Magazine Cinéma

Une passion, entre ciel et chair

Par Irreguliere

une passion

Je veux parler d'amour dans ces pages, toutes ces pages.

Tout ce qui a été écrit sur terre, dit, murmuré, hurlé, crié, parle d'amour. Même si, en apparence, il n'est question que de sésaccords, de stratégie, de malentendus, de guerres, de politiques et de pouvoir, le vrai sujet est l'amour. Même si ne s'expriment le plus souvent que ses déviances, ses convulsions, ses impuissances, ses dérapages dans l'orgueil, l'ambition, la haine. Il n'est pas un geste, pas un pas qui ne se pose sur terre sous une autre impulsion que l'amour : l'amour dépité, oui, souvent, l'amour bafoué, l'amour entravé, mais l'amour.  [...]

Je veux parler d'amour dans toutes ces pages par honnêteté - car rien jamais - jamais - en toutes ces longues années n'a su m'en distraire - ni la solitude, ni le désespoir, ni les épreuves, ni les impitoyables duretés de notre siècle, ni la faim, ni la poussière des routes, ni le spectacle déchirant des errances humaines, ni la mortelle torpeur qui saisit parfois les âmes.

Vous connaissez maintenant ma passion pour les grandes histoires d'amour, en particulier si elles ont quelque chose de mystique. Autant dire que ce roman, qui récrit l'histoire d'Héloïse et d'Abélard, ne pouvait pas m'échapper plus longtemps...

Héloïse a soixante ans. Elle écrit. De sa cellule du couvent dont elle est l'abbesse, elle s'adresse à Abélard, mort depuis longtemps. Abélard auquel elle a consacré chaque seconde de son existence. Elle se confesse. Elle veut dire l'amour, celui que seuls peuvent comprendre ceux que la passion à consumés aussi. L'amour absolu. Un amour mystique, qui se fait religion et transforme l'être qui le vit. Le transfigure. Un amour passion qui se devait de mal se terminer...

Dire que j'ai été enchantée et bouleversée par cette lecture serait un euphémisme. Elle m'a littéralement transportée. Il s'agit de plus qu'un roman, mais d'un véritable poème, dans lequel Héloïse n'oppose pas son amour pour Dieu et son amour pour Abélard : pour elle, sa vie de femme et sa vie de nonne ne sont pas incompatibles, elles se nourrissent l'une l'autre et finalement ne font qu'une. Le texte est du coup empreint d'un mysticisme sensuel, l'extase amoureuse impose une véritable présence corporelle, un ancrage, il ne s'agit pas d'un amour désincarné, et l'amour physique se pose comme voie d'accès au sacré : on est ici plus proches des philosophies orientales que du catholicisme. Les deux êtres se reconnaissent au premier regard, car ils sont des âmes jumelles, créées l'une pour l'autre et... et bien cela m'a émue aux larmes, et j'ai lu de nombreuses pages les yeux humides tellement c'était beau. Je n'aurai qu'une critique : les citations en latin qui ne sont pas traduites. On s'en passe, mais c'est tout de même dommage...

A noter que l'adaptation du roman est en ce moment visible au théâtre du Lucernaire jusqu'au 17 juin, puis sera en tournée, j'espère pouvoir choper une représentation (en prévoyant les mouchoirs). Plus d'infos ici.

Une Passion, entre ciel et chair

Christiane SINGER

Albin Michel, 1992 ("Espaces Libres", 2000)

logo_challengeamoureux

Catégorie "histoire d'amour mythique"


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Irreguliere 2572 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte