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Guerre des Gangs à Okinawa : Expatriés

Publié le 10 juin 2011 par Diana
Guerre des Gangs à Okinawa : ExpatriésFilm de yakuza, Guerre des Gangs à Okinawa / Bakuto Gaijin Butai (1971) de Kinji Fukasaku, celui qu’on ne présente plus tant il a donné à ce genre sa magnificence met en scène la reconstitution d’un clan disloqué dont les six membres sont bien déterminés à récupérer leur part du gâteau.
Guerre des Gangs à Okinawa : ExpatriésDix ans, durée à laquelle un ancien chef yakuza a été condamné pour avoir réglé ses comptes de manière sanglante avec un clan rival dans la ville de Yokohama. En dix ans, les choses ont énormément évoluées dans le milieu du crime. Sans argent, sans territoire et surtout sans clan, il réunit cinq de ses anciens acolytes et se met en tête de partir tenter sa chance à Okinawa et ce à n’importe quel prix…
Guerre des Gangs à Okinawa est un petit monument à lui tout seul comme le sont d’ailleurs nombre des œuvres de Kinji Fukasaku traitant des yakuzas. Si Guerre des Gangs à Okinawa n’est pas l’une des meilleures œuvres de son auteur dans ce genre si particulier, tant il en amasse sur les premières place du podium, ce film n’en reste pas moins une petite pépite de style avec la vision toute singulière d’un cinéaste qui adopte fidèlement les codes. Honneur et loyauté sont au rendez-vous avec un sens du sacrifice aigu ponctué d’actes de bravoures stoppés par une violence qui est ici à son paroxysme. Notamment dans cette résistance à la mort qu’offrent nos malfrats, ainsi de nombreux coups de couteaux ou d’impacts de balles sont nécessaires pour en venir à bout.
Guerre des Gangs à Okinawa : ExpatriésAvec Guerre des Gangs à Okinawa, Kinji Fukasaku se détache de son style exalté, il s’emploie à une réalisation plus sobre et posé, un côté quasi contemplatif particulièrement à travers les poses à la cool et de grande classe que les malfrats prennent, à part dans les gunfights, cela allant de soit, où le cinéaste japonais retrouve une exubérance du cadre qu’on lui connaît. Aussi, il semble s’adonner à une certaine autodérision à laquelle on n’échappe pas. La mise en scène des sacrifices humains pour la cause est jouée de manière théâtrale dans cette façon que Kinji Fukasaku a de faire mourir ses personnages ou comment détourner l’imagerie du vaillant samouraï des temps modernes que sont les yakuzas et qu’on voudrait nous faire croire exemplaire. Cette auto-parodie est accomplie avec la plus grande dextérité et intelligence avec on l’imagine bien le petit sourire au coin de l’auteur.
Guerre des Gangs à Okinawa : ExpatriésSi les personnages de Guerre des Gangs à Okinawa sont stéréotypés à outrance c’est seulement pour notre plus grand plaisir et il en va de même de ces quelques incursions surréalistes qui voient par exemple le joyeux drille qu’est Tomisaburo Wakayama que l’on retrouve ici en surprenant boss manchot et balafré de surcroît – après l’avoir vu notamment interprété l’exécuteur du Shogun le plus célèbre du cinéma – éviter une voiture qui lui fonce dessus par un joli salto arrière. 10 sur 10. J’ai parlé du grandissime Tomisaburo Wakayama ? En effet, parce que Guerre des Gangs à Okinawa vaut aussi pour son très bon casting qui nous présente des premiers et seconds rôles hauts en couleurs. Des personnages charismatiques à l’image de ses interprètes tels que Koji Tsurata (Blood of Revenge, 1965) et sa paire de lunette de soleil dont il ne se sépare jamais et le non moins grand monsieur qu’est Noboru Ando (Quartier Violent, 1974), l’ex-yakuza à la balafre légendaire qui est ici un yakuza flegmatique à l’aura mystérieuse. Y a de la classe et de la grande.
Guerre des Gangs à Okinawa de Kinji Fukasaku est une œuvre rafraîchissante qui conserve le panache d’une œuvre qui se ferait à l’instant même. Le poids des années n’altère en rien la puissance de cette œuvre qui se savoure comme un bon cru de vignoble. Et comment ne pas partager la mise à mort des ces anti-héros qui se savent et que l’on sait condamnés dès les premières minutes ? Ils se dirigent de leur plein gré vers une mort inéluctable, l’abattoir comme l’image violente et sanglante du dernier tour de piste…
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