Avant l’incident, le Café la Perle (Rue de la Perle, Paris) était déjà un des bars les plus sélects et spéciales de Paris, un de ces lieux qui servent de scènes parfaites à ces personnes dont l’engagement et la dévotion pour les nouvelles tendances dans le monde du stylisme de mode a servi pour engendrer le terme fashioniste. Un lieu où la véritable décoration est formée par les clients, habituellement des jeunes impeccables au niveau vestimentaire, avec un sens considérable de la créativité et de l’invention.
Les clients et les miroirs, sont les éléments essentiels pour le croisement de regards obliques qui caractérise ce bar, en plus de donner l’opportunité de se regarder soi-même avec la fréquence requise, activité essentielle, étant donné le caractère des clients de ce véritable temple nocturne de la mode moderne. Les clients, les miroirs et les appareils photos des portables de toute dernière génération, objets qui ont été essentiels pour élever le lieu à deux des plus grandes catégories de n’importe quel culte religieux où il existe un espace pour l’idolâtrie. Nous faisons naturellement référence au martyre et au sacrifice, des actes qui se sont entrelacés dans la récente chute en disgrâce du styliste britannique John Galliano au Café la Perle, un des grands talents dans le monde du stylisme de mode de ces dernières décennies.
Comme créateur, John Galliano à laissé à ses 51 ans un héritage inoubliable, marqué par un goût baroque qui n’a jamais arrêté de flirter avec l’excessif. Il s’agit donc d’un talent théâtral qui a souvent parcouru l’hyperbole comme recours dramatique et marque de style. Lorsqu’il se saoulait dans le Café la Perle ses voisins de tables envahissaient son intimité et comme il était vraiment ivre il réagissait avec des regrettables et injustifiables commentaires antisémites, desquels il s’est par la suite totalement excusé sans réserve.
La vidéo de ce moment regrettable, enregistrée par les clients injuriés avec un téléphone portable sans le consentement de Galliano, a déjà fait le tour du monde. On peut y voir très clairement que le styliste est ivre. Mais aussi qu’il joue un rôle en adoptant un masque, aussi désagréable qu’il soit. Nous avons tous eut des moments comme celui-ci au moins une fois dans notre vie. Nous avons tous dit des choses à chaud, spécialement sous les effets de l’alcool, que nous avons ensuite regrettées. Nous avons aussi tous un fasciste en nous. C’est lui le véritable ennemi. Si on était filmé en vidéo dans ces moments là et qu’ensuite la vidéo soit rendue publique, nous tomberions tous en disgrâce de la façon la plus honteuse. La question est, jusqu’à quel point des mots proférés hors de contrôle dans notre vie privée et sans aucun rapport avec notre activité professionnelle, peuvent avoir le pouvoir de ruiner notre carrière. La question est, où nous mènerait une société avec une lecture strictement littérale de tous les événements.
Paul Oilzum