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UNE SEPARATION d’Asghar Farhadi

Publié le 10 juin 2011 par Celine_diane
UNE SEPARATION d’Asghar Farhadi
Il y a du féminisme dans le nouveau film d’Asghar Farhadi (après son A propos d’Elly, déjà bouleversant). Il y a du drame, du thriller, de la tragédie- humaine, sensible, cinématographique, politique. Il y a de l’intensité, à chaque plan- et un déroulement d’une finesse inouïe qui allient regards, critiques, et instantanés sur la société iranienne, qui explose les préjugés (non, la femme n’y est pas soumise ! Et elle se montre même bien plus forte et déterminée que l’homme !), et, qui contre les attentes. Il part d’une histoire banale (un divorce, une aide soignante embauchée pour s’occuper du père malade) pour dérouler une intrigue d’une complexité redoutable et saisissante, entre engrenage judiciaire, combats d’orgueils et problématiques délicates. Personne n’a raison (ni tort) dans Une séparation, mais tout le monde a ses propres raisons d’agir comme il le fait. Souvent, en plaçant- dans la balance- plus important que soi. Sa fille, que l’on veut sauver d’un avenir bouché. Son père, dont on veut préserver la dignité. Son honneur. Son époux. Sa femme. Ses parents. Ce n’est pas un conflit entre le bien et le mal que nous propose le film, mais un conflit d’êtres, dans tout ce qu’ils ont de pire, et de meilleur.
Une première lecture offre un beau drame humain, anxiogène, inattendu. Une seconde dévoile une profondeur sublime, désespérée, résignée mais optimiste : lutte des classes, place de la femme, poids des croyances sur la vie quotidienne. Farhadi, à un fond d’une richesse étonnante, ajoute une mise en scène calculée, nerveuse quand il le faut, contemplatrice lorsque vient le moment de se taire. De là, le cinéaste iranien, récompensé d’un Ours d’Or au Festival de Berlin 2011, dépasse le cadre de l’intime (le divorce) pour une portée plus universelle, plus multiple. Séparations à conjuguer donc : entre un homme et une femme, riches et pauvres, traditions religieuses et modernité, résignation et promesses d’un ailleurs, orgueil et raison. Celle, aussi, d’une jeune adolescente avec le couple parental ; la plus difficile peut-être à accepter, à dire, à assumer. Celle qui clôt le film, magnifiquement. Dans la clarté des évidences.
UNE SEPARATION d’Asghar Farhadi

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