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Par solidarité, Sarkozy se repose à la Pentecôte.

Publié le 14 juin 2011 par Juan
Par solidarité, Sarkozy se repose à la Pentecôte.Il est parti. Introuvable. Depuis vendredi, Nicolas Sarkozy ne répond plus. Il a disparu de la scène médiatique. Son ancien patron, Jacques Chirac, lui a volé la vedette.
Ce n'était pas difficile. Notre Monarque était absent, volatilisé, en weekend prolongé, comme son premier ministre.
Sarkozy et la Pentecôte, c'est une vieille histoire.
Sarkozy, toujours en vacances
Quand Jean-Pierre Raffarin, alors premier ministre, avait décidé de supprimer ce jour férié en 2004, « par solidarité » avec les plus âgés dépendants, la grogne avait été manifeste. Nicolas Sarkozy, qui se préparait à quitter le ministère de l'Intérieur pour les Finances, n'avait pas grande chose à dire.
Un an plus tard, devenu président de l'UMP, il critiqua très vertement la décision du patron de la SNCF d'accorder cette journée fériée à ses employés en échange de deux minutes de travail supplémentaires par jour le reste de l'année. Le futur candidat ne fustigeait pas tant l'absurdité de la mesure que la décision de laisser ses salariés chômer ce jour-là : « la solidarité c'est les mêmes contraintes pour tour le monde. »
En 2008, François Fillon, son premier ministre, rétablit la journée fériée, mais non chômée... allez comprendre : initialement, les entreprises devaient acquitter d'une cotisation supplémentaire de 0,3% de leur masse salariale, mais elles bénéficiaient d'un jour de « production » en plus, qu'elles ne sont plus obligées, depuis 2008, de fixer au lundi de Pentecôte.
La mesure rapporterait 2,2 milliards d'euros par an, pour financer la dépendance et le handicap et collectés par une administration dédiée, la Caisse nationale Solidarité autonomie (CNSA) : 1,1 milliard pour les maisons de retraites, 440 millions d'euros pour compenser le sous-financement chronique de l'Allocation personnalisée d'autonomie, 570 autres millions pour la Prestation de compensation handicap (PCH).
Une députée socialiste et la président de AD-PA, une association d'établissements d'hébergement, ont accusé le gouvernement l'an passé d'utiliser une partie de ces fonds de la CNSA pour colmater le trou de la Sécu (378 millions d'euros en 2009).
Vieillesse et handicap, les faux efforts
Quoiqu'il en soit, depuis mai 2007, le Monarque, lui, a toujours profité de son lundi de Pentecôte. La semaine dernière, il avait fait sa bonne oeuvre en faveur des handicapés, en clôturant la Conférence nationale du Handicap. Il s'est bien gardé de commenter la baisse des effectifs enseignants (et les fermetures de classes en conséquence), qui frapperont aussi les élèves handicapés.Il a même ressorti des promesses d'il y a trois ans... (comme le recrutement de 1000 auxiliaires).
En septembre prochain, l'Allocation aux Adultes Handicapés sera augmentée de 3%, de 727 euros actuellement à 743 euros. La nouvelle est passée au Journal Officiel ce weekend. Quel effort ! Cela ne fait que l'ajuster au niveau du minimum vieillesse (lui-même réévaluée en avril dernier), un seuil toujours inférieur d'environ 200 euros au seuil de pauvreté défini par l'iNSEE... Les pauvres, qu'ils soient vieux et/ou handicapés, restent solidaires dans la misère.
Vendredi, Xavier Bertrand, Roselyne Bachelot et François Baroin publiaient un communiqué se félicitant de la réduction du déficit prévisionnel de la sécurité sociale cette année, à l'issue de la dernière Commission des comptes de la sécurité sociale. Quel bonheur !  De 24 milliards de trou en 2010, le déficit avait été ramené à 20,9 milliards pour 2011. Mais de meilleures rentrées de cotisation (+2%) et, surtout, « une stricte maîtrise des dépenses » ont permis de ramener cette prévision à 19,5 milliards d'euros de déficit. On applaudirait presque à l'extension des franchises médicales !
Aide Médicale d'Etat, l'arnaque.
Quelques heures avant de partir en weekend prolongé, le président français aurait pu lire les conclusions d'un rapport parlementaire sur l'Aide Médicale d'Etat, rédigé par les députés Claude Goasguen (UMP) et Christophe Sirugue (PS). Ces analyses parlementaires, souvent intéressantes, sont rarement publiées avant l'examen de nouvelles mesures, mais juste après. On se demande bien pourquoi.
A compter du 1er mars 2011, l'AME s'est vue conditionnée au versement d'un droit d'entrée de 30 euros. En Sarkofrance, il n'y a pas de petites économies. Et surtout, lors de l'examen de la loi de finances à l'automne dernier, quelques supporteurs UMPistes expliquaient combien cette AME, qui est réservée aux étrangers travaillant depuis au moins trois mois en France et disposant de ressources mensuelles inférieures à 634 euros, commençait à coûter trop cher, de surcroît pour des bénéficiaires rapidement assimilés à des clandestins...
L'AME coûtait 623 millions d'euros en 2010. Elle concerne 227.705 personnes (Au 30 septembre 2010), dont 81 % ouvrent des droits pour elles seules ; 9 % pour elles et une personne ; et moins de 5 % pour elles et deux personnes. Le mythe de la famille nombreuse a vécu. Par ailleurs, 9% de la dépense seulement concerne des soins urgents. Et la fraude est marginale.
Les deux députés ont livré d'intéressantes conclusions. Primo, l'envolée du coût du dispositif (377 millions d'euros en 2005, 650 prévus cette année), ne provient pas de l'augmentation du nombre d'ayant-droit, ni à une « explosion de la consommation médicale », et encore moins à la fraude, estimée à 0,3 % du total des fraudes, tous dispositifs confondus, par la Sécurité sociale.
Les députés avancent deux explications bien différentes : primo, la très forte progression du nombre de bénéficiaires (79 000 en 2000 à 189 000 en 2005 et à 227 000 en 2010), à cause d'un élargissement du périmètre aux ressortissants ... européens (décidé en 2004) et d'un basculement des demandeurs d'asile malades vers ce dispositif. Secundo, « l’augmentation considérable de la facturation hospitalière ». 75% des dépenses de l'AME sont des dépenses hospitalières. Et les deux députés de pointer vers la tarification incohérente des hôpitaux, qui utilisent un tarif journalier de prestation (TJP) pour facturer leurs actes AME dont le montant peut varier du simple au double d'un établissement à l'autre, : « le surcoût lié à cette différence de tarification est estimé entre 100 et 200 millions d’euros, soit au moins un cinquième de la dépense totale de l’AME.» Au passage, le député Sirugue mentionne un rapport de l’IGAS et de l’IGF qui « montre d’ailleurs qu’il coûte plus cher qu’il ne rapporte

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