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Divins Divans

Par Gjouin @GilbertJouin
Divins Divans
Théâtre Hébertot
78bis, boulevard des Batignolles
75017 Paris
Tel : 01 43 87 23 23
Métro : Villiers / Rome
Une pièce écrite par Eva Darlan et Sophie Daquin
Mise en scène par Jean-Paul Muel
Ma note : 7,5/10
Le thème : Quoi de mieux qu’une bonne thérapie pour se raconter tel qu’on est : obsédé, castratrice, raté, conseillère ès névroses, impuissant, mythomane… Pouvoir s’allonger en disant des horreurs, quel bonheur ! Oui, vraiment, les divans, c’est divin !
Mon avis : Quelle bonne idée au fonds inépuisable que de parler de la psychanalyse à travers ses patients. On peut y aborder tous les sujets, des plus répandus au plus saugrenus. Et nous sommes tous concernés, ou directement, ou indirectement. On a tous nos petits travers, nos addictions, nos tocs, nos névroses, nos angoisses, nos obsessions, et j’en passe…
L’entrée en scène d’Eva Darlan est déjà très originale ; et conviviale. On est tout de go dans le vif du sujet. L’unité de lieu – le cabinet du docteur Annie Azoulay – est respectée. Mais c’est à peu près tout ce qui va être respecté, parce qu’en suite, Eva Darlan va s’en donner à cœur joie en campant une multitude de personnages… et des gratinés. Normal, puisqu’ils ne le sont pas… normaux. S’ils allaient bien, ils ne viendraient pas consulter et s’allonger sur le divan.
Un accessoire, une pièce de vêtement particulière, et Eva devient quelqu’un d’autre. On mesure très vite l’étendue de son talent de comédienne. Elle est excellente dans tous les registres, elle sait tout jouer. Avec un art consommé, elle change de ton, de timbre de voix, de rythme, de gestuelle et elle nous embarque malicieusement dans cet univers si troublant.
Et les patientes défilent. Madame Baudoin qui ne sait pas garder un homme, la précieuse qui fait rien qu’à critiquer son psy et à jauger sa réussite matérielle, La « noniste », snob et blasée, qui veut tout analyser et dit non à tout, la poissonnière adepte de la chirurgie réparatrice, la catho intégriste qui vient essayer de récupérer une de ses ouailles, la mamy veuve qui yoyote un tantinet et frise le syndrome de Gilles de la Tourette en proférant à son insu force insanités (un sketch simple mais terriblement efficace qui récolte des salves de rires), la bourge hyper possessive qui amène sa gamine de 3 ans en consultation, alors que…, monsieur Cotillon qui souffre d’un dérèglement sexuel suite à un dérèglement de son quotidien trop bien huilé, l’amoureuse complexée vampirisée par un Patrick qu’elle idolâtre, la femme trompée grossière et pleine de mépris pour la psy… Ainsi que d’autres trouvailles savoureuses qu’il ne faut pas raconter pour en garder tout le sel. Comme cette mini-conférence sur la névrose qui revient en forme de fil rouge…
C’est aussi remarquablement écrit que c’est formidablement interprété. Tous les sketches sont bons et certains atteignent même un très haut niveau. Eva Darlan se livre avec une belle générosité, parfois interactive, à une réjouissante satire du monde de la psychanalyse. Elle nous offre surtout une superbe galerie de portraits. On peut sans mal, tant le sujet est riche, imaginer des « Divins Divans 2 » et un « Divins Divans, le retour ». On ne s’en lasserait pas.
Porté par cette actrice magnifique, joueuse et sympathique, ce mieux divan culturel, on l’aime à la phobie.

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