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Petit nouveau dans le cinéma de genre français, Antoine Blossier se lance sur un terrain miné (difficultés de financement, sérieux concurrents) et livre La Traque (initialement, Proie), soit le survival d’une famille de chasseurs en crise, en plein cœur de la forêt, prise en chasse par des sangliers carnivores génétiquement modifiés. Sur lui, d’un côté, planent les ombres de l’américain Prédator de McTiernan et de l’australien Razorback de Russell Mulcahy ; de l’autre, les menaces des poncifs habituels (manque de crédibilité, psychologie peu fouillée). Le résultat ? Un vrai bon film d’horreur made in France, voir même tout simplement la meilleure proposition du genre cette année. La Traque, en plus de posséder quelques bons acteurs dans sa manche (François Levantal, Grégoire Colin, Fred Ulysse et Joseph Malerba notamment), inscrit son récit dans le sillage de l’une des grandes peurs contemporaines : les dangers des mutations génétiques, rappelant par son ambiance poisseuse et ses dangers piqués au cœur même de l’actualité, l’irlandais Isolation (O’Brien, 2006).
L’occasion pour le cinéaste d’aborder des thématiques inhérentes au sujet : instinct de survie, rébellion d’une nature massacrée, conséquences du capitalisme, éclatement du groupe, glissement vers la bestialité. Sur la forme, certaines séquences (la fin tout particulièrement) réservent leurs lots de tripailles et d’affolement, et explorent généreusement tout le gore de l’histoire. Avec en prime, un mot d’ordre tout à fait louable : suggérer pour mieux surprendre. A coups de bruitages sournois, apparitions soudaines, cris d’animaux en pagaille qui se mêlent tout parfaitement à la belle bande son signée Romaric Laurence.
Sortie France : le 13 juillet 2011.