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[blu-ray] Ciné-Club Sensation, séance n° 9 : Jack Burton

Publié le 13 juin 2011 par Vance @Great_Wenceslas

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Big Trouble in Little China

Un film de John Carpenter (1986) avec Kurt Russell, James Hong & Kim Cattrall

Version & support : blu-ray region ALL distribué par Fox (2010), VF 5.1 DTS

Diffuseur : TV LCD à LED Samsung de 52 pouces

Lecteur : Sony PS3

Participants : 7

Résumé : Jack Burton, routier de la société Pork-Chop Express, a écumé tous les recoins de la côte Ouest des Etats-Unis. Blasé, il ne désire que se mettre un paquet de pognon de côté tant qu’il le peut. Après avoir remporté une grosse somme au jeu, il décide d’accompagner son ami Wong qui est son débiteur, mais qui doit d’abord récupérer sa fiancée à l’aéroport. Seulement elle est enlevée par un gang opérant sur Chinatown. Lancés à leur poursuite, Jack et Wang se retrouvent pris dans une bataille rangée entre clans, au milieu de laquelle des individus dotés de pouvoirs surnaturels interviennent…

Une chronique de Vance
Ciné-Club Sensation

S’il fallait établir une sélection de films n’ayant pas volé leur statut (très souvent usurpé) de « culte », Jack Burton en ferait assurément partie. Sollicité par la Fox pour concurrencer la sortie du 2e Indiana Jones, Carpenter surfait alors sur la vague d’estime consécutive à New-York 1997 et Christine et se voyait doté d’un cahier des charges assez flou : de l’action, de l’humour, de l’exotisme et une bonne pincée de ce fantastique dans lequel il était devenu une référence (the Fog, the Thing). Une seconde mouture du scénario[1] déplace alors l’action du Mexique à la Californie : Jack Burton, héros roublard et blasé se voit confronté aux mystères de l’Orient profond, au sein d’une lutte ancestrale entre Bien et Mal qui, comme par hasard, prendra place au cœur de Chinatown. Chauffeur de camion aux épaules de déménageur bien soulignées par un « marcel » également devenu culte (il est visible dans les premières scènes de Boulevard de la Mort de Tarantino), il verra ses capacités de bagarreur largement malmenées par les forces en présence et ne s’en tirera qu’avec beaucoup de chance et un peu de débrouillardise. Il faut dire que, face aux Trois Trombes qui ont une classe folle (pas facile pourtant de se balader avec un abat-jour sur la tête !), il ne fait pas du tout le poids et passera son temps à demander à son ami de quoi il en retourne (histoire de se convaincre qu’il n’est pas en train de rêver ou sous l’influence d’une drogue quelconque – il ira même jusqu’à embrasser Gracie pour vérifier qu’il n’est pas mort !). Et que dire de ce Lo Pan qui semble invulnérable (il le percute avec son camion et l’autre en ressort comme un charme) !

JACK BURTON : J’étais déjà prêt dans le ventre de ma mère !

 

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Kurt Russell, déjà vieux complice de Carpenter, est parfait dans ce rôle de baroudeur un peu vantard complètement dépassé par les événements, étranger en terre étrangère (pourtant, on est à San Francisco !). Il y perdra sa verve et sa morgue, sombrera parfois dans le ridicule mais parviendra à conserver un capital sympathie incroyable : peut-être cette décontraction naturelle, sorte de nonchalance un peu pataude mais qui cache un vrai tempérament ? Plongé dans une bataille rangée noyée sous une furie d’arts martiaux, il est clair qu’il n’a pas sa place : autant prendre ses jambes à son cou, prudence étant mère de sûreté. Néanmoins, il ne dédaigne pas la bagarre, mais il sait quand il n’a aucune chance. En revanche, la chance et une certaine dextérité lui sauveront la mise plus d’une fois, et sa coolitude magnétique en sortira renforcée, d’autant qu’il ne se vantera pas de ses maigres exploits outre-mesure.

Kim Cattrall hérite d’un personnage à la mesure des partenaires de Harrison Ford : jolie, mais casse-pieds, avec cette propension à mettre son nez partout. Elle tient la dragée haute à Russell et leur duo fait des étincelles.

JACK BURTON : J’ai les yeux qui se brident.

 

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Jack Burton, c’est donc ça, une forme d’hommage aux films HK (certaines séquences dans le duel de mages font penser à Zu, les guerriers de la montagne magique) déguisé sous une comédie d’action : les amateurs retrouveront de nombreuses passes d’armes de leurs chorégraphies martiales préférées, agrémentées d’angles de prises de vue inédits, notamment des travellings en plein combat. Carpenter, comme toujours, joue la carte de l’efficacité et, s’il ménage plus de pauses que de coutume, c’est pour mieux glisser quelques dialogues qui frisent le nonsensique et font régulièrement mouche. Les clins d’œil obligatoires au western et le goût du réalisateur pour les créatures et autres monstres enrichissent encore ce patchwork improbable qui répond parfaitement à la demande initiale : c’est clairement « son » Indiana Jones, sa version de ce culte des serials qui avait poussé le duo Lucas/Spielberg dans la narration des aventures de l’intrépide archéologue. L’échec commercial du film en salles s’explique par de nombreux facteurs, le moindre étant que Carpenter a sans doute pris ses producteurs et sonpublic américain de court. Le marché de la vidéo a changé la donne, heureusement pour nous, car ce serait dommage de ne pas avoir une version haute-définition de ce film inclassable, et indispensable.

 

Challenge Carpenter

Bien que je préfère entamer les « challenges » de réalisateurs dans l’ordre chronologique, je ne suis pas mécontent  d’avoir commencé le Défi Carpenter par ce film.

Jubilatoire.

A lire aussi :

Ø   le test blu-ray par Nico

Ø   la chronique enthousiaste de Nico

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Prochaine séance Ciné-Club (en juillet) : Galaxy Quest.



[1] Encore merci à Nico pour ces renseignements piochés dans les suppléments du blu-ray, et notamment dans l’excellent (d’après ses dires) commentaire audio.


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