Magazine Médias

Fascias : du Rolfing à Myers, communication holistique, biotenségrité, Yoga du XXIème siècle

Publié le 05 juin 2011 par Ladrevert

« Dans un corps humain, les supports ne sont pas quelque chose de solide. Les supports sont des relations. Les supports sont un équilibre entre des éléments qui ne sont pas solides du tout, qui ne sont pas capables de résister au poids qui presse sur eux vers le sol, sauf quand ils sont équilibrés. « 
docteur Ida Rolf

Après avoir abordé de manière ludique les fascias et l’intérêt des pratiques corporelles de mobilité ou du massage avec Gil Hedley sur le fuzz, nous allons continuer notre exploration du sujet.

Cela fait deux mois à peu près que je ne cesse d’entendre parler de la méthode Fendelkrais, qui avait été populaire il y a quelques années en France. Souvent mes interlocuteurs sont surpris que je la connaisse… au final on revient sur des fondamentaux, sur le corps, le mouvement, la conscience… par contre en France le Rolfing (méthode du Docteur Ida Rolf) est totalement inconnu… pourtant quand on entreprend des recherches sérieuses sur le corps on ne cesse de retomber sur cette méthode ou sur des anciens élèves qui sont partis sur leur propre chemin de recherche sur le corps. L’un d’entre eux est Tom Myers, auteur de Anatomy Trains, livre considéré comme une référence sur les fascias (la recherche étant jeune il n’y a pas tant de livres que cela…).

Je reviendrai sur certaines parties de son livre dans un prochain article, qui éclairent tant la pratique martiale que celle du massage, aujourd’hui je vais me concentrer sur les éléments d’une interview qu’il a donné à the Magasine Of Yoga.

Du modèle du corps

Il est important d’avoir à l’esprit que notre modèle du corps vient de la dissection à la renaissance, où l’on « coupait ». Cela a conduit : 1 à ce que les fascias disparaissent des modèles de représentation du corps, 2 que l’on définisse des parties du corps qui n’existent pas (toujours le fameux principe du tiers exclus, à tout mettre dans une petite boite).

exemple : Il y a beaucoup de tissus conjonctifs à l’intérieur de l’articulation du genou, mais cela n’a pas de bord précis… c’est quelque chose d’arbitraire là où vous mettez le scalpel pour trancher et dire là c’est le ligament collatéral médial, là ce ne l’est plus… le problème de ces divisions au scalpel c’est qu’elles deviennent une part de notre « vérité » sur le corps, mais c’est juste un point de vue particulier.

André Vésale (1514-1564) &  les 3 Systèmes de communication englobant le corps entier

Vous pouvez consulter sur le site de la BNF le De humani coporis fabrica de Vésale ou de manière plus conviviale ici, qui est un splendide livre d’anatomie de la Renaissance.

Souvent on pense à la structure osseuse, à notre squelette quand on pense à un tout dans le corps. Vésale à son époque avait déjà représenté le système nerveux comme un tout, et le système circulatoire comme un autre tout (imaginer de pouvoir rendre le corps invisible sauf un système, l’on recherche alors le système ou les systèmes où l’on garde la forme complète de notre corps):

Fascias : du Rolfing à Myers, communication holistique, biotenségrité, Yoga du XXIème siècle

C’est plutôt impressionnant pour l’époque même si aujourd’hui on y apporterait quelques modifications (pour la partie nerveuse on rajouterait le cerveau et on retirerait la colonne). Tom Myers souligne que cela répond à la question : Lesquels de nos systèmes sont des systèmes holistiques ?

(A noter : le dernier numéro de Nexus sur la non circulation du sang et le le profil protéique, le sang canal de circulation de l’affect)

A partir du moment où vous n’allez plus couper les tissus conjonctifs et les balancer vous aller voir vraiment différemment le corps et dès lors vous aurez 3 systèmes de communication englobant le corps entier (vous avez bien une représentation du corps entier avec chacun de ces systèmes).

Le système circulatoire gère les informations chimiques, le système nerveux s’occupe de traiter les informations sur ce qui se passe ici, et le dernier système le réseau de fascia est un système de communication mécanique englobant le corps qui gère la danse entre : tension – compression – force – stabilité.

Si vous ramassez un chat vous allez créer une tension qui va se communiquer de votre bras, à l’épaule, à la colonne puis à la hanche de l’autre côté (nous reviendrons sur l’explication de la croix et l’inversion dans un prochain article) grâce au réseau de fascia.

Notre modélisation du corps est en général un système musculaire ou un système musculo squelettique comme gérant ces forces… bien entendu cela en fait partie. C’est juste qu’entre les muscles et le squelette, autour d’eux, il y a un tissu continu qui communique réellement la tension tout du long : c’est le réseau fascial.

Et donc le troisième réseau en dessin, l’enveloppe myofascial (illustration provenant de Anatomy Trains illustrant le double sac, de Tom Myers) :
Fascias : du Rolfing à Myers, communication holistique, biotenségrité, Yoga du XXIème siècleNotons que les 3 réseaux holistiques sont composés de tube : neuronal, capillaire, fibrille de collagène, Tom Myers les catégorise en 3 ensemble : le réseau neural pour le temps et la mémoire temporelle, le système des fluides pour la matière et la mémoire émotionnelle, et le réseau de fascias pour l’espace et les systèmes de croyance.
Pour finir les 3 réseaux ne sont eux mêmes qu’une modélisation, les 3 parcourant le corps en parallèle et interagissant entre eux, il serait plus pertinent de parler de réseau neuro myo fascial.

Tenségrité

En résumé : le modele os -muscle = limité

En général on voie le corps comme une grue (squelette) et des cables (muscles) qui bougent le tout. Une fois encore, cela n’est pas faux, c’est juste une vision très limitée…  c’est un modélisation « simple ». Le corps humain est une machine bien plus complexe que cela…

Le corps humain ressemble plus à une structure en tenségrité. La tenségrité n’est pas la contraction des mots tension et gravité mais de « intégrité de tension », on parle également parfois de « compression flottante » (terme d’architecture datant de 1949). Les structures en tenségrité sont des structures au maximum d’efficacité, stabilisation des forces de tension et de compression qui se répartissent sur la structure et s’y équilibrent (ce qu’il faut comprendre c’est qu’une structure en tenségrité va répartir la tension et non la concentrer si elle est contrainte). La modélisation du corps vu de cette manière a donné naissance à la biotenségrité (nous y reviendrons car cela permet d’expliquer entre autres la fameuse « arche »)

Fascias : du Rolfing à Myers, communication holistique, biotenségrité, Yoga du XXIème siècleimage intensiondesigns


Et donc penser au mouvement du corps en terme de tenségrité éclaire le rôle des fascias en tant qu’une structure continue et complète.

A noter : vous pourrez lire dans l’interview une petite pique que les ostéopathes… s’il est clair qu’une partie du courant est proche des rebouteux et travaille sur les os, plusieurs courant en France dont le COE expliquent bien que l’oestéopathie traite le corps d’une manière holistique en traitant les tissus mous  (cf le livre Etre vivant : l’ostéopathie nouvelle médecine humaniste de Jean-Pierre Guillaume), et donc la petite pique : ce n’est pas les os qui déterminent où les tissus mous sont… les os flottent dans une mer de tissus conjonctifs et c’est l’équilibre entre les muscles et les tissus, les tissus mous, qui détermine où les os sont.

Quelques mots sur les nerfs les fascias et les muscles

Le système fascial prend en charge le stress mécanique, et le système nerveux écoute constamment le système fascial. Bien plus qu’il n’écoute le système musculaire… il y a 10 nerfs qui terminent dans les fascias pour chaque nerf qui termine dans un muscle. Il s’agit de terminaisons proprioceptives, pas de terminaisons motrices qui elles terminent dans les muscles (les muscles étant la partie réaction rapide du système fibreux). Les fascias sont un système réactif lent. certaines réactions peuvent durer jusqu’à un mois ou deux… (os cassé, entorse…)

RCM, nouveaux paradigmes, nouveaux corps–esprits et Yoga du XXIème siècle

Bien entendu Tom Myers ne parle pas de notre association Recherche Corporelle et Martiale :)

Le Yoga est (et aussi loin que nous le savons avec les arts martiaux, ils semblent avoir les mêmes racines quelque part à Kerala en Inde), le yoga est une voie et les arts martiaux une autre. Mais ces deux voies (et cela est important) sont des tentatives de re-former une personne dans tous ses aspects en travaillant sur le corps.

La pratique dépasse la dimension purement physique et englobe l’individu dans sa globalité, émotionnelle et psychique. Tom Myers soulève un point que nous traitons souvent ici entre la dualité créée dans notre société entre notre corps et notre esprit (cf divorce entre le corps et l’esprit de Thierry Janssen) alors que des pratiques comme le yoga vise à réunifier le tout.

Ce qui me semble pertinent dans son approche est : Quel Yoga pour le XXIème siècle ? qui rejoint l’un des fondements de notre recherche à la RCM. En effet le yoga comme d’autres pratiques corporelles a été conçu à une époque pour répondre à un besoin donné à une typologie d’individus. Aujourd’hui le yoga s’adresse à une autre typologie de personnes qui ont une vie et des besoins différents. ajoutons également l’aspect socio culturel comme pour la méditation comme le relevait Deshimaru, à savoir qu’en Asie souvent les personne s’endorment en méditation et qu’en Occident on a l’esprit surexcité et qu’au contraire il faut diminuer la lumière et mettre de la musique pour calmer les esprits… Heureusement la pratique évolue et on voit des adaptations intelligentes.

Il est propre à chacun de s’interroger sur le sens de sa pratique par rapport à sa vie.

Je ne vais pas paraphraser Tom Myers, je vous laisse le lire sur ses réflexions sur le Yoga de son origine au sens de la pratique aujourd’hui et pour demain.

Pour finir je reprendrai le Bhagavad Gita cité par Gil Hedley :

Le Yoga c’est la pratique qui vise à tolérer les conséquences d’être soi-même.

2 heures du matin, samedi soir, je vous laisse….

PS : j’ai volontairement modifié l’ordre des interventions par rapport à l’interview… bien entendu le sujet étant tellement vaste, prenez ce court article comme une traduction – synthèse – introduction. Je reviendrai sur Anatomy trains pour illustrer la « croix ». Le prochain article sur les fascias traitera de la théorie des muscles négatifs et de ce que nous avons en commun avec les lézards en dehors d’un bout de notre cerveau. D’autres sujets en tête, mais cela demande du temps et de la motivation… (sans parler des ressources graphiques pour illustrer les propos difficiles à trouver). Si vous avez trouvé de l’intérêt à ce type d’article merci de réagir.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ladrevert 1008 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine