Dans le distinctif bâtiment de verre et métal du numéro 261 du boulevard Raspail, œuvre de l’architecte Jean Nouvel se trouve depuis 1994 la prestigieuse Fondation Cartier pour l’art contemporain (http://fondation.cartier.com/). Il s’agit de la première fondation privée française dédiée à promotionner l’art contemporain sous toutes ses formes, que ce soit la peinture, l’installation, la photographie, la vidéo, le design ou la mode. La Fondation Cartier est célèbre non seulement pour ses stimulantes expositions qui sont habituellement accompagnées par de magnifiques catalogues, mais aussi pour ses fameuses Soirées Nomades, des rendez-vous hebdomadaires qui tournent autour du mondes des arts scéniques.
On peut difficilement imaginer un décor qui contrasterait plus avec l’exposition en cours que le diaphane bâtiment de verre lisse de Jean Nouvel, les murs extérieurs du rez-de-chaussée sont amovibles, ils peuvent se déplacer pour créer un espace ouvert vers l’extérieur, renforçant ainsi l’impression de légèreté et virtualité recherchée par l’architecte. Donc jusqu’au 25 septembre prochain ce que pourra trouver le spectateur dans les sales sophistiquées de la Fondation Cartier, salles qui ont été modifiées par le designer industriel italien Enzo Mari, qui a créé une scénographie adéquate pour cette situation, c’est une sélection de plus de 100 objets d’art vaudou provenant de l’impressionnante collection de Anne et Jacques Kerchache.
Ce dernier est décédé en 2001, raison pour laquelle l’importante exposition de statues vaudou qu’il préparait à ce moment là pour la Fondation Cartier fut reportée. Jacques Kerchache fut un des plus grand spécialistes et défenseurs de la cause de l’art primitif, dont l’entré dans les collections de plusieurs grand musée français fut produit de son travail et insistance. Malraux affirma catégoriquement : Pour les arts primitifs et surtout pour le vaudou, il existe Jacques Kerchache et seulement lui. On doit à son initiative, entre d’autres réussites, la création du Pavillon de Sessions du Musée du Louvre et du Musée du Quai Branly. Maintenant dix ans après sa mort, la Fondation Cartier a voulu lui rendre hommage avec cette exposition d’objets vaudou, dont Kerchache fut un des premiers occidentaux à apprécier et défendre leur extraordinaire pouvoir esthétique et incroyable originalité dans les années soixante du vingtième siècle.
Il s’agit de statuettes rituelles des ethnies Fon et Nago en apparence impénétrables qui cependant acquièrent une voix propre et parle d’elles même quand nous nous soumettons à leur influe hypnotique dans le monde obscure créé par Enzo Mari, à cet impressionnant pouvoir magique capable théoriquement autant de protéger à celui qui la possède comme de nuire irréparablement aux ennemies de celui-ci. Cependant malgré son évidente fonction rituelle, ce ne sont pas les qualités magiques ou anthropologiques des statuettes que cette exposition veut souligner mais plutôt leur valeur comme objets d’art et leurs indiscutables qualités esthétiques. Mises en évidences dans des pièces admirables comme le terrifiant Carrosse de la mort, possiblement la pièce la plus importante de l’exposition, qui se trouve dans un sous-sol ténébreux où les statuettes reçoivent une illumination particulièrement faible.
Paul Oilzum