé "La machine infernale" qui entrainerait l'holocauste nucléaire si l'Union soviétique était touché. Arrive alors le Docteur Folamour, scientifique, psychopathe et nostalgique du régime nazi dont le bras ne peut s'empêcher de se lever dans des spasmes qui semblent incontrôlables, en souvenir du régime. Ce personnage, bien qu'on le voit peu, s'avère pour moi, être très certainement l'un des plus énigmatiques des personnages kubrickiens. Consulté par le président, il lui livra alors sa solution pour sauver l'espèce humaine... 


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Sur le tournage de Docteur Folamour 

La représentation d'un monde, notre monde, à la dérive est parfaitement illustrée par la situation tragique (le conflit nucléaire imminent) abordée d'une manière comique mais aussi burlesque et satirique : ceci de la discussion du Président américain avec le premier ministre russe imbibé d'alcool, en passant par le général Jack Ripper qui dans sa paranoïa concernant l'eau fluorée nous fait l'exposé de ses "fluides corporels", jusqu'aux trousses de survis du B-52 composées entre autre de rouges à lèvres, préservatifs et bas pour femme...

Bien que le film ait vieilli, Kubrick nous offre tout de même de bons effets spéciaux pour l'époque, une jolie photographie et une bande originale composée par Laurie Jonhson particulièrement adaptée accentuant à tout moment ironie et humour. Notons d'ailleurs la scène finale, scène d'anthologie, offrant des images d'explosions nucléaires (plans cuts d'essais nucléaires) sur fond de la chanson de Vera Lynn "We'll meet again". 

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L'acteur Peter Sellers dans son triple rôle : Capt. Lionel Mandrake / Président Merkin Muffley / Dr. Folamour

A côté de cela la performance des acteurs est impeccable et on salue surtout Peter Sellers pour son triple rôle. Selon Kubrick, seul Sellers possédait assez de talent comique pour interpréter les trois personnages. Il faut d'ailleurs noter que le réalisateur l'avait aussi solliciter pour le rôle du commandant T.J 'King' Kong, pilote de l'avion B-52, mais que ce dernier à cause d'une blessure à la cheville ou feignant une blessure et incapable d'imiter l'accent texan avait refusé ce quatrième rôle attribué alors à Slim PickensGeorge C. Scott et Sterling Hayden s'avèrent eux aussi très bons, convainquants et justes dans leurs rôles respectifs.  

Dr Folamour, comme la grande majorité des longs-métrages kubrickiens est donc à voir au moins une fois car il fait parti des masterpieces du cinéma de l'époque. Certes, il n'est pas aussi innovant et visionnaire que le fût par exemple 2001 l'Odyssée de l'Espace mais cela reste un film à avoir vu pour la prestation de Peter Sellers, la vision satirique du réalisateur et ses scènes d'anthologie.



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