Du 1er au 10 Juin 2011, la galerie Art’et Miss souhaite vous convier à l’expo photo qu’elle organise sur le travail de deux photographes à l’approche et au style différents.
Tout d’abord, Olivier Billon vous invite à une évasion dans le mystère du Sahara Algérien, il a dû saisir l’aspect mystérieux du désert afin de nous convier à partager cette atmosphère unique.
En voyant ces photos, qui peut s’imaginer un instant que l’artiste a travaillé à partir de photos en noir et blanc ? Celles-ci ont ensuite été scannées afin de les retravailler en ajoutant des couleurs. Olivier Billon les a retravaillées jusqu’à retranscrire les sensations vécues là-bas, les émotions ressenties. Ainsi, ces photos que nous pouvons voir sont le résultat de plusieurs heures de travail à essayer de retrouver la magie de ces paysages d’exception. Un certain mystère et une belle poésie se dégagent de ces photos et nous mènent vers un ailleurs lointain. On se perd alors dans ces canyons imposants et ce paysage sans fin.
Olivier Billon complexifie son travail en superposant des matières à ses photos. Il conjugue ses œuvres avec du métal, des nuages, ou encore du béton ; ce qui donne des textures incroyablement surprenantes et intéressantes. Cette superposition ne nuit en rien à l’image de départ, au contraire. Elle est là pour souligner les contours et les formes, rajouter de la profondeur, donner de la texture et du mystère. On doute alors de la matière, tant certaines photos ressemblent à des peintures. Ce qui nous oblige à nous rapprocher de la photographie, l’observer de près. On a alors envie de la toucher pour comprendre la technique utilisée.
« Depuis le matin jusqu’au soir » « J’étais absent »
Si sa photo « Depuis le matin jusqu’au soir » donne l’impression d’un travail à l’aquarelle, celle nommée « J’étais absent » nous plonge dans une réalité de terre aride et sablonneuse. Ce qui nous interpelle dans ces séries de photographies, ce sont la multiplicité des couleurs, des contours et des formes. Ainsi, les contrastes de couleurs permettent de faire vibrer les photos. Tandis que grâce aux superpositions de formes, c'est le désert qui prend vie sous nos yeux.
« Je suis las »
« Je suis las », semble être un cliché sorti d’un vieux film avec un encadré en noir des couleurs chaudes et des canyons imposants. Ces couleurs ocre, rouge et jaune sont également visibles dans les photographies « Nous n’avons rien trouvé si ce n’est la trace d’un lion », « Qui te possède ? », « Un d’entre eux »
L’aspect mystérieux est renforcé par les inscriptions en Tamachek figurant au bas des photos. Les phrases de cette langue Touareg issues d’un ouvrage rédigé par un ancien colonel, permettent de rajouter de la force et du mystère à la photo. On ne peut s’empêcher de s’interroger alors sur le sens de ces phrases et rester contemplatif devant des vues aussi saisissantes.
Si Olivier Billon s’attache à des émotions ressenties lors de ses voyages dans le désert, Sébastien Castillo, lui, s’épanouît dans un style urbain plus explosif, osé et aux formes géométriques. Dans cette exposition, la photographie est donc la rencontre de deux visions et tempéraments différents. De même que pour les photos d’Olivier Billon, il est impossible de rester indifférent au travail de Sébastien Castillo.
Bien que ce jeune photographe travaille aussi sur la superposition des clichés et des images, son style est tout autre. Son style audacieux mêle de trois à six, voire sept clichés afin de rendre un travail unique.
Les couleurs sont vibrantes, les formes géométriques, les superpositions à la fois improbables et complémentaires. L’artiste mêle des gros plans d’éclaboussures de peintures prises dans des classes d’arts plastiques, des photos prises lors de ses voyages (en Turquie par exemple) et d’expositions. Ne soyez pas surpris de ne pas voir de nom pour ces photos, mais donnez libre place à votre imagination pour les trouver vous-même.
La photographie de la momie mêle différents clichés pris lors de l’exposition Post-Mortem dédié au rituel mortuaire romain (Lyon) ainsi que des paysages urbains et montagneux. On peut y voir le squelette d’une femme avec son reflet, un gros plan de montagne avec une fracture géométrique. Le mélange d’images et d’espaces contradictoires crée une perspective et une illusion de plan.
Le cliché de la montagne est réutilisé de façon inversée dans la photo prise dans l’église Sainte Sophie à Istanbul avec différents individus. Cette réutilisation d’une même image répond à la volonté de l’artiste de donner de la cohérence à un grand ensemble d’images à travers un travail en série. Cette répétition donne une musicalité et du rythme aux différentes œuvres.
La reprise d’un même motif est aussi là pour représenter différents éléments urbains. Un escalier peut être là en tant que tel ou représenter une roue, un grillage de prison ou une cage de hamster. Tout dépend de la vision de l’artiste et de la façon d’utiliser les clichés et les prises de vue.
Il y a donc une variation entre des thèmes et des aspects différents ; ce qui laisse place à des croisements de styles inattendus. L’artiste mélange des photos de villes occidentales avec des sculptures mésopotamiennes et permet la rencontre entre un monde oriental antique et un monde occidental urbain ; ce qui rend l’ensemble harmonieux.
L’harmonie réside également dans le cadrage, les couleurs ou les formes géométriques. Alors que certaines photos sont dominées par des formes rectangulaires ou linéaires, d’autres le sont par des formes rondes.
Dans une ambiance urbaine, l’Homme est naturellement présent mais comme effacé, presque invisible, faisant corps avec ce qui l’entoure. L’homme n’est donc pas oublié mais réduit, il est comme dominé. Il semble être dépassé par cet espace.
Behiye ALTAN