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Poezibao a reçu, n°174, dimanche 5 juin 2011

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.  
 
Kenneth White, Les Archives du littoral, Mercure de France 
Revue Europe, « André du Bouchet » et « Nikolaï Zabolotski » 
Jean-Luc Parant, Dix autres chants pour continuer à tourner en rond, La Différence 
Camille Loivier, Enclose, Tarabuste 
Pierre Le Pillouër, comment se fait, Walden n Press 
Sapho, Muleta, La Différence 
Jean-Christophe Cambier, Abstracts, Les Presses du réel 
Louis-François Delisse, Le Logis des Gémeaux, Le corridor bleu 
André Laude, La Légende du demi-siècle, Levée d’Encres 
Serge Delaive, Art farouche, La Différence 
Jeanpyer Poëls, Une fauvette libre libre libre, Éditions de l’Atlantique 
Francis Chenot, Chemins de doute, Éditions de l’Atlantique 
 
 
Notices détaillées de ces livres et revues en cliquant sur « lire la suite... » 

Kenneth White 
Les Archives du littoral 
traduit de l’anglais par Marie-Claude White 
édition bilingue 
Mercure de France 
17, 50 €  
 
Le littoral : la limite entre continent et océan, lieu de phénomènes complexes – retraits et avancées, transgressions et régressions, une ligne variable, rythmes divers. C’est sur ce terrain que Kenneth White a basé sa poétique.
Et c’est là, dans son poste de vigie, qu’il accumule ses « archives », documents qui suivent les lignes du monde, de l’Écosse à l’Alaska, de la Bretagne au Japon, écrits soit à la première personne, soit en adoptant le masque de tel ou tel personnage historique : navigateur, découvreur, errant anonyme… Avec toujours un langage approprié, allant de la musique pure et lointaine d’une pièce nô au ton familier et ludique d’une ballade ou d’un blues.
Si elle est marquée par beaucoup de variations, l’œuvre de White, une des plus cohérentes et des plus développées qui soient, poursuit une logique de fond, qui, avec chaque livre, s’amplifie et s’affine. (Quatrième de couverture) 
 
 
Revue Europe 
N° 986-987, juin-juillet 2011 
Dossiers « André du Bouchet » et « Nikolaï Zabolotski » 
18,50 € 
 
Sommaire complet ici.  
 
 
Jean-Luc Parant 
Dix autres chants pour continuer à tourner en rond 
Éditions de la Différence 
10 € 
 
Après Dix Chants pour tourner en rond et Dix Nouveaux Chants pour tourner en rond, voici le troisième volume : Dix Autres Chants pour continuer de tourner en rond. Les yeux, qui ne peuvent entrer en contact avec aucune autre matière que celle dans laquelle ils se projettent, sont le symbole de notre existence de solitaire, coupée de tout, comme brisée et retranchée du reste du monde. Nous ne sommes qu’un fragment inalliable, qu’un débris dentelé et échancré de la matière qui nous entoure, et que l’espace sans fin a défoncé et déchiré pour nous faire naître. Quand le monde est à la taille de nos yeux, nous voyons. Si le soleil dans le ciel est juste à la taille de nos yeux, c’est bien non seulement parce que le soleil est ce que nous voyons de mieux mais aussi ce que nous voyons le plus, et ce par quoi nous voyons. 
 
 
Camille Loivier 
Enclose 
Tarabuste, 2011 
11 € 
 
Les lieux se transportent comme une roulotte 
c’est un bureau, une fenêtre, des toits, des arbres 
cela devient une table en fer blanc sous le cerisier 
j’aurais voulu rester toujours dans ses fleurs 
– ou une fougère dans le puits – 
(p. 50) 
 
 
Pierre Le Pillouër 
Comment se fait 
coll. pli deux, Walden n presse, Trémas, 2011 
 
Dites pré-oniriques, ces images qui naissent en même temps que le goutte à goutte des endorphines à la base de la nuque, lorsque sont délaissés tous les calculs, désirs et inquiétudes, échappent aux lois de la mémoire et autres phénomènes de la pensée ; montées sur les mêmes bobines que ces représentations plus courantes, elles s’en distinguent par le fait qu’elles ne représentant qu’elles-mêmes. Insolentes et paresseuses mais stables comme des cadres anciens, elles ont les vapeurs du songe sans ses contours psychologique.  
Impossible de commander leur montée. (Quatrième de couverture) 
 
 
Sapho 
Muleta 
Éditions de la Différence, 2011 
10 € 
 
Le titre du recueil Muleta évoque le leurre : chiffon rouge monté sur bâton pour exciter le taureau. Le leurre chez Sapho, ce sont les mots.
Les écoute-t-on ? « Brise lame / Bris de lames / Sésame / Brise l’âme ». Mais qui est le taureau ? Soi-même, sans doute. Et c’est ainsi que nous avançons, dansons, aiguillonnés par le sens, par le son : « L’avant-garde est déjà désuète / Allons de ce pas à Sète / Tirer nos filets / J’appelle et je ramène / Mes voix méditerranéennes / Le stylisme n’est pas mon fait / Je salue Mahmoud le Darwish / Je salue Mahmoud le riche / Et sa voix qui au loin entraîne / Mon français d’Orient mêlé ». 
 
 
Jean-Christophe Cambier 
Abstracts 
Les presses du réel, 2011 
10 € 
 
Abstracts a été écrit il y a un quart de siècle, entre 1984 et 1987. « Comment décrire la condition de la réflexion dans ses rapports de force littéraux à l'expérience intérieure ? » C'est la question à laquelle le livre de Jean-Christophe Cambier ambitionne de répondre, au gré d'une écriture fragmentaire, proposant une manière d'« abstraction littéraire » qui s'inscrit dans l'âge critique ouvert par le romantisme d'Iéna et l'avènement du projet théorique dans la littérature. 
Imaginez le Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein dans la langue de Mallarmé et de Lacan réunis : l'aphoristique logicisante prend un tour singulier ; le « cogito », dans sa visée autoréflexive, éprouve le tourment et les plaisirs de la médiation langagière. Livre infaisable, œuvre désœuvrée – véritable hapax des lettres françaises, l'ouvrage de Cambier, en soumettant la lecture au jeu de la transitivité et de l'intransitivité du langage, met à nu l'aporie qui tout à la fois fonde et menace la modernité littéraire : n'ayant plus pour vocation de dire le monde, une parole entend « se » dire sans pour autant se constituer en nouvel objet, transparent et positif, d'elle-même. 
Né en 1956, Jean-Christophe Cambier vit à Paris. Il a publié, en 1986, Le Jeu de Paume sous le pseudonyme de ds.df. En 2010, son deuxième livre paraît  :  Temps mort. En même temps qu'Abstracts, Les Impressions nouvelles font paraître Hors sujet. Journal d'une auto-analyse, écrit à la même époque. (Quatrième de couverture)  
 
 
Louis-François Delisse 
Le Logis des Gémeaux 
Le corridor bleu 
18 € - site de l’éditeur 
 
Louis-François Delisse est né en 1931 à Roubaix. Afin d’éviter une mobilisation dans la guerre d’Algérie, il quitte la France en 1954 pour le Niger. Il y restera jusqu’en 1975. Publié par Guy Lévis Mano, remarqué notamment par René Char, Delisse écrit une poésie au lyrisme toujours extrêmement tendu, dont la brièveté s’accompagne d’une singulière intensité. Avec Le Logis des gémeaux se clôt la publication de ses œuvres majeures. Ce recueil vient comme enchâsser (des débuts de 1947-1954 à la période post-africaine de 1970-2007) les autres grands livres que sont Aile, elle et Les Lépreux souriants. Il offre ainsi la vision d’une poésie tout du long inaugurale et crépusculaire, tout de suite géniale et aussitôt nostalgique, à l’image de l’œuvre et de la vie d’un poète brûlé par l’essentiel. (Laurent Albarracin, quatrième de couverture).  
 
 
André Laude 
La Légende du demi-siècle 
Préface de François Vignes 
Levée d’encre, 2011 
12 € 
 
Un jour qu’il remettait au journal Le Monde la nécro d’une  personnalité en vue, il croisa l’intéressé dans les couloirs. Surpris de voir vivant quelqu’un qu’il venait d’enterrer, il faillit, me confia-t-il, lui présenter ses condoléances. Poète, homme à tout faire du journalisme André Laude a collaboré à de nombreux périodiques… En 1975, Les Nouvelles littéraires décident, pour faire peau neuve, de réaliser un numéro spécial, une espèce d’anthologie succincte des arts et des lettres. L’idée est bonne, encore faut-il trouver quelqu’un qui soit capable, pour une somme modique de la mener à bien dans des délais très brefs. «  Ils m’ont mis en perfusion avec une caisse de bière et quelques sandwichs et vogue la galère. J’ai travaillé sans discontinuer pendant trois jours, les feuillets partaient à l’imprimerie, sans que j’aie le temps de les relire. La commande portait sur un numéro, j’en ai livré deux ». La Légende du demi-siècle, qui circule depuis lors comme un Samizdat, serait née ainsi, dans l’urgence et la précipitation. Cette balade à travers cinquante ans de peinture, de musique et de littérature, passe en revue tous les courants, tous les mouvements qui ont enrichi la vie culturelle de 1920 à 1975. Ruiné par l’alcool et la solitude, André Laude est mort à Paris en Juin 1995 dans le plus total dénuement. Quelque temps avant, il écrivait : « Toute ma vie, avec ma poésie, j’ai tissé un manteau de misère et maintenant ce manteau de misère me ronge les os » (Quatrième de couverture) 
 
 
Serge Delaive 
Art farouche 
Éditions de la Différence, 2011 
12 € 
 
L’œuvre de Serge Delaive, Liégeois pérégrinant de l’Argentine à la Corée, se construit, tantôt poèmes, tantôt romans (il a reçu le prix Rossel en 2009 pour son roman Argentine).Mais c’est toujours sur le voyage qui nous ramène à la solitude essentielle, que s’ancrent ses textes. D’un bout à l’autre des continents, dans l’apogée ou le déclin des civilisations, l’homme ne change pas et chemine sur le vide : « Nous marchons des heures et des heures / nous parcourons des distances prodigieuses / à travers les montagnes les étendues blanches / les forêts sombres l’enchevêtrement urbain / il nous arrive parfois de nous retourner / pour évaluer la réalité du trajet parcouru / alors nous cherchons l’empreinte de nos pas / et chaque fois nous posons un constat identique / il ne reste aucune trace pas le moindre indice de notre passage sur la surface écaillée de la sphère étrange ». 
 
 
Francis Chenot 
Chemins de doute 
Éditions de l’Atlantique, 2011 
16 € 
 
dans leur fragilité 
les mots du poème 
sont pareils à ces traces 
cunéiformes 
que laisse le goéland 
lorsqu’il se pose sur la plage 
Une prochaine marée 
les effacera 
d’une vague indifférente 
(Quatrième de couverture)  


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