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Une origine du capitalisme débridé…, le début de la fin ? part 2

Publié le 02 juin 2011 par Dubruel

Une origine du capitalisme débridé…, le début de la fin ?

 

DEUXIEME PARTIE /

Pour asseoir ses émissions sur des valeurs autres que les métaux précieux, Law avait obtenu de régent l’autorisation de racheter au financier Crozat la concession exclusive de la Louisiane, et avait créé pour l’exploiter la Compagnie dite du « Mississipi ». La Louisiane comprenait les territoires de l’Arkansas, de l’Iowa, du Wisconsin, du Minnesota, du Missouri

et évidement ceux de la Louisiane et du Mississipi.

Law s’était aussi adjoint le commerce des castors au Canada, celui des esclaves africains,

la ferme des tabacs, les gabelles d’Alsace et de la Franche-Comté.

La compagnie du Mississipi était rebaptisée « Compagnie d’occident »…et vogue la galère.

On se rua sur les actions de Law. La Compagnie avait débuté avec un capital d’un million de livres divisé en actions de 50 écus de banque. En une semaine, il s’en vendit pour 3 millions.

On accourait de toutes les régions. On voulait des actions. Souvent on payait 5 fois, 10 fois leur valeur. Les prix flambaient. La fièvre de l’agiotage se répandait comme la peste. La spéculation allait bon train. Une mercière de Namur, en une semaine se retrouva riche de 100 millions et rachetait l’hôtel de Pomponne.

Evidemment, au passage, il ne s’oublie pas. En quelques mois, il devient propriétaire des hôtels de Soissons, Nevers, Mazarin, Tessé et Rambouillet, la baronnie d’Hallebosc, les comtés d’Evreux et de Tancarville, le marquisat d’Effiat en Auvergne, le duché de Mercœur, plus nombre de terres et de seigneuries, deux maisons rue Neuve-des-petits-champs, six rue Vivienne.

En décembres 1718, la Banque générale est transformée en « Banque Royale » ; il est décrété que les billets seraient libellés en « livres-papier » et non plus en écus de banque. Bientôt, on abandonne tout à fait l’usage des espèces sonnantes. Selon le vœu de Law, les échanges s’en trouveraient accélérés et la production stimulée de par tout le royaume.

Pour ne pas affecter la confiance des usagers, un second arrêt spécifie que la valeur des billets

Demeurerait stable en dépit des variations du cours des pièces d’or et d’argent.

On bénit Law de plus en plus.

Au printemps 1719, la compagnie prend le nom définitif de Compagnie des Indes, car elle venait d’absorber la Compagnie des Indes Orientales plus celle de Chine !

Les mers du Nouveau Monde, celles d’Afrique comme celles d’Asie appartenaient dorénavant à Law ! les épices, les soieries, les essences rares, les bois précieux, les perles, les pierres de toutes couleurs, l’or et l’argent, par voie de conséquence !

Ne gagnait-on pas de l’argent plus facilement qu’autrefois ? Plus gaiement en agiotant qu’en épargnant le fruit de son labeur ?

N’était-ce pas là une manière de nouvelle justice sociale ?

De fait, personne n’avait honte de s’enrichir. Des laquais roulaient en équipages somptueux. Des soubrettes éclipsaient les duchesses. Jamais on avait tant mangé, tant bu, tant dépensé en objets de luxe.

Un soir à l’Opéra, une grosse femme était si couverte de bijoux que nue, elle n’aurait point paru indécente. La matrone se leva, apostrophant ses voisins : « Eh oui ! Je suis Marie la cuisinière ! N’ai-je point le droit d’être ici et de me parer à mon gré ? Ben vrai, me voici riche, et qui ne dois rien à personne ! »

Si l’on laissait faire, il n’y aurait bientôt plus un gramme de métal précieux dans le royaume.

Sa majesté prohiba donc le port de parures ‘exagérées’.

A SUIVRE…

 

(Les bâtards du soleil, Eve de Castro, 1987)


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