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Décodage du prochain Padiglione Italia à la Biennale de Venise

Publié le 15 juin 2011 par Lifeproof @CcilLifeproof

Gaetano_pesce_biennale_venezia Gaetano Pesce, l'Italia in croce, installation dans le Padiglione Italia à la Biennale de Venise, 2011

Je vous racontais dans mon post précédent des polémiques en attendant l’ouverture de la Biennale de Venise.

Dans la conférence de presse du 5 mai passé, M. Sgarbi, qui a montré tout de de suite sa position en hurlant « E’ la mia Biennale ! » (c’est ma Biennale !) à un journaliste qui le critiquait, s’est dressé contre les dernières éditions et a annoncé que dans son pavillion trouveront place les œuvres de 230 artistes, choisis par 200 intellectuels auxquels il a posé la question suivante : « Qui est, selon vous, l’artiste plus significatif des dix dernières années ? ».

Cette opération, qui est en contradiction avec le rôle de commissaire d’exposition, jetant le discrédit sur la Biennale (censée montrer les meilleures artistes actuels) a vraiment le goût de la provocation. En plus de ça, il n'a même pas séléctionné les œuvres à présenter, il a tout simplement envoyé une lettre aux artistes en leur demandant d'envoyer des visuels de trois de leurs travaux à exposer à la Biennale, sans meme avoir visité leur atelier. Pour ne pas parler du titre du projet : « L’arte non è Cosa Nostra », en paraphrasant un des noms de la mafia, Cosa Nostra (« notre chose »). Sachez que Sgarbi est un homme très proche de Berlusconi, accusé – entre autre – de connivence avec la mafia.

Padiglione italia
L'accrochage au Padiglione Italia

Sgarbi s’est toujours battu, avec sa façon dégoûtante et ses obscenités contre la soi-disante « mafia de l’art contemporain », c’est –à-dire contre les curateurs qui défendent « certains » artistes et pas les autres. Cette critique, un peu puérile, est malheureusement partagée par de nombreux artistes, surtout ceux qui n’arrivent pas à connaître le succès.

Il faudrait avoir visité la Biennale de M. Sgarbi pour dresser une bonne critique fondée (et c’est ce que j’essaierai de faire, bien que la tentation serait plutôt de la boycotter), mais croyez-vous qu’en Italie il y a 230 bons artistes qui méritent d’être présentés dans le lieu de l’excellence? Il y a d’autres lieux dans tout le pays où montrer le travail des bons artistes, l’Italie est pleine de centres d’art, galeries, musées et elle ne souffre pas de centralisation comme la France (on peut avoir du succès à Naples sans pour autant être obligé d’habiter ou exposer à Milan). Mais à la Biennale ce sont les artistes confirmés qui exposent, ceux qui ont une carrière, pas ceux qui ont besoin d’en bâtir une. Ce sont Francesco Vezzoli, Sophie Calle, Tobias Rehberger !

Padiglione italia 2
Encore une image de l'accrochage au Padiglione Italia, en attendant de vous en proposer "en vrai"

Ce que le Padiglione Italia exprimera à la prochaine Biennale de Venise ce n’est plus l’Italie berlusconienne (ça, on l’a déjà vu pendant l’édition précédente), mais encore pire, c’est le déclin de ce pays, le manque de bon goût, l’exaltation de sa classe dirigeante incapable de gouverner et de proposer une image au monde entier qui n’est rien d’autre que répugnante.

Visitez la Biennale, allez-y si vous en avez la possibilité, vous verrez sûrement plein de bons artistes (étrangers) et des œuvres exceptionnelles, mais n’attendez pas de voir les meilleurs artistes italiens. Dans « la Biennale de Sgarbi », les bons artistes seront ceux qui sont restés à la maison. Heureusement on pourra toujours voir de bons artistes dans les musées et les galeries en France, Allemagne, Etats-Unis, Espagne et dans notre chère péninsule aussi, mais pas dans le Padiglione Italia !


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