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Seule doit être choisie
dans la terreur et le désastre
la parole qui allume
des constellations dans la nuit
Fille de Marie Noël et de Patrice de La Tour du Pin, mais aussi du plain-chant péguyen et claudélien, la poésie chrétienne aujourd’hui retrouve sa belle jeunesse et ses lettres de noblesse. En témoigne, en France, le poète Gwen Garnier-Duguy, dont la quête de joie se lie au sens du combat, dans une poésie pleinement catholique qui s’épanouit, comme la liturgie, dans une dimension cosmique et célèbre la refloraison du monde. Comme Péguy, comme Claudel, c’est un chant lumineux, mais aussi profondément enraciné, raciné même, qui soulève l’épaisse glèbe et la poussière volage pour les animer de souffle et de sang. Une poésie mystique, mais du Corps mystique, de la chair transpercée et transfigurée aux plaies de lumière.
La poésie est messe sur le monde, liturgie laïque, prière profane qui sanctifie l’univers, danse des mots païens et convertis – illuminés, inspirés, insufflés d’Esprit. Elle est écho de la Parole créatrice, servante du Verbe rédempteur, fille du Souffle de vie. La poésie chrétienne, ce sont les noces de David et de la Sybille sous l’Arbre de la Croix. Fils spirituel d’Hildegarde de Bingen, Gwen Garnier-Duguy, veut ressusciter Pan – par l’onction poétique et le baptême du Nom.
Falk van Gaver
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Les ondes
hertziennes
vrillent l’espace
les chimies
agricoles
privent nos voûtes
des chants d’insectes
des campagnes
ne monte plus
le vol des alouettes
*
Le monde est au bord du monde
Il choisira de respirer les sarments de la joie
de s’élever dans la grandeur des orangeraies
de danser dans l’empreinte des oliviers
son projet pour nous porte l’étendard
de toute beauté
*
Ce qui est empêché
chaque jour
de notre dimension d’homme
s’enfouit en douceur
dans la mémoire de notre être
demeure là – patient
jusqu'à constituer le terreau
par où la terreur changera de camp
et s’épanouira en pommier en fleurs
*
Tu as le paradis
sur le bout de la langue
l’écorce des jardins délicieux
pour paume de la main
et la nuit qui sarcle ton cœur
y fait planer d’un souffle doux
les eaux ferventes
où tout est oint
*
Après avoir veillé
comme un damné
béat devant la portée de tes rêves
tu as enseveli tes mains
dans la terre
tu as appartenu au monde
et tes pensées ont refleuri
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Gwen Garnier-Duguy, Danse sur le territoire, Éditions de l’Atlantique, 2011, 42 p., 13 €