Il est bon parfois de voir et revoir un film, plusieurs années après sa sortie. A cette époque, 1986, de ce formidable « Platoon » il me restait quelques scènes inoubliables dont celle du village, interminable et cruelle. Une intrusion à l’origine très classique de soldats américains à la recherche de l’ennemie. Mais au fil de la fouille, des découvertes et des arrestations, la tension jusqu’alors latente, se charge peu à peu d’électricité, et devient incontrôlable.
En réalité tout le film de Oliver Stone, est construit sur ce schéma presque banal d’une émotion contenue, qui va crescendo jusqu’à la rupture. Quand il rejoint sa compagnie , près de la frontière cambodgienne , Chris Taylor (Charlie Sheen ), dix-neuf ans, volontaire, est traité par ses camarades pour ce qu’il est , de la bleusaille. On ne fait pas de sentiments avec les jeunôts et le gamin doit serrer des dents. Déjà la chute de ses belles illusions sur un idéal patriotique, qui au fil du temps va s’émousser d’avantage encore entre les gardes de nuit, les patrouilles incertaines et les corvées de chiotte. Oliver Stone nous trimballe ainsi dans le quotidien ordinaire d’un régiment d’infanterie, où le mental tient autant de place que le flingue.
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L’illustration, c’est la rivalité qui oppose les deux officiers de son bataillon (Tom Berenger et, Willem Dafoe ) et qui se terminera par un duel fratricide. L’un des protagonistes l’affirme: « c’est entre nous une guerre civile ». C’est noir et déprimant, mais le réalisateur qui l’a vécu, rapporte ainsi au plus près la vérité historique, et avec une virulence inouïe l’absurdité de la guerre.
Au spectaculaire de « Apocalypse Now », sa mise en scène opte pour une vision intrusive, (le spectateur est souvent pris à témoin) qui pose les fondements même du film de genre. Tout l’environnement personnel et familial des soldats est banni, au profit d’un récit totalement guerrier. Ce parti pris l’oppose à un autre excellent film du même tonneau « Voyage au bout de l’enfer » de Michael Cimino en 1978. Seuls quelques échanges entre les personnages nous permettent d’imaginer l’avant et l’après de cette guerre, le tout magnifiquement résumé par la lettre du jeune Taylor à sa grand-mère. C’est le fil rouge de ce film, le bon sens quêté à travers cette réflexion épistolaire sur les raisons d’un tel massacre.
Il y a ceux qui croient profondément en cette guerre et les autres qui après avoir fait bon gré mal gré leur boulot de soldat, repartent avec des enfants dans les bras. Dans cette figuration, un certain Johnny Depp . Il avait 23 ans.
L’age de nombreuses victimes de cette jungle vietnamienne d’où va surgir l’ennemi jusqu’alors invisible, pour un final apocalyptique J’ai alors pensé à ce qu’a pu être le piège de Dien Bien Phu pour l’armée française. en 1954. En quelques plans , Oliver Stone nous donne à voir l’histoire d’une guerre au cœur de la grande Histoire. C’est édifiant !
Les bonus
Uniquement en VO
Commentaire du réalisateur, et de Dale Dye, le conseiller militaire sur ce film. Des scènes inédites. Un making of. Des documentaires…