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Nièvre : Nicolas Sarkozy se déplace dans l'indifférence

Publié le 08 juin 2011 par Juan
Nièvre :  Nicolas Sarkozy se déplace dans l'indifférenceN'espérez pas qu'il vous parle de sécurité assurée, de pouvoir d'achat rétabli, de santé accessible. N'espérez même pas qu'il se saisisse des quelques polémiques lancées par ses sbires, comme sur ce RSA qui coûte si cher - Martin Hirsch aura 6 minutes mercredi pour le défendre à une tribune de l'UMP -. Ne comptez pas sur lui pour défendre publiquement l'exonération des oeuvres d'art de l'ISF. Il le fera, mais en coulisses. Quand Sarkozy s'exprime, c'est sur le « terrain », une expression qui désigne des déplacements aux parcours si rodés qu'on en vient à confondre les lieux, les thèmes et même les dates. A chaque fois, le candidat répète les mêmes exemples, enfoncent les mêmes portes ouvertes, s'agite contre les mêmes moulins.
Pour le chroniqueur quotidien, c'en devient usant, presque lassant.
Nicolas, réveille-toi !
A Paris, un peu de polémique
François Fillon prépare sa vie d'après. Il sera candidat aux élections législatives à Paris. L'un de ses secrétaires l'a confirmé au Figaro. Le premier ministre pense donc au coup suivant, la mairie en 2014, et même, sans doute, à la présidentielle de 2017. Pour l'instant, il s'est choisi une circonscription sans souci, la seconde, celle de Jean Tibéri, qui mord allègrement sur le 7ème arrondissement dont Rachida Dati est la maire. L'ancienne intringuante du Monarque n'en est pas revenu que le premier ministre s'installe ainsi chez elle. Elle en oublierait presque qu'elle fut elle-même parachutée.
A Paris, dans son Palais, Nicolas Sarkozy a tenu son habituel petit-déjeuner de la majorité, ce rendez-vous politique où le Monarque cale les éléments de langage de ses ténors. Ainsi, la réintégration des oeuvres d'art dans l'assiette de calcul de l'ISF, décidée par quelques députés UMP en commission des finances la semaine dernière, a été très mal perçue par le Président des Riches, qui l'a qualifié de « stupidité ».
Sarkozy aurait déclaré que cet amendement aurait donné « la possibilité à l'administration fiscale de rentrer dans les domiciles des gens », pour contrôler les déclarations des contribuables, et ferait « disparaître toute une part du marché des oeuvres d'art en France ». Quel sacrilège ! Contrôler les riches !
L'amendement sera donc abrogé lors de l'examen du texte cette semaine en séance plénière. Tandis que le candidat s'envolait pour la Nièvre, le fidèle François répéta l'argument de son patron lors de sa propre réunion avec les députés de l'UMP mardi matin : « On a choisi une ligne. Aller chercher les voix de l'opposition, c'est la négation de la règle majoritaire. » Le pauvre Marc Le Fur, auteur (UMP) de ce funeste amendement, est resté obstiné : «Je maintiens ma position et je défendrai mon amendement en séance.»
Dans la Nièvre, un profond ennui
Dans la Nièvre, Nicolas Sarkozy a effectué sa visite hebdomadaire d'usine, cette fois-ci de fabrication de parquet. Une visite comme souvent expresse, arrivée vers 11H, départ à 13h15. Vers 11H30, il eut quelques mots pour les ouvriers silencieux qui l'entouraient. Puis il est parti dans une grande salle, équipée pour l'occasion, un ancien site d'usine désormais désaffecté.
Sept portiques de sécurité avaient été installés pour filtrer les entrées à l'entrée.
Confortablement installé, le candidat pouvait enfiler les poncifs les uns après les autres. Un chapiteau intérieur, aux bordures noires, avait été installé, tout comme des écrans plats un peu partout dans la salle pour que le millier de participants puissent écouter, silencieusement. Sarkozy tenait son bic, bleu, quand il écoutait. Il y avait, comme souvent, toujours une femme en jupe assise derrière lui.
Cela fait des mois déjà qu'il est lassant et sans surprise. Il se répète, radote, et use ses assistances. A Cosnes, il a ainsi récidivé sur les pôles de compétitivité et les porcelaines de Limoges, la création du crédit recherche (« Nous n'investissons pas assez et c'est pour cela que j'ai voulu le crédit impôt recherche » ), la suppression de la taxe professionnelle (« qui n'existait plus qu'en France ! ... Tiens... mettez vous dans l'état d'esprit du chef d'entreprise comme monsieur xxx que j'remercie... qui fait le choix de maintenir son entreprise dans la région qu'il aime, dans l'univers qui a été celui de son enfance... et... monsieur le maire, il était remercié par une taxe professionnelle qu'il n'aurait pas subi ailleurs dans le monde » ), le prétendu décrochage de compétitivité avec l'Allemagne - maintes fois démenti - à cause des 35 heures, ou, mieux, le désormais fameux « hommage à l'Usine ». Rappelez-vous, le 19 avril dernier, il déclarait à quelques ouvriers d'une fonderie des Ardennes que « d'abord une usine, c'est beau... Il faut ne jamais y avoir été pour croire que c'est laid » Ce mardi, nous eûmes droit à une variante à peine plus subtile, à peine moins stupide : « Il faut arrêter de dire du mal des usines et des entreprises. il faut que l'écologie se mette au service des hommes. Le jour où il n'y aura que des jardins et plus d'usine, où est-ce que vous irez travailler ? ». Sarkozy s'invente des clivages qui n'existent pas. Il y avait aussi cette variante, la compassion de l'Ouvrier : « les délocalisations, c'est pas pour les Bac + 18. L'ouvrier est le premier dont l'emploi est en cause. Il faut regarder ce qui marche à l'extérieur pour s'en inspirer. »
L'omni-président devenu omni-candidat pu à nouveau livrer quelques leçons de neutralité : « J'aimerais que toutes les forces politiques comprennent que la mondialisation est une réalité et qu'on ne peut pas faire abstraction de ce que font les autres. Ceux qui payent un choix exclusivement national, ce sont les ouvriers ».  C'est l'une de ses postures préférées depuis la réforme des retraites, se proclamer au-dessus des partis, lui, l'homme du clan.
Pour le nucléaire, Sarkozy se découvre bipartisan
Bi-partisan, Sarkozy l'était évidemment quand il s'agit de défendre la filière nucléaire. Bizarrement, cette idée de s'élever au-dessus des partis ne lui vient pas quand il s'agit de précarité : « Nous sommes les héritiers d'une histoire qui ne nous appartient pas. Je n'ai pas été élu pour détruire une filière industrielle qui crée de l'emploi, de la compétitivité et de l'indépendance énergétique. Il est extrêmement important d'avoir du sang-froid en toute chose »
Ces déplacements de province, soigneusement préparés, sont toujours l'occasion de choisir ses sujets. Ainsi, sans rapport avec la thématique du moment, le Monarque a répété ses critiques contre l'actuel débat nucléaire. On sent que le sujet l'agace, lui, le chantre d'une diplomatie atomique ultra-active depuis 2007. L'atome est devenue l'un des marqueurs idéologiques du sarkozysme vieillissant : instrument de la lutte contre le réchauffement climatique, vecteur d'exportation de l'excellence française, source de rayonnement industriel et de fierté nationale. « Personne de censé ne peut penser que l'éolien et le solaire vont remplacer ... que... qu'il faut développer et que nous développons... va remplacer le nucléaire comme cela ! »
Faisant allusion à la récente décision allemande de sortir du nucléaire d'ici 2022, il a grogné : « L'émotivité, le manque de sang froid, l'instantanéité du débat médiatique conduit à prendre des décisions invraisemblables.» Ou encore : « La décision des Allemands ? Je ne critique pas, on a bien assez de problèmes à régler. C'est leur choix, c'est un choix d'ailleurs très contesté là-bas. »
Il n'a pas digéré que la catastrophe de Fukushima ait pu jeter un doute sur la sécurité (« la centrale de Fukushima n'a pas bougé ! (...) C'qui s'est passé... tenez vous bien... c'est qu'il y a eu un tsunami ... la vague ... à certains endroits du Japon... mesurait 39 mètres et demi ! » ) voire, pire, abimer son avenir : « on ne va pas arrêter la production du nucléaire dans une région qui n'est pas en bord de mer.  » Un argument déjà servi en Corrèze voici quelques semaines. Sarkozy, quelques minutes avant, évoquait déjà l'Allemagne, mais au sujet des 35 heures. Et il s'exclamait : « on doit regarder ce qui a marché chez les autres pour s'en inspirer. » Vraiment ? Sarkozy, comme d'autres, choisit ses exemples. Mauvais joueur, il compléta : « S'ils arrêtent leurs centrales, il va bien falloir les remplacer (...) on sera candidat pour leur vendre notre électricité et on sera également dans un rapport de compétitivité qui nous sera favorable, tant mieux ! »
Tiendrons-nous encore 11 mois d'une telle répétition ?
Où est le projet ?
Où la vision ?
Ne cherchez pas.

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