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Critiques en vrac 44: Wake Wood – Les Yeux de Julia – The Dead Outside – Very bad Trip 2

Par Geouf

Wake Wood

Critiques en vrac 44: Wake Wood – Les Yeux de Julia – The Dead Outside – Very bad Trip 2Résumé: Suite à la mort tragique de leur fille Alice, Patrick (Aidan Gillen) et Louise (Eva Birthistle) déménagent pour s’installer dans le petit village de Wake Wood. Un soir, alors que leur voiture est tombée en panne aux abords du village, ils surprennent une étrange cérémonie à laquelle tous les habitants semblent participer. Ils ne tardent pas à apprendre que cette cérémonie a pour but de ressusciter une personne récemment décédée pour une courte période, afin que ses proches puissent faire leur deuil. Lorsque le chef du village leur propose de ramener leur fille, ils acceptent immédiatement, bien décidés à garder celle-ci pour toujours…

Petit DTV britannique sorti discrètement sur les linéaires, Wake Wood reprend grosso modo l’intrigue du Simetière de Stephen King : le couple qui perd un enfant tragiquement et le ramène grâce à des forces surnaturelles, ce qui bien entendu aura des conséquences fâcheuses pour tout le monde. Pas franchement désagréable, d’autant que le réalisateur David Keating se débrouille plutôt bien pour poser une ambiance inquiétante au début de son film, à coup de villageois étranges ou trop débonnaires pour être honnêtes (le toujours excellent Timothy Spall), ou de pratiques étranges et inquiétantes.

Mais là où le bât blesse un peu plus, c’est dans le déroulement de l’intrigue principale, à savoir la résurrection de la petite Alice et le basculement dans l’horreur qui s’ensuit. Déjà on a beaucoup de mal à comprendre pourquoi le patriarche du village, qui propose aux parents de les aider à ramener leur fille, ne leur explique pas toutes les conditions à cette résurrection (par exemple la raison pour laquelle il faut que la mort ait eu lieu moins d’un an auparavant, ou pourquoi le ressuscité ne peut pas franchir les limites du village). Evidemment, on se doute que David Keating a voulu garder des cartes dans sa manche pour asséner quelques surprises, mais la crédibilité du film en prend un peu un coup, tant on a l’impression que les villageois veulent presque que tout foire en n’informant pas correctement les héros. Au moins dans Simetière les parents ressuscitaient leur fils en connaissant les risques…

Du coup, la seconde partie est un peu moins réussie, même si Keating compense les oublis de son scénario par quelques mises à mort correctes et en mettant en valeur sa gamine flippante. Reste que Wake Wood manque un peu trop d’émotion, vu le sujet abordé. Le final est quant à lui assez prévisible, mais offre une touche déviante bienvenue.

Un peu plombé par son scénario peu original et un peu maladroit, Wake Wood tire néanmoins son épingle du jeu grâce à une ambiance réussie.

Note : 6/10

Royaume-Uni, 2011
Réalisation : David Keating
Scénario : David Keating, Brendan McCarthy
Avec: Aidan Gillen, Eva Birthistle, Timothy Spall

Les Yeux de Julia (Los Ojos de Julia)

Critiques en vrac 44: Wake Wood – Les Yeux de Julia – The Dead Outside – Very bad Trip 2
Résumé: Julia (Belén Rueda), accompagnée de son mari, se rend dans la maison de sa sœur jumelle, et la retrouve pendue dans sa cave. Etant donné que celle-ci était atteinte d’une maladie dégénérative la rendant petit à petit aveugle, la police conclut à un banal suicide. Mais Julia, qui est atteint du même mal, ne croit pas à cette hypothèse et mène son enquête. Elle découvre très vite que sa sœur avait un mystérieux petit ami dont personne ne semble se souvenir. Persuadée que celui-ci l’a assassinée, elle se lance à corps perdu dans une enquête risquée qui pourrait bien lui coûter plus que la vue…

Quand il ne réalise pas de films, Guillermo del Toro produit ceux des autres, donnant un petit coup de pouce à de jeunes réalisateurs prometteurs. Après Juan Antonio Bayona et son excellent L’Orphelinat, c’est au tour de Guillem Morales de bénéficier du soutien du réalisateur mexicain pour son premier film. Et encore une fois, on peut dire que celui-ci a eu du nez, vu que Les Yeux de Julia est une petite réussite.

Avec ce premier film, Guillem Morales réalise un thriller assez tendu, lorgnant fortement du côté du giallo italien (tueur insaisissable et fétichiste, affublé de pouvoirs quasi surnaturels, indices liés à la vision de l’héroïne, etc). Mais loin d’un exercice d’hommage vain, Les Yeux de Julia est avant tout un magnifique portrait de femme. Une femme forte et indépendante, qui pour une fois n’est pas une gamine ou une jeune étudiante, mais une femme dans la trentaine. On sent que le réalisateur aime son héroïne, et l’actrice Belén Rueda (déjà héroïne de L’Orphelinat !) le lui rend bien, incarnant avec passion cette femme prête à mettre sa santé en danger pour trouver la vérité (chaque nouveau choc émotionnel la rapproche un peu plus de la cécité).

Mais c’est surtout au niveau réalisation que Les Yeux de Julia épate. Pour un premier film, il faut avouer que celui-ci est d’une maîtrise impressionnante. Morales adapte totalement sa mise en scène au point de vue de son héroïne, plongeant le spectateur dans son monde. Les effets utilisés sont simples mais ingénieux (vue subjective floue, sons accentués, ou visages cachés lorsque Julia finit par se faire opérer et doit garder un bandage sur les yeux) et permettent une grande empathie. La partie thriller est elle aussi très réussie, Morales réussissant à conférer à son mystérieux tueur une aura quasi surnaturelle (il est « invisible » aux autres de par sa banalité) et emballant quelques scènes très tendues (la stressante confrontation dans l’antre du tueur).

Le seul reproche que l’on pourrait faire au film, c’est le côté assez balisé et prévisible de son intrigue. Les amateurs du genre devineront assez vite l’identité du tueur, ainsi que les quelques révélations sur ses origines. Mais qu’importe, puisque le plaisir est là, tant ludique que visuel. Il est tellement rare de voir des premiers films aussi réussis qu’on aurait tort de bouder son plaisir.

Note: 7/10

Espagne, 2010
Réalisation : Guillem Morales
Scénario : Guillem Morales, Oriol Paulo
Avec : Belén Rueda, Lluis Homar, Pablo Derqui, Francesc Orella, Joan Dalmau

The Dead Outside

Critiques en vrac 44: Wake Wood – Les Yeux de Julia – The Dead Outside – Very bad Trip 2
Résumé : Fuyant une épidémie transformant les personnes infectées en fous agressifs, un homme se réfugie dans une maison a priori abandonnée. Mais celle-ci est occupée par April, une jeune fille de 16 ans qui a appris à survivre seule. D’abord réticente, celle-ci finit par accueillir son visiteur dans son foyer…

Autre premier film de cette sélection, The Dead Outside est un film écossais à très petit budget. Un handicap pas forcément synonyme de ratage, tant que les idées sont là. Malheureusement, dans le cas de The Dead Outside, celles-ci font cruellement défaut. En tentant de raconter une histoire d’infection apocalyptique en huis clos, la réalisatrice Kelly Anne Mullaney se fourvoie dans à peu près tous les travers de ce genre de productions. The Dead Outside ressemble en effet malheureusement à un pâle hommage à toutes les bandes les plus connues du genre : The Crazies pour les effets de l’infection, La Nuit des Morts-Vivants pour le lieu unique de l’action, 28 Jours plus tard pour le réapprentissage de la vie en communauté, etc. Les acteurs sont assez moyens et peinent à rendre leurs personnages attachants, d’autant que ceux-ci sont finalement peu développés (ah, le trauma de l’homme qui a vu sa famille se faire infecter, qu’est-ce que c’est novateur !). Pire encore, le scénario multiplie les incohérences, particulièrement au niveau des comportements des personnages : la jeune April râle à chaque fois qu’une nouvelle personne arrive, mais accepte celle-ci en deux minutes, et son compagnon, qui n’est pas immunisé contre le virus, massacre de l’infecté à tour de bras sans aucune précaution.

Le rythme lent (d’aucun dirait lénifiant) du film n’arrange pas les choses, puisqu’on a l’impression qu’il ne se passe absolument rien tout du long (mis à part une mini révélation moisie sur la jeune fille). Les effets spéciaux tiennent à peu près la route (c’est toujours ça de pris), mais Mullaney abuse d’une réalisation « cool » (les plans avec la caméra de biais, à croire qu’elle n’avait pas de pied), et d’un filtre monochromatique spécial « rendu apocalyptique » qui donne surtout une image très moche.

Bref, The Dead Outside a beau avoir un budget minuscule, cela n’excuse pas son manqué flagrant d’originalité et son côté grandement soporifique. A éviter…

Note : 2/10

Royaume-Uni, 2008
Réalisation : Kelly Anne Mullaney
Scénario: Kris R. Bird, Kerry Anne Mullaney
Avec: Sandra Louise Douglas, Alton Milne, Sharon Osdin

Very Bad Trip 2 (The Hangover Part 2)

Critiques en vrac 44: Wake Wood – Les Yeux de Julia – The Dead Outside – Very bad Trip 2
Résumé: Deux ans après leurs mésaventures à Las Vegas, Stu (Ed Helms), Phil (Bradley Cooper), Doug (Justin Bartha) et Alan (Zach Galifianakis) se retrouvent en Thaïlande pour le mariage de Stu. Encore traumatisé par leurs précédentes aventures, Stu supplie ses amis de ne pas organiser d’enterrement de vie de garçon. A la place, ils décident de prendre une bière sur la plage, en compagnie de Teddy, le jeune frère de la fiancée de Stu. Le lendemain matin, Phil, Stu et Alan se réveillent dans un hôtel miteux de Bangkok, sans savoir comment ils sont arrivés là. Pire, Teddy a disparu et un de ses doigts trempe dans un verre. Une nouvelle fois, les trois amis vont devoir remonter le fil des événements de la nuit passée pour retrouver Teddy…

Vu le carton planétaire de Very bad Trip, il était inévitable que l’appât du gain soit le plus fort et qu’une suite soit mise en chantier. Une idée tout de même un peu saugrenue, tant le concept du premier épisode semblait difficile à décliner dans une suite sans tomber dans la redite. Et en effet, ce Very bad Trip 2 est loin d’atteindre le niveau du premier épisode…

Very bad Trip 2 est le type même de la suite paresseuse mise en chantier pour de mauvaises raisons. Tout dans le film pue l’opportunisme hollywoodien le plus gonflant. Plutôt que de tenter une approche un peu différente pour éviter la redite, Todd Phillips et ses deux nouveaux scénaristes Craig Mazin et Scot Armstrong préfère faire dans la facilité en décalquant le premier épisode et repoussant les limites de la vulgarité. On remplace donc Las Vegas par Bangkok, le fiancé paumé par le petit frère de la future mariée, la dent arrachée par un tatouage, le bébé par un singe, le vol du tigre par l’enlèvement d’un moine, la stripteaseuse par une prostituée locale, etc. Du coup, malgré le côté « bigger and louder » de cette suite, on finit par s’ennuyer pas mal, tant les rebondissements sont prévisibles (un comble vu que le premier faisait mouche justement grâce à aux folles découvertes que faisaient les personnages pendant leur investigation) et décalqués sur ceux du premier film. Même le côté plus grand et plus fou est raté, tant les rebondissements sont peu crédibles (les héros déclenchent une émeute, et se retrouvent pris dans une affaire de grand banditisme). Et le happy end niaiseux et totalement irréel vient malheureusement enfoncer le clou du cercueil (tout est bien qui finit bien, même si le petit frère, futur chirurgien, a perdu un doigt dans l’histoire, et si Stu a insulté son futur beau père devant tout le monde).

Le film est tout de même sauvé par le plaisir de retrouver les personnages attachants du premier film (malgré un cameo ridicule de Mike Tyson) et l’abattage des trois acteurs principaux permet de faire passer la pilule (même si Ed Helms est parfois un peu trop en roue libre, et Galifianakis rend souvent son personnage plus agaçant qu’attachant). Et puis soyons honnête, certaines scènes arrachent aussi quelques francs éclats de rire, notamment une rencontre avec une prostituée locale fortement membrée, ou une visite mouvementée dans un monastère. Cela ne suffit malheureusement pas à faire de Very bad Trip 2 un bon film, ni même une bonne suite. Et dire qu’ils envisagent un troisième épisode…

Note : 5.5/10

USA, 2011
Réalisation : Todd Phillips
Scénario : Todd Phillips, Craig Mazin, Scot Armstrong
Avec: Bradley Cooper, Ed Helms, Zach Galifianakis, Justin Bartha, Ken Jeong, Paul Giamatti, Mike Tyson, Jamie Chung, Nick Cassavetes

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